14 octobre 2025

Andrée Godin : dessine-moi une murale

Par Élise Rivard

Andrée Godin réalise le rêve de plusieurs enfants : dessiner sur les murs! À 26 ans, elle est une artiste muraliste d’expérience qui a fait sa marque dans la région et par-delà.

Commencer au bas de l’échelle

Originaire de la Beauce, Andrée Godin s’installe en 2018 à Trois-Rivières pour poursuivre un baccalauréat en arts visuels à l’UQTR. Une fois ses études complétées, la jeune femme a eu envie de répondre à des appels de projets dans sa région d’adoption.

En octobre 2021, Culture 3R lançait un appel à mentorat pour former un bassin d’artistes muralistes dans la ville. Andrée Godin tente le coup en se disant : « Pourquoi pas? ». Elle obtient le mandat et assiste Julian Palma dans l’exécution de la murale Rivière, située au coin des rues Notre-Dame et St-Georges. À l’époque, l’artiste se sentait encore à ses premières armes en tant que muraliste, car « être sur la plateforme élévatrice, c’était intimidant au début, mais avec les jours, je gagnais en assurance ».

Accompagner l’artiste muralistes Julian Palma dans la réalisation de Rivière aura permis à Andrée Godin de se familiariser avec la création de murales. © Étienne Boisvert

À vol d’oiseau

À la suite du mentorat, Andrée Godin réalise C’est comme ça que les fruits sont faits, sa première murale en solo sur le mur de l’Atelier Silex. Aujourd’hui, elle en est à six murales en solo à Trois-Rivières, Yamachiche, Louiseville, St-Jean-de-Matha et Gatineau. La jeune artiste vit un véritable envol.

Cet été, la thématique des Jeux du Québec, À vos marques, a coloré le sol de la rue des Forges, au centre-ville de Trois-Rivières. Andrée Godin a dû « penser à vol d’oiseau ». C’était une réalité singulière : bloquer les rues, tracer rapidement et tenir compte des dénivelés, des obstacles et des taches d’huile. Comme elle l’explique : « La rue c’est un défi d’adaptation et de logistique. C’est plus de résolution de problèmes que de peindre sur un mur parce que c’est vivant, il y a des gens. C’est rare qu’il y ait une voiture stationnée sur un mur! »

Réalisée par l’Atelier Silex pour souligner la tenue de la 59e édition de la Finale des Jeux du Québec à Trois-Rivières, À vos marques s’inspire de différentes disciplines sportives et de moments forts vécus par les athlètes. (2025). © Étienne Boisvert

Prendre son élan

Que ce soit avec sa murale De fil en aiguille, réalisée l’an dernier à Yamachiche, ou avec sa toute dernière création de l’été 2025, L’élan à Louiseville, Andrée Godin utilise toujours la même démarche. Les municipalités ou organismes suggèrent certaines contraintes ou thématiques pour les murales à venir puis Andrée Godin retrace leur historique, « d’où ça vient et comment les choses se transforment ».

Même si les sujets sont souvent imposés à l’artiste, son style demeure très personnel. On y retrouve des couleurs vives et un caractère ludique. La démocratisation de l’art reste son grand objectif. Comme le relève Andrée Godin, ses créations : « ne sont pas nécessairement figuratives, mais, dans l’art public, j’aime l’aspect démocratisation pour que les gens puissent avoir des repères afin de connecter avec l’œuvre et la comprendre visuellement sans avoir à lire un texte ».

Située sur le mur de l’école primaire Omer-Jules-Désaulniers à Yamachiche, la murale De fil en aiguille d’Andrée Godin s’inscrit dans le désir de la MRC de Maskinongé de dynamiser son territoire à travers un réseau de murales publiques. © Média Mauricie

La femme araignée

Andrée Godin a besoin de travailler avec ses mains, de bouger et d’être dehors plutôt qu’enfermée dans un atelier. Elle profite des journées ensoleillées pour peindre de longues heures, car la pluie est pour elle synonyme de congés forcés.

Cependant, l’artiste doit tenir compte des canicules, trop chaudes pour la peinture. Il ne faut pas oublier non plus quand, le soir venu, les moustiques sortent. Mais surtout, elle craint les araignées qui sortent des murs pour ajouter leur toile à son œuvre! Ainsi : « quand les araignées sortent, je rentre chez nous ».

Outre la faune des murales, le public est présent et aime parler avec l’artiste. « Généralement, les gens sont très positifs vis-à-vis de l’art public. Ils sont réceptifs et curieux. Ils viennent nous voir pour nous poser des questions. Les enfants sont fascinés, ils adorent ça et me demandent si j’ai eu la permission pour la murale », dit-elle avec un grand sourire.

Au moment d’écrire ses lignes, la murale L’élan d’Andrée Godin vient tout juste d’être inaugurée à Louiseville. © Média Mauricie

Le plaisir de peindre sur les murs

Qu’est-ce qui l’interpelle le plus dans la création de murales? Entre autres : « L’immensité du projet, la réalisation en tant que telle presque plus que le produit final, le rituel de dessiner et d’appliquer la peinture en grandes quantités. Mais aussi de rencontrer les gens et leur parler. »

Et puis, Andrée Godin revient sur l’importance de sortir l’art des musées et de le mettre à la portée de tous et de toutes. De proposer de la médiation culturelle, en plus d’embellir les villes. Bref : « Quand c’est dans l’espace public, tu ne peux pas t’en sortir! Que tu aimes la murale ou pas, elle est là. Ces projets sont vitaux. »

Vous avez un petit faible pour l’art monumental? Découvrez ici Mur à Mur, le circuit des murales de la Mauricie.

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