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- Caroline St-Pierre : d’artiste à galeriste

Passer d’artiste-peintre à entrepreneure, c’est le défi que s’est lancé Caroline St-Pierre en fondant, il y a cinq ans, la Galerie d’art Berthelet avec son partenaire d’affaires Olivier Mineau. « Je suis passée de l’autre côté de la médaille », explique celle qu’on a d’abord connue pour ses portraits de personnages aux couleurs vives. Voici son histoire.
Située au centre-ville de Trois-Rivières, la galerie d’art contemporain s’est forgé un rayonnement international, allant même jusqu’à Singapour! « Et Trois-Rivières est entre Québec et Montréal : les gens sont prêts à se déplacer pour acheter une œuvre d’art », précise la directrice de la galerie.
Mais cette conversion entrepreneuriale fut une « grosse marche à franchir », témoigne-t-elle. « On dirait que ma bulle a pété, dans le sens qu’un artiste veut innover et transgresser. Il veut avoir de la notoriété. Mais en tant qu’entrepreneur, ça te met face à la réalité : ce sont des chiffres, des objectifs, c’est structurer, c’est d’avoir des retombées… ».
Elle souligne l’importance de bien connaître ses forces et ses faiblesses, de bien s’entourer, « et surtout d’apprendre à déléguer! », avoue-t-elle avec un sourire révélant la difficulté d’un tel lâcher-prise pour une artiste autonome.
« Quand j’étais artiste à temps plein, j’orchestrais moi-même mes événements : je louais des locaux, je trouvais des partenariats, j’allais chercher des musiciens, je faisais ma promotion. Tout ça naturellement, intuitivement. »

© Stéphane Lessard
De l’art à l’entrepreneuriat
Entre ces deux mondes que sont l’art et la gestion, Caroline St-Pierre y voit plutôt une continuité : « Quand j’étais artiste à temps plein, j’orchestrais moi-même mes événements : je louais des locaux, je trouvais des partenariats, j’allais chercher des musiciens, je faisais ma promotion. Tout ça naturellement, intuitivement ».
Elle a aussi travaillé à la conception des étiquettes des microbrasseries La Pécheresse et Le Temps d’une Pinte en Mauricie, ainsi que le vignoble de Mario Pelchat. Cette forme d’art, que certains jugent « commercial », se transpose parfaitement au rôle d’une galeriste, soit de « mettre sur le marché une œuvre d’art et de mettre en valeur les artistes », explique-t-elle.
C’est d’ailleurs de cette dualité entre artiste et entrepreneur qu’est née l’idée d’ouvrir une galerie. Beaucoup d’artistes n’ont pas naturellement ces compétences de gestion, estime Caroline St-Pierre. « C’est quelque chose que je voulais offrir. Les artistes ont besoin qu’on s’occupe d’eux, de leur charge administrative, pour maximiser leur temps de création ».
La Galerie représente une trentaine d’artistes professionnel·les québécois·es, reconnu·es tant au Québec qu’à l’international, dont cinq de la Mauricie.
Si elle conserve aujourd’hui quelques projets d’artiste, tels que sa collaboration avec le Port de Trois-Rivières et la conception d’une murale pour l’hôtel Delta de Trois-Rivières, elle désire se consacrer entièrement à la gestion de sa galerie.

© Stéphane Lessard
L’art dans les bureaux
La Galerie d’art Berthelet vise en particulier le marché corporatif : « On veut introduire les œuvres d’art dans les bureaux, faire valoir l’art dans les entreprises ».
Dans le design de bureaux, la galeriste souhaite introduire des œuvres artistiques plutôt que de banales reproductions industrielles. « Pour une entreprise, c’est un avantage fiscal, ça identifie leur image de marque, ça renforce le sentiment d’appartenance, ça donne de la valeur … » énumère-t-elle.
Son objectif est de démocratiser et simplifier l’achat d’œuvres d’art haut de gamme : « On veut rendre l’acheteur autonome ». La Galerie s’appuie sur une plateforme transactionnelle en ligne, rejoignant les clients nationaux et internationaux. On peut aussi y trouver un blogue sur l’intégration de l’art au bureau.
« On était précurseurs, car les galeries d’art n’étaient pas toutes en ligne. C’était très difficile pour un acquéreur de connaître le prix des œuvres. Nous avons décidé d’aller en toute transparence, et d’être all-in sur le web », précise-t-elle.
« On veut introduire les œuvres d’art dans les bureaux, faire valoir l’art dans les entreprises. »

© Stéphane Lessard
Le côté humain : trait entrepreneurial?
Tout au long de l’entrevue, Caroline St-Pierre revient fréquemment sur l’importance du côté humain dans son travail, par exemple la nécessité de mettre son « égo d’artiste » de côté pour mieux mettre de l’avant ses artistes. Elle parle aussi de ses relations avec son équipe et son réseau de contacts.
Et enfin, de son approche pour rendre l’art contemporain accessible, en « s’adressant au client avec le même langage que lui ».
Finalement, c’est peut-être ce côté humain, qu’on devine plus prépondérant chez les artistes, avec leur créativité, qui définit le mieux le trait d’union dans le concept d’artiste-entrepreneur.
De passage au centre-ville de Trois-Rivières cet automne? On vous invite à aller faire un tour à la Galerie d’art Berthelet. Du 6 au 16 novembre, vous pourrez notamment y admirer les œuvres de Marie-Josée Roy et Yvan Genest, de même que plusieurs autres artistes tels que Sylvain Coulombe, Hugo Landry et Emmanuelle Gendron.
