13 novembre 2025

Paysages lointains, créatures aquatiques et autres lubies nordiques : le carnet de voyage d’Annie Pelletier

Par Emmanuelle Brousseau

Au courant des dernières années, Annie Pelletier s’est promenée sur la route. Elle s’est rendue à différents endroits dans la région – et au Québec – pour livrer des œuvres destinées à être intégrées à l’architecture de certains bâtiments. Elle a aussi passé du temps à Sept-Îles et c’est un carnet de voyage de ses séjours là-bas qu’elle nous propose au Centre d’exposition Léo-Ayotte, du Centre des arts de Shawinigan.

Présentée jusqu’au 14 décembre 2025, l’exposition Paysages lointains, créatures aquatiques et autres lubies nordiques nous transporte dans les paysages de cette ville de la Côte-Nord, vue par les yeux et l’imaginaire de l’artiste.

Se laisser guider par l'errance

Annie Pelletier est tombée en amour avec Sept-Îles, au fil de ses visites aux Ateliers de la Huitième Île. Ce qui l’attire, c’est le caractère sauvage de ses paysages : « C’est moins habité. C’est plein d’épinettes noires. On sent que c’est plus brut. Le fleuve est immense là-bas. C’est la mer à perte de vue […] Tu peux marcher longtemps sans rencontrer personne ». C’était le contexte parfait pour que l’artiste laisse aller son imagination et son intuition. Après plusieurs projets d’œuvres intégrées à l’architecture, Annie Pelletier avait envie de créer sans contraintes et sans paramètres établis à l’avance. Elle avait envie de se laisser guider par l’errance, tout en ayant comme ligne directrice celle du carnet de voyage. Ce sont deux thèmes qui cohabitent bien ensemble : « L’errance vient aussi dans le fait de voyager, de rouler, d’être sur la route. Moi, souvent, c’est à ce moment que j’ai des idées, que mon cerveau se met en mode créatif ». 

© Fontaine Leriche

Un roadtrip artistique

« J’invite les gens à faire la route avec moi », résume Annie Pelletier, en parlant de son exposition. C’est ce qui se passe lorsqu’on arrive dans la salle. On est accueilli d’abord par des photographies de la route menant vers Sept-Îles. Ensuite, on peut se laisser guider par ce qu’on y voit. Certain·e·s auront peut-être envie de regarder les différentes œuvres en suivant les aiguilles d’une montre. D’autres seront peut-être attirés d’abord par les racines transformées en créatures des fonds marins ou par le mur de planctons faits de métal et de cailloux : « Moi, mes premières sculptures, j’avais sept ans. Je ramassais des roches et des coquillages, puis je les collais ensemble et je faisais des petits animaux », ajoute l’artiste. Fidèle à sa démarche, Annie Pelletier est aussi allée puiser dans son atelier pour y trouver des matériaux à réutiliser et des « petits trésors » à intégrer aux différentes œuvres. L’ours polaire – déposé sur l’une des œuvres en bois recyclé – est une maquette d’un autre projet. Les petites têtes de chiens en verre – créées par une amie de l’artiste, en France – attendaient patiemment leur heure de gloire depuis un bon moment. Ces éléments ont finalement trouvé leur sens auprès des trouvailles ramenées de Sept-Îles et des tableaux peints sur du bois recyclé. 

© Fontaine Leriche

Territoire réel et imaginé

Pour cette exposition, Annie Pelletier s’est aussi permis d’explorer la photographie et la vidéo. Au côté des œuvres peintes sur du bois, on y trouve des images de fleurs ou même d’un camion et d’un tas de ferrailles. Ces photos rappellent le côté parfois rude de l’intervention humaine sur la nature, une dualité déjà présente dans d’autres projets de l’artiste. 

Elles permettent aussi d’ancrer la vision de l’artiste dans la réalité et de revenir à cette idée du carnet de voyage. Qu’on soit déjà allé à Sept-Îles ou pas, on sort de la salle avec l’envie de laisser notre imagination errer et changer notre regard sur la nature qui nous entoure.   

Envie de découvrir l’exposition Paysages lointains, créatures aquatiques et autres lubies nordiques? Vous avez jusqu’au 14 décembre 2025 pour aller la voir au Centre des arts de Shawinigan.

Vous avez aimé?

Partager :

Vous aimeriez aussi