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- Genesis et le théâtre de l’extrême
Lorsqu’il est question de lutte dans la région, un nom revient constamment dans les conversations. Celui d’un duo du nom d’un groupe bien connu des mélomanes, Genesis. Formé des lutteurs Lewis Outlaw (Maxime Lévesque) et Mark Storm (Marc-André Vézina), ce tag team ne laisse pas sa place. Voici sans plus tarder le portrait de deux gars qui luttent comme ils enseignent, avec passion et (auto)dérision.
Lewis Outlaw (Maxime Lévesque) et Mark Storm (Marc-André Vézina) luttent ensemble depuis 2016. Si le premier est inspiré des lutteurs Kevin Nash et Scott Hall, le second s’inspire plutôt des lutteurs Bret « The Hitman » Hart et Eddie Guerrero. Ensemble, ils sont Genesis, un duo bien connu des fans de lutte de la région. © Étienne Boisvert
La genèse
Maxime et Marc-André se sont rencontrés pour la première fois à l’université, alors que tous deux étudiaient pour devenir prof d’anglais. Fans de lutte depuis l’adolescence, ils se sont rapidement liés d’amitié.
Si Maxime n’était à ce moment jamais monté sur un ring, Marc-André, lui, connaissait déjà bien les rouages du métier. Luttant avec son cousin depuis ses 16 ans, c’est lui qui initie son futur acolyte pour la première fois à la lutte indépendante à l’occasion d’un gala auquel Maxime était venu le voir performer. L’un des lutteurs s’étant désisté, celui qui deviendrait éventuellement Lewis Outlaw s’était alors fait un plaisir de le remplacer. S’ensuivirent quelques combats puis une pause de quelques années, question de terminer leurs études en enseignement et de se trouver du travail.
Désireux de retenter l’expérience, les deux amis décident éventuellement de s’inscrire à l’école de lutte de Shawinigan, tenue alors par le lutteur et promoteur de la Fédération Canadienne de Lutte (FCL), Nino Mancuso. Quatre mois de pratique et plusieurs heures de vidéos de « backyard wrestling » plus tard, Genesis était né!
Sortir le méchant
À ce stade, si vous êtes comme moi, vous vous demandez sans doute « Mais qu’est-ce qui pousse deux enseignants au secondaire – l’un représentant syndical, et l’autre, responsable d’un programme d’immersion – à monter une fois par mois sur le ring? »
Aux dires de Marc-André et de Maxime, la lutte leur permet de se laisser aller, de se libérer des frustrations accumulées ou refoulées. En somme, « de faire sortir le méchant ».
Et le lien entre l’enseignement et la lutte dans tout ça?
Maxime : « On joue un personnage. Que ça soit à la lutte ou devant la classe, on donne le show. On doit être divertissant. »
Si certain·es aspirent à lutter professionnellement, Marc-André Vézina et Maxime Lévesque luttent pour le plaisir, « pour le fun » que leur procure pendant quelques heures le fait de monter sur le ring, de « dire des niaiseries dans un cadre » et d’échanger avec la foule. © Étienne Boisvert
« Le samedi soir, y’en a qui joue au hockey, y’en qui joue au badminton, y’en a qui coach au volleyball. Nous autres, on s’en va se taper sur le chest pis crier des insultes après du monde. »
Marc-André Vézina, alias Mark Storm
Si on a longtemps voulu nous faire croire que la lutte n’appartenait qu’au domaine du sport, de plus en plus de lutteurs et de lutteuses affirment aujourd’hui haut et fort voir le catch comme une forme d’art au même titre que le théâtre, l’impro, la danse ou encore le cirque. © Étienne Boisvert
La lutte, un art ou un sport?
Depuis quelque temps, je pose la question à pratiquement tous ceux et toutes celles que je rencontre : « Selon toi, la lutte, c’est un art ou un sport? »
Marc-André : « C’est un théâtre accessible à tous. C’est peut-être pour ça que plusieurs personnes viennent voir ça au lieu d’aller voir Hamlet ou Moby Dick. Parce que justement, c’est un spectacle auquel tu peux participer. T’as le droit de crier. C’est une échappatoire, un défouloir. C’est pas à tous les jours que tu peux légalement crier à quelqu’un que c’est un « plein de marde ». Ça fait du bien. »
Maxime : « Quand tu vas à la lutte, tu te donnes le droit de laisser ton cerveau chez vous. C’est le même principe qu’un film, sauf que c’est interactif. […] On dit des niaiseries dans un cadre. Celui de la lutte pis de la simulation d’un combat. »
En terminant, lorsque je demande aux deux enseignants s’ils ont un conseil à donner à quelqu’un qui voudrait s’initier à la lutte, Marc-André s’empresse de me répondre : « Assure-toi d’être assez en forme pour être capable de suivre pis prends ton temps. » Tout aussi sage, Maxime conclut en disant « Faut être patient. Faut accepter d’apprendre la base et d’écouter les directives avant d’en faire plus. »
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