6 juillet 2023

Bienvenue chez vous : Pourquoi choisir de (re)venir s’installer en Mauricie quand on est artiste?

Par François Désaulniers

Quelles sont les raisons qui poussent un·e artiste à faire son nid dans notre belle région? La céramiste Émilye Drapeau, l’artiste visuelle et commissaire Lana Greben et le musicien Frédéric Grenier nous parlent du chemin qui les a mené·es jusqu’ici.

Après 25 ans dans la métropole, le musicien Frédéric Grenier a décidé de revenir s’installer à Shawinigan, près de là où il a grandit. © Christine Berthiaume

Frédéric Grenier : Revenir sans être jamais vraiment parti

Frédéric Grenier est natif de la Mauricie. Il a gagné sa vie en musique pendant 25 ans à Montréal, au cœur de La Petite-Patrie. Après la pandémie, en partie à cause de l’épée de Damoclès qu’est devenue la crise du logement, il a décidé de revenir « Downtown Shawi », près de sa ville d’enfance. Puisque sa famille habite encore à Grand-Mère, il y avait conservé son port d’attache.

Dans son ancien quartier montréalais, Frédéric avait remarqué que la proximité ne se traduisait pas nécessairement en interactions tangibles. « À Montréal, on ne se voit pas. » Il garde surtout contact avec sa base d’amis et de relations professionnelles bâtie au fil du temps grâce aux réseaux sociaux. Il compte ainsi sur sa propre initiative plutôt que sur le hasard des rencontres de proximité.

Frédéric croit que dans ce milieu, il faut soi-même créer des occasions, des événements, ne pas attendre. Celui qui se considère comme un « deuxième goaleur », même s’il a joué comme bassiste-contrebassiste pour de grands noms comme Vic Vogel, Marie-Denise Pelletier ou Suzie Arioli, aime ce rôle et choisit avec soin ses collaborations.

À 48 ans, comme plusieurs musiciens ayant cumulé les années d’expérience sur scène et en studio, sortir de la métropole devient une option possible et tentante. Selon Frédéric, ce mouvement naturel laisse également « un peu de place pour les jeunes dans le milieu saturé de la musique ». Il serait donc possible de faire un pas de côté hors de la grande ville sans perdre le fil de ses projets. Bien entendu, il y a plus de voyagement à faire (un bon véhicule est nécessaire), mais l’emplacement stratégique de la région, entre la métropole et la capitale, permet aussi d’ouvrir de nouvelles portes.

Frédéric a un site Web tout neuf où vous pourrez découvrir son travail de compositeur, en apprendre plus sur son parcours ou même vous inscrire à son école de musique. Vous pouvez également le suivre sur Facebook afin de connaître ses prochaines dates de spectacle.

« On trouve ici une urbanité paisible, un équilibre entre dynamisme et tranquillité. »

Lana Greben, artiste visuelle et commissaire

Originaire de l’Ukraine, l’artiste visuelle et commissaire Lana Greben habite Trois-Rivières depuis maintenant cinq ans. © Cassandra Geoffroy

Lana Greben : Poser ses valises sans trop les défaire

Lana Greben a quitté l’Ukraine en 2004 pour s’établir en Abitibi où elle a été une figure active du monde culturel. Depuis cinq ans, elle est déménagée à Trois-Rivières. Elle déploie dorénavant son reconnaissable imaginaire de masques et de masquage à partir de son atelier dans le secteur Pointe-du-Lac.

Munie d’un diplôme en droit, en plus d’une maîtrise en muséologie et pratiques des arts de l’UQO, Lana a entrepris un nouveau parcours universitaire à l’UQTR, puis à l’UQAM. Elle y étudie présentement les liens entre l’art, la surveillance et la propagande à l’ère du numérique. Ce qu’on appelle surveillance art ou « art de surveillance ». Dans sa pratique hybride de recherche et de création, elle s’intéresse particulièrement aux questions sociales et politiques. En étant basée à Trois-Rivières, elle dit pouvoir accéder facilement aux ressources qui lui sont nécessaires : collaborateurs·trices, formations, outils techniques, etc. Sans compter que le réseau universitaire lui ouvre une voie vers l’international.

Sa pratique légère d’artiste numérique combinée à sa connaissance de quatre langues lui permettent de sillonner la planète. Lana a beaucoup voyagé et mené de nombreux projets à l’international, de New York à Berlin, en passant par le Vatican. Sensible aux lieux qu’elle fréquente, elle en est toutefois arrivée à la réalisation que certaines grandes villes, malgré leur énergie inspirante, « l’écrasent » après quelques jours.

C’est pourquoi son nouveau coin en Mauricie répond autant à ses besoins de créatrice. Cette fashion artist adepte de patinage artistique aime savourer les choses. Lana prend le temps de découvrir le rythme de sa région d’adoption. « On trouve ici une urbanité paisible, un équilibre entre dynamisme et tranquillité ». En plus d’un superbe patrimoine culturel.

Si vous n’avez pas encore vu ses œuvres dans des installations urbaines ou en galerie, découvrez la teneur de son travail à la galerie d’art contemporain Rock-Lamothe. On parle également de son engagement auprès du RAAV dans Le Devoir.

Découvrez l’incroyable travail de Lana Greben à la galerie d’art contemporain Rock-Lamothe à Rouyn-Noranda. © Lana Greben

C’est dans le légendaire village de Saint-Élie que la céramiste Émilye Drapeau a décidé d’élire domicile il y a maintenant plusieurs années. © Émilye Drapeau

Émilye Drapeau : Ensemencer, travailler et faire tourner la terre

Émilye Drapeau est née sur la Rive-Nord. Elle a habité 25 ans à Montréal, a fait des études en graphisme, puis elle est partie vivre dans le Bas-Saint-Laurent où elle a appris l’art de la céramique. Les paysages fluviaux et l’esprit de paysannerie lui plaisent, mais, après quatre ans, elle décide de bouger vers la Mauricie. Comment? Grâce à un séjour exploratoire organisé par son centre local d’emploi. Avec le programme Place aux jeunes, elle découvre la région dont elle ne connaissait vraiment que le célèbre Parc national.

Outre le fait que le logement y soit plus abordable, c’est d’abord l’attrait des forêts et des rivières, de la chasse et de la pêche, qui lui font choisir Saint-Élie-de-Caxton. Elle s’est quand même rendue compte d’une inaccessibilité inattendue. Malgré la proximité avec la nature, « il faut connaître du monde » pour simplement avoir accès à un lac et s’y baigner. Avec son copain qui, selon les saisons, alterne entre un travail d’ouvrier agricole, de bûcheron et d’acériculteur, le couple s’intègre à une belle communauté autour de la Coopérative fermière La Charrette. Ensemble, les deux ont l’impression « d’habiter sur la même terre ». Entouré d’autres jeunes familles, il y du partage, de l’entraide, « on se passe le linge d’enfants ».

Lors de ses premières visites en Mauricie, elle avait remarqué que « la dévitalisation et revitalisation se côtoyaient », mais surtout, qu’ici, l’entreprenariat roule et que la culture est vivante : « C’est fou! » Depuis maintenant deux ans, celle qui aime autant la céramique que les tableaux Excel, s’est lancée dans sa propre production. Au village, le potier Sébastien Houle et la professeure en métiers d’art Christine Ouellet sont de précieuses personnes-ressources pour Émilye. Christine lui sert même de mentor, l’encourageant sans relâche. Cela lui donne parfois la poussée nécessaire pour réussir à aller de l’avant dans ses projets.

Depuis deux ans, l’Atelier Tandoori d’Émilye produit de beaux objets pour peupler votre quotidien. Voyez ce qui sort de son four de potière ou allez la rencontrer dans un événement près de chez vous. Pour connaître les prochains événements auxquels prendra part Émilye, visitez sa page Facebook.

Envie de découvrir d’autres artistes qui ont choisi la Mauricie comme port d’attache? On vous invite à visiter notre répertoire juste ici.

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