L’art sans frontière de Jo Ann Lanneville

L’art a toujours joué un rôle prépondérant dans la vie de Jo Ann Lanneville. D’ailleurs, c’est à l’âge de 15 ans seulement qu’elle signe sa première commande en tant qu’artiste : une série de dessins à la plume pour une production locale de Radio-Canada. C’est durant ses études à l’UQTR que nait sa passion pour l’estampe. Un univers qu’elle privilégie pour « la lenteur du processus, pour voir l’image se transformer au fil des accidents et des imprévues qui donnent vie à des idées ». C’est en partie pourquoi, quelques années plus tard, en 1979, elle co-fondera en compagnie d’autres graveur·euses, l’Atelier Presse Papier, unique point d’ancrage (ou d’encrage) professionnel des arts imprimés en Mauricie.

La qualité de son travail est rapidement reconnue ici comme ailleurs, lui permettant d’enchainer les expositions et les collaborations aux quatre coins du monde. Éternelle globe-trotteuse et amoureuse des lieux d’expositions qui sortent de l’ordinaire, ses œuvres furent aussi bien présentées dans une église du XVIe siècle en Bretagne qu’au sein d’un monastère des Balkans.

Touche à tout, elle s’investit également dans le domaine des affaires où, en parallèle de sa carrière artistique, elle tient de nombreux commerces avec Philippe son mari et complice de toujours qu’elle considère comme « sa véritable muse ».

Le rapport à l'autre

Animée par une volonté intarissable d’entrer en communication avec les autres, elle ajoute une nouvelle corde à son arc : le livre d’artiste. La trifluvienne y voit une manière de compléter une idée : « si j’ai quelque chose à dire, ça va d’abord passer par la gravure, puis la peinture et ensuite par le livre d’artiste ». Depuis 1991, elle multiplie les collaborations au Québec et à l’étranger notamment avec les poètes Monique Juteau et Jean-Paul Daoust. Les œuvres qui en découlent, puisées à même les mots, accompagnent les lecteur et les lectrices au détour de chaque page. Au moment d’écrire ses lignes, l’artiste est d’ailleurs en pleine production de L’attente/The EXPECTANCY réalisé à partir des textes originaux de l’auteur américain Richard Carella.

Ce rapport à l’autre est aussi au cœur de son engagement pour le rayonnement des arts imprimés. En 1997, aux côtés de Guy Langevin et de Louise Desaulniers, elle mit sur pied la Biennale internationale d’estampe contemporaine de Trois-Rivières (BIECTR) où elle occupa différents postes durant 22 ans. L’été 2025 marque son retour à la BIECTR, non pas en tant que travailleuse culturelle mais en tant qu’artiste, une première participation à l’événement qui de plus, lui a décerné le prix Coup de cœur Télé-Québec récompensant l’œuvre d’un·e artiste sélectionné·e.

La suite

Impliquée dans les activités de l’Atelier Presse Papier qu’elle fréquente assidûment et poursuivant la création d’œuvres qui seront présentées au cours de l’année à Trois-Rivières, en Belgique et aux États-Unis, rien ne semble freiner Jo Ann Lanneville. Fidèle à elle-même, lorsqu’on l’interroge sur ce qu’elle souhaite pour l’avenir, elle répond d’emblée : « garder cette sensibilité-là, la liberté que j’ai et de continuer, toujours ».