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- Le phénomène Michel Plante
Personne ne résiste au charme de Michel Plante. D’un naturel attachant, l’alter ego de François Plante Pilote soulève les passions depuis déjà un bon moment. Qu’il lutte à Québec, à Montréal ou à Shawinigan, partout où il passe, les gens en redemandent. Portrait d’un véritable phénomène dans le monde de la lutte indépendante au Québec.
Michel Plante (François Plante Pilote) se distingue des autres lutteurs par son style «old school», ses costumes flamboyants et son sourire attachant. Pour plusieurs, il incarne ce cousin, ce frère, ou encore, cet ami sur lequel on peut toujours compter. © Étienne Boisvert
La naissance d'une légende
Comme bien d’autres comme lui, François a commencé à s’intéresser à la lutte à l’adolescence. Mais si plusieurs se contentaient à l’époque de lutter dans le sous-sol de leurs parents, François, lui, rêvait de monter sur le ring « pour vrai ». C’est donc aux côtés de quelques amis que celui qui deviendrait plus tard Michel Plante s’est inscrit pour la première fois à des cours de lutte alors qu’il n’avait que 17 ans.
Un an et demi de pratique plus tard, il débutait une timide carrière de lutteur lors d’un gala organisé à Saint-Charles-de-Bellechasse. S’ensuivirent quatre ans à lutter à visage couvert, puis une petite pause de deux ans pour se consacrer à la pratique des arts martiaux mixtes, plus communément appelés MMA.
Et Michel dans tout ça? Eh bien, c’est lors d’une tournée dans les Maritimes à laquelle François avait été invité, près de six ans après avoir commencé à lutter pour la première fois, que celui qui se révèlerait bientôt la coqueluche des fans est né. Le tout, suite à un simple oubli de la part de l’organisateur de l’événement du prénom du jeune lutteur. Une erreur qui, de retour au Québec, se révèlerait payante, les gens ayant rapidement adopté la nouvelle identité de celui qui luttait autrefois masqué.
Consultant en informatique la semaine, lutteur la fin de semaine, François adore l’adrénaline que lui procure le fait de sortir devant la foule. Et s’il adore les gens, les gens l’adorent tout autant! Ses fans sont si nombreux à travers le Québec qu’on parle désormais d’une véritable « MichelNation ». © Étienne Boisvert
The boy next door
Si François a déjà joué les méchants par le passé, il préfère de loin jouer les gentils. C’est beaucoup plus proche de sa personnalité. Il aime aller à la rencontre des gens. Prendre le temps de saluer la foule, de serrer des mains, de prendre des photos avec les enfants.
« J’suis capable d’être méchant, mais si j’ai un choix à faire, j’aime mieux être gentil. Je trouve ça plus facile. […] Les meilleurs personnages, c’est ceux qui se rapprochent de nous. C’est quand tu prends des caractéristiques de toi et que tu fais juste les exagérer. »
Si François aime les gens, les gens l’aiment tout autant! Quand on annonce l’entrée de son personnage sur le ring, tous et toutes se lèvent pour l’applaudir. Pour crier son nom. Mais pourquoi Michel Plante attire-t-il donc autant la sympathie de la foule? Soulève autant les passions?
« Il y en a beaucoup qui essaient d’être le gars que tu peux pas être dans rue. Moi, je suis un peu à l’opposé de ça. Je suis le gars qui est juste un peu plus en forme que toi. J’essaie d’avoir l’air du beau-frère de l’autre. Du gars que tu pourrais croiser n’importe où, ou bien qui pourrait être ton chum. J’essaye de rester proche du monde. »
« À la lutte, on s’adapte, on improvise. Notre job dans le ring, c’est vraiment d’embarquer le monde avec nous pour qu’ils aient l’impression de faire partie du show. »
François Plante Pilote, alias Michel Plante
François a travaillé fort pendant des années pour en arriver où il en est aujourd’hui. Au sommet de son art, il est toujours habité du désir de s’améliorer, de continuer à se perfectionner. © Étienne Boisvert
La lutte, un art ou un sport?
Comme à chaque lutteur que je rencontre, j’ai posé à François LA grande question : « La lutte, c’est un art ou un sport selon toi? »
« Ni l’un ni l’autre. C’est les deux en même temps. C’est un sport au même titre que n’importe qu’elle forme de gymnastique ou de compétition comme la course ou la danse. Faut que tu forces, faut que tu coures. Ça reste un sport en soi, sauf que toute l’histoire qu’on raconte en arrière, la création de personnages… Ça, c’est de l’art. Apprendre à conter des histoires, à captiver la foule. »
Lorsqu’on assiste à un gala de lutte, contrairement au théâtre ou au cinéma, on observe un bris complet du quatrième mur. Les lutteurs et les lutteuses interagissent avec la foule. Cette dernière fait partie intégrante du spectacle. Sa participation est non seulement souhaitée, mais elle est nécessaire. C’est d’elle que se nourrissent les lutteurs. C’est d’ailleurs tout sourire que François me dit : « L’adrénaline de sortir devant la foule, y’a rien qui bat ça! »
Arrivant à la fin de notre entrevue, je demande au jeune consultant en informatique : « Pourquoi les gens vont voir de la lutte à ton avis? Pourquoi ils y retournent fois après fois? »
Voici ce qu’il me répond prestement : « Pourquoi le monde revient? C’est pas nécessairement pour la lutte en soit, c’est plus pour le happening. Pour l’événement. T’as pas besoin d’avoir les deux meilleurs en avant de toi pour avoir du fun. Tout le monde est là pour tripper ou pour mettre la switch à off. »
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