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- Camil Bellefleur : Danser pour incarner ses valeurs profondes
Du haut de ses 23 ans, Camil Bellefleur fait preuve d’une étonnante maturité. Notamment outillé par une formation universitaire hétéroclite portant sur le féminisme, la sexualité ainsi que la sociologie, iel expose un regard critique sur la vie et démontre de belles valeurs sociétales. S’entretenir avec lui permet d’espérer en un avenir meilleur pour les générations futures. Portrait d’un artiste qui cherche à faire évoluer les mentalités par le biais de son art ; la danse contemporaine.
Camil Bellefleur © Justine Bellefeuille
Artiste dans l’âme
« J’ai toujours eu un intérêt pour les arts de la scène. » Dès son plus jeune âge, Camil évolue dans les sphères musicales et théâtrales tout en apprenant à s’exprimer par la danse. Enchaînant différents styles tels que le jazz funky et le ballet classique, iel se joint également à diverses comédies musicales. À la suite de ses études secondaires, iel intègre l’École de danse contemporaine de Montréal. « À cette époque-là, je n’étais pas sûr que j’avais envie de faire mon DEC en danse. » Pendant sa formation intensive de quatre ans pour devenir interprète, Camil « tombe en amour avec la danse contemporaine. Pour moi, c’est dans les styles les plus libres et difficiles à définir. […] C’est dans cette sorte de liberté là que j’ai vraiment trouvé du plaisir. » Vers la fin de son parcours scolaire, Camil commence à réaliser quelques projets en tant que chorégraphe. Ayant gradué en 2020, iel a souhaité poursuivre des études universitaires. « Cet automne, je vais terminer un BAC par cumul à l’UQAM. J’avais vraiment envie que [mes connaissances] viennent s’imbriquer dans ma pratique en danse [sans nécessairement savoir] sous quelle forme. »
Symboliser l’art vivant selon ses propres couleurs
« Parfois, mes projets sont un peu entre fiction et autobiographie. D’une certaine manière, ça m’informe beaucoup de créer sur moi et je pense que c’est ce que font beaucoup de gens finalement. On est toujours influencé par notre propre parcours. » Pour ces raisons, Camil s’intéresse à la vulnérabilité dans le genre et à la manière dont le masculin et le féminin sont en constante opposition dans notre société. « Le fait d’être pleinement présent dans son corps et à son soi authentique […] est une valeur que j’aime intégrer dans ma pratique en danse. [Je me] donne la permission de franchir les barrières que parfois la société nous met et que nous internalisons. » Que ce soit en tant qu’interprète ou chorégraphe, iel prend part à des projets qui sont idéalement teintés du féminisme qui l’anime. Puisant en grande partie son inspiration de la nature, iel considère que nous faisons toutes et tous partie du même écosystème et que nos choix ont des impacts sur chaque être vivant. Selon lui, « la nature n’est pas toujours binaire et est source d’espoir pour transformer nos relations entre humains, mais avec plus grand aussi. »
« C’est toujours à travers la danse que je cherche à trouver des réponses. »
Camil Bellefleur en pleine prestation © Maxime Côté
Les interprètes Camil Bellefleur (à gauche) et Julianne Decerf (à droite) © Nancy Pettinichio
Chorégraphier une vie à son image
« Pour survivre en danse, il faut [avoir] plusieurs cordes à ton arc. » Si humainement le milieu de la danse est riche, il n’en est pas moins difficile. Avec toute la sincérité qui l’habite, Camil avoue que « ce n’est pas un milieu facile [parce que les artistes sont] toujours à la recherche de la prochaine opportunité pour avoir du temps de création. » Conséquemment, iel tente de se renouveler sans cesse afin de continuer à se démarquer. S’évertuant à prendre les meilleures décisions pour sa carrière professionnelle, iel « accepte ce qui vient vers [lui]. [Comme] je suis en début de parcours, je dois me faire un nom, être présent dans le milieu pour que d’autres opportunités viennent aussi. »
Dans un avenir rapproché
Cet été, Camil participera à une première mondiale sous la direction de la chorégraphe Daina Ashbee, récipiendaire d’un prix octroyé par le Centre des arts et de la créativité de Banff, en Alberta. Au moment de rédiger ces lignes, la date de la représentation reste à déterminer.
Plus près de chez nous, Camil sera à La petite Place des Arts à Saint-Mathieu-du-Parc dans le cadre de CONTACTS Résidences d’artistes du 29 mai au 3 juin prochains. Avec une sortie de résidence le 10 juin, son projet intitulé « QUEER CORE – Embodiement » promet d’être des plus divertissants. Chorégraphe et interprète, iel sera entouré des interprètes créatrices Gabrielle Kachan, Julianne Decerf et Camille Mougenot. Une prestation à ne pas manquer!
Avec de telles qualités d’être humain et d’artiste, nous ne pouvons que souhaiter à Camil Bellefleur une carrière florissante à la hauteur de ses ambitions.
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Photo d’en-tête : Cellule Labrecque produite par Le Carré des Lombes dans le cadre de Compagnonnage 23 © Luc Senécal