9 décembre 2021

Loïc Beaumont-Tremblay: Tout feu tout flamme

Par Marjolaine Arcand

Dans son atelier de Pointe-du-Lac, Loïc Beaumont-Tremblay s’active autour de la flamme avec des gestes précis. Alors que son verre entre en fusion, lui s’enflamme à propos de la chimie des pigments, de la complexité des techniques, et des propriétés de ses divers équipements. Portrait d’un artiste verrier qui a le feu sacré.

Difficile de croire que Loïc Beaumont-Tremblay évoluait auparavant dans le domaine de l’informatique. Au début des années 2000, c’est une photo de travail du verre au chalumeau, glanée sur le web, qui a allumé chez lui une étincelle. «Cette image a fait un déclic dans mon imaginaire, et j’ai commencé à m’équiper», raconte celui qui a fini par tout quitter pour vivre de sa passion.

La flamme du chalumeau peut atteindre plus de 2000°C, voire 2500°C.

Jouer avec le feu

«En découvrant le travail du verre, j’ai retrouvé mon plaisir de petit gars qui jouait avec le feu. J’aimais le fait de pouvoir créer, alors que mon travail en informatique était davantage régi par des contraintes», explique celui qui se spécialise dans le travail au chalumeau.

Artiste autodidacte depuis 20 ans, il a su nourrir sa flamme, allant même jusqu’à suivre quatre fois plutôt qu’une (soit le nombre maximal!) un cours de soufflage de verre à l’Université du Québec à Trois-Rivières, simplement pour avoir accès au matériel et peaufiner sa technique. C’est ainsi qu’il a créé l’Atelier Pouce Verre, à Pointe-du-Lac. Le tout a débuté dans le sous-sol de sa mère, avant de migrer dans un premier atelier, qui a ironiquement été détruit par le feu et reconstruit. Loïc Beaumont-Tremblay est aujourd’hui bien installé dans un vaste bâtiment jouxtant son domicile et emploie deux personnes.

Cette série réalisée pour la Monnaie royale canadienne comporte la première pièce au monde contenant du verre borosilicaté.

Il s’inspire de la nature qui l’entoure, et tout particulièrement du cosmos, d’où il tire une possibilité créatrice infinie. À l’image des galaxies, ses œuvres s’illuminent bien souvent grâce à sa petite touche magique : des pigments qui brillent dans l’obscurité ou sous la lumière UV.

Au nombre des réalisations ayant fait la renommée de l’artiste verrier, outre les bijoux, se trouvent les six pièces spéciales confectionnées pour la Monnaie royale canadienne. On y trouve entre autres la première pièce au monde contenant du verre borosilicaté, de même qu’une série sur la vie sous-marine réalisée en Murini (qui n’est pas sans rappeler la technique de fabrication des bonbons durs avec un dessin au centre, longuement étirés puis minutieusement coupés en rondelles).

 

La ligne Verre Serenity propose des produits funéraires incorporant des cendres de défunts.

Plus récemment, la ligne Verre Serenity , des produits funéraires incorporant des cendres de défunts, est venue bonifier l’offre. «C’est un travail particulier, admet l’artiste. Il y avait une demande grandissante pour des objets et bijoux permettant de conserver l’être cher tout proche. Nos créations prennent une signification différente pour chacun des clients.»

Aujourd’hui, les pièces de l’Atelier Pouce Verre sont majoritairement distribuées au Québec ou en Ontario, mais voyagent aussi dans le reste du Canada, aux États-Unis et se fraient même un chemin jusqu’en Europe.

Loïc Beaumont-Tremblay se spécialise dans le travail du verre au chalumeau.

Entretenir la flamme

La pandémie aura fait naître de nouveaux projets à l’Atelier Pouce Verre, dont l’aménagement d’une section dédiée à une autre technique : le soufflage du verre traditionnel vénitien. «Nous avons tout construit nous-mêmes, même les fours», indique l’artiste, qui a une grande volonté d’écoresponsabilité dans sa pratique. Le chauffage de l’atelier provient d’ailleurs de la biomasse de ses terres.

Aujourd’hui, après avoir passé les dernières années à créer de l’infiniment petit, l’artiste rêve aussi d’œuvres pharaoniques. «J’ai envie de créer du gros. Du monumental. Du architectural», lance l’artiste verrier. Et les nouvelles installations de l’Atelier Pouce Verre rendent ces idées de grandeur plus accessibles. Toujours enflammé par sa passion, Loïc Beaumont-Tremblay pourra donc défoncer son propre plafond de verre.

Loïc Beaumont-Tremblay s’inspire de la nature qui l’entoure, et tout particulièrement du cosmos, d’où il tire une possibilité créatrice infinie.

Techniques et procédés

À l’Atelier Pouce Verre, Loïc Beaumont-Tremblay et son équipe utilisent deux procédés pour travailler la matière : le chalumeau et la méthode traditionnelle.

Le chalumeau
Des baguettes ou des tubes de verre sont passés sous la flamme d’un chalumeau, où il peut être travaillé lorsqu’il devient mou. Atteignant plus de 2000°C, voire 2500°C, la flamme est si chaude que rien n’y résiste. Même les métaux s’y subliment. C’est pourquoi elle nécessite l’utilisation de verre borosilicaté (ou Pyrex), plus résistant, étonnamment plus léger (et plus dispendieux!). Cette technique demande un temps de travail plus long, mais permet davantage de détails et de précision.

Le verre traditionnel
C’est la technique qui vous vient fort probablement en tête lorsque l’on parle de travail du verre. Le verre est chauffé à plus de 1000°C dans un four de fusion. Il est récolté à l’aide d’une canne de verrier, puis soufflé et façonné. Le verre travaillé de cette façon peut être réutilisé un nombre quasi incalculable de fois.

Visionnez cette capsule de La Fabrique Culturelle pour voir Loïc Beaumont-Tremblay à l’œuvre.

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