Dans l’univers méconnu des résidences d’artistes

Généralement, la résidence d’artiste est composée d’un espace de création auquel est greffé un logement situé la plupart du temps au sein même d’une institution ou d’un organisme culturel. En Mauricie par exemple, l’Atelier Presse Papier et l’Atelier Silex accueillent chaque année de nombreux artistes provenant des quatre coins du monde pour quelques semaines, au cours desquelles ces dernier·ères auront accès aux équipements spécialisés ainsi qu’au soutien des technicien·nes sur place. La Fabrique de théâtre insolite des Sages Fous accueille au cœur du quartier historique de Trois-Rivières, les créateurs d’œuvres en marionnette et en théâtre d’objets afin de les « accompagner à chaque étape de leur parcours, des premiers balbutiements jusqu’à la tournée internationale ». La petite Place des arts de Saint-Mathieu-du-Parc propose quant à elle une résidence pour les chorégraphes et interprètes en danse, une denrée rare en dehors des grands centres. Tout près, au centre-ville de Shawinigan, La Factrie 701 offrent aux artistes la possibilité de séjourner dans leurs installations quelle que soit leur discipline.

Un concept qui évolue

Au fil du temps, les résidences ont su s’adapter aux changements survenus dans le milieu culturel notamment avec l’utilisation grandissante des nouvelles technologies. En quelques années seulement, la province a vu émerger un peu partout des résidences numériques où l’artiste peut aborder ses recherches et créations virtuellement. Cette nouvelle approche s’illustre parfaitement par l’Espace créatif de la revue d’art Le Sabord inauguré en août 2024 : une plateforme numérique où des artistes visuel·les, médiatiques et littéraires sont invité·es à « explorer et découvrir au gré de [leur] imagination ». Selon Anne-Marie Duquette, directrice littéraire de la revue, cette initiative est une nouvelle façon de « démocratiser le geste créateur en mettant de l’avant la création quand elle est en train de se faire ». Réalisé sur Canva, un outil de conception visuelle en ligne, ce tout nouveau projet se veut « un espace d’archivage où les artistes peuvent laisser une trace de leur processus de création », un lieu virtuel où tout est possible et où iels ont carte blanche.

L’art en quelques clics

Il ne faut pas chercher longtemps pour accéder à la nouvelle résidence du Sabord. Cette volonté de la revue trifluvienne d’offrir « le plus de liberté possible aux artistes » se dévoile dès la première visite de leur nouveau site web. En quelques clics seulement, on entre directement en contact avec des œuvres éclatées et foncièrement actuelles d’artistes qui ont le don de nous surprendre et de nous faire réfléchir. Par exemple, l’œuvre Dérives vidéos de Marc-Antoine K. Phaneuf nous invite à naviguer à travers un vaste organigramme interactif où il souligne les similitudes (parfois déjantées) entre différentes vidéos accumulées au fil de ses passages sur YouTube.

De plus en plus accessible à tous·tes

Le Sabord, à l’instar de La petite Place des arts et de la Fabrique de théâtre insolite, met régulièrement en lumière les recherches et créations réalisées par les résident·es dans le cadre d’événements publics. L’occasion parfaite pour les curieux·euses et les amateur·trices d’art de découvrir des démarches artistiques innovantes souvent en pleine ébullition. Méconnue pour certain·es, la présence de ces lieux d’explorations et d’expérimentations témoigne de la vitalité culturelle de notre région et du rôle important quelle joue dans l’évolution des arts au Québec. On ne le dira jamais assez, la Mauricie a vraiment de quoi à offrir.