28 octobre 2021

Potion de sorcière pour écrire de l’horreur et du fantastique

Par Ariane Gélinas

À l’orée de l’Halloween, créatures fantastiques et horrifiques déferlent dans les rues alors que les décorations monstrueuses parent nos demeures. Mais les genres du fantastique et de l’horreur se déclinent pendant toute l’année en une multitude de propositions littéraires enchanteresses.

Définition

D’abord, qu’est-ce qu’est précisément le fantastique? Plusieurs définitions du genre cohabitent, mais une manière simple de le définir consisterait à évoquer l’intrusion problématique du surnaturel dans le quotidien et la peur de l’inconnu. Quant à l’horreur, nous sommes propulsé·es par-delà l’épouvante, dans les territoires de la révulsion : autrices et auteurs souhaitent provoquer des réactions de dégoût fortes, marquées, voire physiques, chez leurs lecteurs et lectrices.

Il n’existe pas une recette ou une potion pour écrire du fantastique et de l’horreur (nos excuses aux sorcières), quoiqu’un certain nombre d’ingrédients peuvent significativement aider apprenti·es autrices et auteurs à consolider leurs textes fantastiques et horrifiques, en voici quelques-uns :

Photo © Ariane Gélinas

Atmosphères

Fondamentales dans les deux genres, les atmosphères nécessitent un lexique précis, des descriptions et de la sensorialité. Les récits fantastiques et horrifiques accomplis nous immergent le plus souvent au sein d’ambiances troubles, anxiogènes.

Descriptions

Recherchées tant en fantastique qu’en horreur, les descriptions donnent l’occasion aux écrivaines et écrivains d’accentuer leurs effets. Dans le genre horrifique, décrire de manière spécifique permet d’installer des scènes gores (des passages très organiques, par exemple après la venue d’un tueur masqué) ainsi que des moments fantastiques saisissants. Attention toutefois à dépeindre surtout les éléments «liés» au récit afin de ne pas s’égarer dans une succession de paragraphes descriptifs qui rompent l’action, le suspense.

Lexique

Aspect phare dans les deux genres. Un mot mal employé peut faire s’effondrer une scène horrifique ou fantastique en provoquant involontairement le rire ou un effet grotesque. Le style – découpé au scalpel – est capital dans les deux genres et permet aux atmosphères et au suspense de se déployer.

Phénomène fantastique

Dans le genre fantastique, il s’agit du moment où le surnaturel s’infiltre dans le quotidien. Il est judicieux de s’assurer que le phénomène fantastique ne soit pas arbitraire (pourquoi survient-il à ce moment spécifique dans la vie de ce personnage?) et que l’essence elle-même du phénomène soit cohérente, définie.

Photo © Ariane Gélinas

Sensorialité

Ne jamais négliger l’importance des cinq sens dans les récits horrifiques ou fantastiques. Parfois, certain.es. autrices et auteurs mettent de l’avant surtout la vue et l’ouïe, mais imaginez les perspectives qu’ouvrent l’odorat (une maison en ruines pourrissante), le goût (celui du sang sur la langue) et les textures (les tiges rêches d’une plante insolite).

Suspense

Le suspense est inhérent aux deux genres. L’un des défis consiste à le préparer en crescendo, à le faire monter lentement (mais pas trop). De le développer avec minutie et méthode, pour éviter l’effet «synopsis», afin que lecteur et lectrice partagent l’angoisse, l’effroi, l’inquiétante étrangeté ressentis par les protagonistes.

Etc.

Envie de poursuivre la plongée en horreur et en fantastique?

Voici 13 suggestions de lecture de l’écrivain Frédérick Durand, qui a publié dans les deux genres :

  • Agapit, Marc, Nuits rouges, Fleuve éditions, 1960
  • Adam, Raphaëlle, Servitude, Triptyque, 2020*
  • Bolduc, Claude, Entre les bras des amants réunis, Vents d’ouest, 2018
  • Brussolo, Serge, Ma vie chez les morts, Denoël, 1996
  • Champetier, Joël, L’aile du papillon, Alire, 1999*
  • Cutter, Nick, Troupe 52, Alto, 2016
  • Desjardins, Martine, Maleficium, Alto, 2009
  • Dunan, Renée, Baal, Rivière blanche, 2012
  • Gélinas, Ariane, Les cendres de Sedna, Alire, 2016*
  • Mercier, Mario, L’odyssée fantastique d’Arthur Dément, Éric Losfeld, 1976
  • Pagel, Michel, Sylvana, J’ai lu, 2002
  • Starobinets, Anna, Je suis la reine, Mirobole éditions, 2013
  • Vegor, Maïk, Le dieu vert, Monet éditeurs, 1974

* Auteur·trice de la Mauricie.

Joyeuse Halloween pendant toute l’année, et nos hommages aux sorcières!

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