23 avril 2024

Quand la culture soutient l’apprentissage des élèves

Par Frédéric Laurin

Si on peut aisément imaginer l’apport de la culture pour un cours de littérature, d’arts plastiques ou d’histoire, peut-elle aussi jouer un rôle dans l’apprentissage des mathématiques ou des sciences de la nature?

C’est ce que pensent résolument deux chercheures de l’UQTR, Marie-Claude Larouche, professeure au Département des sciences de l’éducation, et Marie-Hélène Forget, professeure de didactique du français au secondaire au Département des sciences de l’éducation, qui sont toutes deux membres du Laboratoire de recherche sur les publics de la culture.

« Les enseignants doivent devenir des passeurs culturels, c’est-à-dire quelqu’un qui va établir les liens entre la culture des élèves et celle que l’école souhaite qu’ils s’approprient » explique Marie-Claude Larouche.

Ce rôle de passeur culturel correspond même à la première compétence professionnelle qu’un·e enseignant·e doit développer selon le référentiel des compétences professionnelles des enseignant·es du ministère de l’Éducation du Québec. « C’est même une compétence fondatrice » précise Marie-Claude Larouche.

Passer la culture pour donner du sens

Car il faut comprendre la culture dans sa définition large, comme un fondement de l’éducation. Cela revient à donner du sens à ce que l’on fait à l’école.

Marie-Hélène Forget donne l’exemple des mathématiques: « Pourquoi? D’où ça vient? Il ne s’agit pas seulement de savoir comment faire une addition pour l’enseigner. C’est aussi pouvoir replacer les objets de savoir dans leur contexte social, culturel et historique ».

Un·e enseignant·e pourrait par exemple illustrer l’importance des mathématiques dans la construction des pyramides d’Égypte, qui sont elles-mêmes des objets culturels. « Sans cela, l’école reste au niveau technique, alors que le but, c’est de faire des êtres avec une portée critique sur la société » ajoute Marie-Claude Larouche.

Or, par manque de formation, beaucoup d’enseignant·es ne savent pas ce qu’est un passeur culturel : « Ils ne sont pas au fait de cette mission de l’école et de leur rôle. Et ils ne savent pas quoi faire. Il faut les former » estime Marie-Hélène Forget.

« Les enseignants doivent devenir des passeurs culturels, c’est-à-dire quelqu’un qui va établir les liens entre la culture des élèves et celle que l’école souhaite qu’ils s’approprient. »

Marie-Claude Larouche

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Marie-Claude Larouche, professeure au Département des sciences de l’éducation de l’UQTR et membre du Laboratoire de recherche sur les publics de la culture.

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Marie-Hélène Forget, professeure de didactique du français au secondaire au Département des sciences de l’éducation et membre du Laboratoire de recherche sur les publics de la culture.

Un projet de recherche en pédagogie

Les deux chercheures interviennent donc auprès des étudiant·es en éducation et en enseignement primaire et secondaire de l’UQTR afin de les sensibiliser à ce rôle et de les soutenir dans leur futur enseignement.

Le projet implique naturellement une collaboration avec des professeur·es intervenant dans ces programmes pour qu’ils et elles intègrent cette démarche culturelle dans leurs cours.

À titre de ressources culturelles, on peut penser à des lieux culturels, des artistes et des écrivain·es qui peuvent intervenir en classe, des œuvres de littérature jeunesse, ainsi que des contenus numériques éducatifs produits par exemple par Télé-Québec ou des musées. « Ce sont des ressources très bien adaptées aux besoins des classes, mais il faut développer une méthodologie d’appropriation par les enseignants » précise Marie-Claude Larouche.

Car il ne suffit pas d’envoyer les élèves dans des sorties culturelles ou de recevoir en classe un·e artiste. « Il faut des intentions pédagogiques précises, affirme Marie-Hélène Forget. Ça se prépare à l’avance, ça se vit sur place, et ça se met en perspective après ».

« Le milieu culturel est tellement prêt, depuis longtemps, à travailler avec le milieu de l’éducation. »

Marie-Hélène Forget

Une application innovante

L’équipe de recherche de Marie-Claude Larouche a même développé une application en ligne – baptisé le eCompagnon culturel – que les étudiant·es pourront utiliser lorsqu’ils et elles seront devenu·es enseignant·es.

Cette application offre un répertoire de ressources culturelles que les étudiant·es peuvent commenter et les partager, avec des exemples d’application. « J’essaie de faire en sorte que nos formateurs explicitent et partagent leurs intentions pédagogiques, leurs stratégies de formation avec les ressources mobilisées, afin que l’on mette tout cela en commun » explique la chercheure.

Dans une perspective de recherche scientifique, l’application permet aussi de collecter de données sur le développement des compétences des étudiant·es à être des passeurs culturels, permettant l’amélioration continue des outils développés.

Et ce faisant, ce projet contribue à faire « rayonner les artistes d’ici dans nos classes », souligne Marie-Claude Larouche, rappelant les diverses collaborations avec les organisations culturelles et les artistes de la Mauricie.

« Le milieu culturel est tellement prêt, depuis longtemps, à travailler avec le milieu de l’éducation » conclu Marie-Hélène Forget.

Pour en savoir davantage sur le projet, c’est par ici.

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