5 octobre 2023

Le Sabord : 40 ans de passion pour l’art et la littérature

Par Emmanuelle Brousseau

Contenu créé en partenariat avec Culture Trois-Rivières

Cette année, la revue de création Le Sabord célèbre ses 40 ans. Depuis 1983, celle-ci met de l’avant tout ce qu’il y a de plus audacieux, en littérature et en arts visuels contemporains. À la fois une tribune pour les artistes émergents et pour les plus établis, la revue Le Sabord continue de se renouveler et d’interroger la place qu’elle prend dans l’écosystème culturel. Voici un court portrait de la revue, réalisé à partir de discussions avec l’un des fondateurs, Guy Marchamps, et les co-directrices actuelles, Ariane Gélinas et Karine Bouchard.

© Emmanuelle Brousseau

Une idée et de la volonté

C’est lors d’une conversation dans une galerie d’art que Guy Marchamps et Jean Laprise ont eu l’idée de fonder Le Sabord. À l’époque, peu de médias couvraient la scène culturelle mauricienne, ou du moins, pas assez selon Guy Marchamps : « On voyait qu’il y avait plein de gens qui avaient du talent, mais on n’en parlait pas beaucoup de ces talents-là ». Tout comme son acolyte, Guy Marchamps naviguait (et navigue toujours) dans le milieu de la littérature et des arts. En prenant conscience de la « qualité culturelle de la région », ils ont eu envie de créer une revue pour parler de ces créateur·trices, mais aussi leur donner la chance de s’exprimer. Guy Marchamps et Jean Laprise ont dû se retrousser les manches pour se donner les moyens de leurs ambitions. Ils sont allés cogner à de nombreuses portes en espérant obtenir le financement nécessaire pour réaliser leur projet. Plusieurs commerçants ont été conquis par leur idée et c’est avec 300$ en poche que les deux artistes ont réussi à imprimer la première édition de la revue Le Sabord : « C’est comme ça que ça a commencé. Avec rien. Avec une idée et de la volonté ».

Si aujourd’hui l’équipe de la revue s’est dotée d’une structure lui permettant de perdurer, elle reste tout de même animée par la même audace que ses prédécesseurs. En fait, chaque personne qui a rejoint Le Sabord, en 40 ans, a su lui insuffler de sa couleur et de son savoir. Pensons notamment à Rita Painchaud, à Louise Trépanier et à l’artiste Denis Charland, qui fût directeur artistique et éditeur de la revue pendant 23 ans. Durant ses années à la revue, la place accordée aux arts visuels s’est déployée et a pris un nouvel envol. Aujourd’hui, c’est l’autrice Ariane Gélinas et l’historienne de l’art Karine Bouchard qui assurent la direction du Sabord. Avec leur équipe soudée et créative, elles travaillent fort à imaginer les possibles et créer des dialogues entre des œuvres littéraires et artistiques (la spécialité de la revue). L’an dernier, le Sabord s’est mérité le Prix de la revue de l’année SODEP, soulignant ainsi la qualité et la pertinence de la revue.

« C’est comme ça que ça a commencé. Avec rien. Avec une idée et de la volonté. »

Guy Marchamps, cofondateur de la revue Le Sabord

© Emmanuelle Brousseau

Imaginer Le Sabord du futur

Dans un désir de déployer la revue hors du format papier, l’équipe a mis sur pied l’exposition Archiver le Futur, présentée à la Galerie d’Art du Parc jusqu’au 22 octobre 2023. L’exposition met de l’avant les Å“uvres des artistes Simon Brown, Maude Pilon, Isabelle Gagné et Gabriel Mondor. Comme matériau brut, les deux co-directrices leur ont donné accès aux archives de la revue : « On leur a demandé de prendre d’assaut nos archives. De les lire. De les détruire. De les annoter… », ajoute Karine Bouchard. Pour l’artiste Isabelle Gagné, l’exploration a tourné autour des bactéries qui ont élu domicile au fil du temps, sur les différents numéros du Sabord. Avec ses pots de pétris et ses écouvillons, elle s’est affairée à récolter toute forme de vie organique qui pouvait se trouver sur les exemplaires en archives, pour en faire une proposition artistique qui « réactive une mémoire vivante ».

Pour Simon Brown et Maude Pilon, le « Sabord du futur » se décline en poèmes-performances tirés de plusieurs lettres trouvées dans les archives. Dans les écouteurs disponibles sur place, vous pourrez entendre le résultat de leurs fouilles : des textes assez comiques créés à partir de phrases trouvées dans différentes lettres de refus, lettres de présentations et même de nombreuses correspondances entre Paris et Trois-Rivières. Du côté de Gabriel Mondor, son installation met de l’avant des conversations qu’il a eu avec d’ancien·nes membres de l’équipe du Sabord. En discutant avec eux, il a brûlé d’anciens numéros et s’est servi des cendres pour créer de « nouveaux Sabord », marquant ici une transition entre le passé et le futur, tout en montrant que celui-ci est empreint de l’apport de tous ceux y ont travaillé.

© Emmanuelle Brousseau

Incarner la création autour du périodique

Avec cette exposition et avec le lancement du dernier numéro de leur « cycle anniversaire » (Post, numéro 125), l’équipe du Sabord est prête pour une nouvelle étape. Pour son prochain cycle, la revue s’intéressera aux fondements de la pratique artistique.  C’est un thème qui résonne beaucoup chez les deux co-directrices, qui souhaitent continuer à développer la création hors des pages de la revue et montrer le processus de création d’une œuvre.

Bientôt, elles vont dévoiler le nouveau site web du Sabord, qui contiendra une plateforme numérique nommée « Espace créatif ». Ariane Gélinas et Karine Bouchard souhaitent que cet espace « carte blanche » devienne un lieu de résidence et d’exposition pour des artistes et auteur·trices. invité·es. : « Les artistes pourront discuter entre eux, faire une résidence physique et mettre le contenu en ligne […] Ils pourront aussi faire quelque chose en temps réel…»  Bref, ce lieu de résidence numérique incarnera très bien la mission du Sabord : créer des rencontres entre l’art, la littérature et celleux qui la créent.

Envie d’imaginer vous aussi ce que le futur réserve au Sabord? Vous avez jusqu’au 22 octobre pour visiter l’exposition Archiver le Futur à la Galerie d’art du Parc.

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