15 février 2022

Étienne Poirier : Capteur de mots

Par Élise Rivard

Étienne Poirier ne se présente pas comme auteur jeunesse. Il est auteur, point. «Même si j’écris pour la jeunesse, je ne néglige pas pour autant la construction de l’histoire. C’est le point de vue narratif et mon lexique qui vont orienter mon roman vers un éditeur jeunesse.»

Étienne Poirier, auteur

«On écrit toujours à partir de soi», dit-il en citant un autre auteur. En puisant dans son passé, il va nécessairement chercher son enfant intérieur. «J’essaie de rentrer en moi, je trouve que c’est ce qui donne beaucoup d’authenticité au texte.»

Enseignant de français pendant quinze ans à Manawan, il a capté les rêves et les cauchemars de la communauté pour sculpter les bons mots dans Niska (2016), un roman sur les pensionnats autochtones. Trois ans auparavant, Qu’est-ce qui fait courir Mamadi? se penchait sur la résilience de l’enfant.

S’il est reconnu pour son écriture dans une tonalité sensible, Étienne surprendra avec sa prochaine proposition, un roman qui fait vibrer davantage son ironie. Se réinventer; il a fait sien ce verbe depuis longtemps.

Peindre des mots

Étienne aurait aimé peindre, mais à défaut d’en maîtriser la technique, il aborde la littérature avec la même approche. Son médium c’est le livre, il est donc primordial de maîtriser son matériau: le langage. Les mots sont choisis avec soin pour donner la bonne couleur et la bonne texture au texte.

Chaque projet trace son processus d’écriture. «J’ai un enjeu important d’exploration : dans la forme, dans le sujet et jusque dans la démarche.» Il choisit son sujet en se demandant ce qu’il veut remuer en lui. L’écriture lui sert d’outil de réflexion.

« J’ai lu un jour : « On n’écrit pas pour raconter, on écrit pour comprendre. » Moi, je suis là-dedans. »

Ce qui fait la force d’un livre selon lui, ce ne sont pas tant les personnages, mais l’angle narratif; c’est ce qui donne la bonne voix au texte. «De plus, je trouve d’abord la fin, puis je cherche comment m’y rendre.» La lecture est un voyage; la langue et les mots, un moyen de transport.

«Mon sujet et mon angle narratif viennent dicter beaucoup la conception de l’œuvre. C’est la richesse que j’aimerais qu’on reconnaisse de mon travail ou que je tiens à mettre dans mon processus narratif.»

Reposer entre la vie et les mots

Sa façon d’aborder le langage est très proche de la poésie. Un chemin tout tracé pour écrire Le cœur en laisse, aux éditions Soleil de Minuit.

En deuil de son chien Jack, déjà mourant dès sa naissance, Étienne s’enferme dans son bureau où il s’est libéré de ce douloureux constat. La poésie lui a permis de briser la temporalité et de déverser son bouillon d’émotions.

Son prochain roman, L’Étrange cas Xavier Morneau aux éditions Soulières, semble en rupture avec son précédent recueil de poésie. Pourtant la vie et la mort s’y côtoient autant, mais sous un tout autre angle.

Xavier Morneau, 16 ans, entre en collision avec un camion-citerne rempli d’acide acétique. Il est déclaré mort, et pourtant, il semble vivant. Moitié mort-vivant et moitié homme-cornichon, on ne sait pas trop ce qui lui arrive, à part qu’il continue de pourrir tout au long de l’histoire. Empruntant au réalisme magique, Étienne veut relever les travers de la société et observer les réactions des villageois à cet étrange monstre. Une satire qui n’est ni moralisatrice et encore moins une simple histoire de zombies.

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Le Coeur en laisse. Illustration d’Éloïse Cardinal.

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L’étrange cas de Xavier Morneau. Illustration de Philippe Béha.

Passeur de mots

Parallèlement à son rôle d’écrivain, Étienne est le nouveau codirecteur du Salon du livre de Trois-Rivières. Un nouveau défi, mais il souligne que ce qui fait la différence, c’est qu’il est appuyé par une équipe d’expérience avec la codirectrice Éveline Charland et l’agente de communication et de marketing Raphaëlle B. Adam.

On y croisera donc Étienne, un peu à la course avec ses fonctions de codirecteur, mais par moment bien assis comme auteur avec ses deux nouveautés.

Pour tout connaître sur la programmation de la 34e édition du Salon du livre de Trois-Rivières, du 24 au 27 mars 2022, visitez le sltr.qc.ca.

Pour découvrir davantage les œuvres d’Étienne et ses actualités, suivez son compte Facebook d’auteur.

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