26 mars 2024

Terre de femmes : l’art nécessaire d’Alejandra Basañes

Par Alexandre Poulin

Jusqu’au 9 juin prochain, Alejandra Basañes présente Terre de femmes au Centre d’exposition Raymond-Lasnier de Trois-Rivières. S’inscrivant dans la poursuite des recherches entamées par l’artiste trifluvienne depuis le début de sa carrière, l’exposition pose un regard différent sur la place des femmes au sein de notre société.

Originaire de l’Argentine, Alejandra Basañes a choisi de s’installer à Trois-Rivières avec sa famille il y a plusieurs années. Elle est aujourd’hui grandement impliquée au sein de la communauté artistique de la région. © Gracieuseté

Après avoir quitté son Argentine natale où elle étudia les arts visuels, puis en France où elle vécut pendant quelques années, c’est au Québec qu’Alejandra Basañes et sa famille décident de poser bagages en 2003. Souhaitant parfaire ses connaissances en estampe, c’est pour l’Atelier Presse Papier et le dynamisme de la région qu’elle choisit Trois-Rivières pour s’installer. Intégrée rapidement à la communauté artistique locale par l’entremise de l’artiste Gilles Desaulniers, Alejandra, aidée par son conjoint Guillermo Raynié, développe une pratique singulière où l’estampe fusionne avec le verre. Une hybridation des techniques qui la pousse à explorer de nouvelles avenues et qui ne tardera pas à faire d’elle une artiste reconnue et respectée.

Du 25 mars au 9 juin 2024, voyez l’exposition Terre de femmes d’Alejandra Basañes présentée au Centre d’exposition Raymond-Lasnier. © Étienne Boisvert

La femme comme leitmotiv créatif

Depuis le début de sa carrière, la condition de la femme et la philosophie féministe font partie intégrante des œuvres d’Alejandra. Une manière, selon elle, de participer « consciemment ou non à notre émancipation ». Profondément marqué par le patriarcat ancré dans la culture sud-américaine, le travail de l’artiste est empreint de symboles puissants, comme le fer à repasser, qui nous ramène au labeur quotidien des femmes à travers le monde. Ce dernier, récurrent dans l’œuvre de l’artiste, est devenue une signature visuelle permettant de saisir le message qu’elle souhaite transmettre.

Depuis la fin mars, elle présente Terre de femmes, second volet d’une exposition réalisée en janvier dernier à Engramme au centre-ville de Québec. Alejandra y propose deux séries d’œuvres dont La réconciliation, amorcée pendant la réalisation d’un livre d’artiste dans le cadre d’une résidence réalisée durant la pandémie. Oscillant entre abstraction et figuration, sérigraphies, lithographies, dessins et sculptures s’entremêlent pour former un corpus qui témoigne de la sensibilité et de la finesse du travail de l’artiste trifluvienne. Aux côtés de l’iconique fer à repasser, les cartes géographiques et les représentations corporelles côtoient de grandes œuvres textiles, nouvelle corde à son arc créatif, parsemées de brûlures et de fils rouge, échos des violences faites aux femmes.

« L’intégration du verre dans mes œuvres représente chaque fois un défi technique. C’est un langage différent qui permet d’aller au-delà du papier [support traditionnellement utilisé en estampe] et de briser les codes de présentation des œuvres. »

Alejandra Basañes

Terre de femmes est le second volet d’une exposition réalisée en janvier 2024 à Engramme au centre-ville de Québec. © Étienne Boisvert

Une artiste impliquée

Outre ses nombreuses expositions individuelles et les projets collectifs auxquels elle a participé, Alejandra compte une dizaine d’ateliers et d’activités de médiation culturelle à son actif. L’artiste y invite les participant·es à plonger au cœur de la création artistique par l’utilisation de différentes techniques comme le vitrail ou la sérigraphie. Présentés dans de nombreuses écoles et organismes de la région, dont COMSEP et le Service d’accueil aux nouveaux arrivant de Trois-Rivières, ces projets lui permettent « d’entrer en contact avec l’autre, de partager et de redonner à la communauté ».

Récipiendaire du prix Charles-Biddle (2019) qui souligne l’apport exceptionnel de personnes ayant immigré au Québec et dont l’engagement social contribue au développement des arts et de la culture, son implication artistique et communautaire dans la région fut récompensée l’an dernier lorsqu’elle s’est vu décerner le prix Art Excellence en Médiation culturelle.

Une année bien remplie

Avec les expositions, les œuvres d’art public, la médiation culturelle et les reconnaissances qui s’enchaînent, l’artiste semble à l’apogée de sa carrière. Une année bien remplie qui nourrira sans aucun doute sa créativité déjà débordante.

Naviguant entre l’estampe et la sculpture, au croisement de l’intime et de l’engagement social, l’art d’Alejandra Basanes est nécessaire. Son parcours personnel au même titre que ses œuvres attestent de l’importance indéniable des arts visuels dans notre société comme le reflet de l’humanité sous toutes ses coutures.

Envie de découvrir le travail d’Alejandra Basañes? Rendez-vous au Centre d’exposition Raymond-Lasnier pour y découvrir sa plus récente exposition, Terre de femmes. Pour plus d’info, c’est par ici.

Vous avez aimé?

Partager :

Vous aimeriez aussi