9 janvier 2024

Roxanne Lacourcière : mettre en lumière les liens qui nous unissent

Par Caroline Ruest

Lundi matin, 9 h. Je rencontre Roxanne via nos écrans respectifs. Accompagnée de son enfant au joli minois, elle m’avoue humblement ne pas être « la personne la plus à l’aise pour parler [d’elle] ». Comme moi, elle préfère « parler des autres ». Pourtant, entre les sourires et les vocalises de son fils, je l’observe s’épanouir telle une fleur au printemps. Regard sur une artiste humaine et généreuse.

Évoluant dans un environnement familial où l’art occupe une place prépondérante, Roxanne explore divers médiums artistiques dès sa plus tendre enfance. Lors de ses études secondaires, elle fera une rencontre déterminante. Son enseignante, Nancy Dionne, saura lui insuffler l’envie de réaliser constamment de nouvelles créations. Au Collège Laflèche, elle intégrera le programme en communication, arts et littérature. Elle y apprendra la photo où elle nourrira le rêve de devenir photographe pour le National Geographic. Poursuivant des études supérieures, elle complètera un baccalauréat en arts plastiques à l’Université du Québec à Trois-Rivières ainsi qu’une maîtrise en arts visuels à l’Université Laval. Son cursus sera teinté de féminisme où elle explorera l’image de soi, du corps, et la pression sociale.

« Ça a pris du temps dans ma tête à me dire : Oui Roxanne, t’es une artiste professionnelle. »

L’artiste visuelle Roxanne Lacourcière. © Instants.info

L’épuisement comme levier de création singulière

« Quand je suis sortie de la maîtrise, j’étais complètement lessivée, épuisée. Je n’avais plus la permission de créer pour créer. » À ce moment-là, Roxanne avoue avoir vécu un blocage, une pause temporaire, mais nécessaire, dans son cheminement artistique. Fatiguée de toujours devoir réfléchir aux motivations se dissimulant derrière chacune de ses productions, elle a dû se laisser du temps et de l’espace afin de retrouver l’envie et le plaisir de concevoir du nouveau matériel. En 2016, elle a mis sur pied une entreprise d’artisanat se consacrant à la broderie contemporaine sur papier et textile : Les Chinoiseries. Avec ses confections à la fois féministes et humoristiques, elle a pu renouer avec son désir de s’exprimer par l’art.

La communauté comme source de motivation

Au fil des ans, Roxanne a participé à de nombreux projets communautaires, dont ceux d’Interzone. Cofondé par Josette Villeneuve, il s’agit d’un parcours insolite d’art urbain à travers le centre-ville de Shawinigan où la communauté est invitée à aller à la rencontre des artistes et de leurs créations respectives. Ce sont des « projets dans ce genre qui m’ont comme plus alignée sur l’humain plutôt que d’être dans la revendication. Qu’est-ce que c’est qu’être un humain, qu’est-ce qui nous forge, pourquoi parfois on va dans l’extrême des revendications, mais pourquoi parfois on voudrait juste comme être là, être juste nous, puis être rien d’autre que nous, notre enveloppe puis ce qu’on est. »

De ses expériences artistiques et personnelles est née La Criaillerie, en partenariat avec Andréanne Thiffault Dessureault et Étienne Turmel. Ouvert depuis le 7 décembre 2023, l’OBNL a pour mission « de rassembler le plus grand nombre d’artistes possible dans un même lieu afin de favoriser la création, l’échange d’expertise, le partage de techniques, l’apprentissage et la collaboration. » Des cours sont offerts au public sur une base régulière et une nouvelle programmation est diffusée chaque mois. Pour de plus amples informations, devenir membre ou accéder aux horaires des différents ateliers, nous vous invitons à consulter leur site Internet juste ici.

« Comme artiste, [je me suis donné] la mission de faire rayonner l’art et de permettre l’esprit de communauté au-delà de ma pratique personnelle. »

La ligne, œuvre réalisée par Roxane Lacourcière en 2022 dans la ruelle entre les 4e et 5e rues de la Pointe à Shawinigan dans le cadre de la 5e mouture d’Interzone. © Instants.info

Faire dans la dentelle

Du 11 janvier au 18 février prochains, Roxanne présente son tout nouveau projet, Faire dans la dentelle, au Centre d’exposition Léo-Ayotte. Approchée par Culture Shawinigan, elle avoue être flattée et devoir encore se pincer parfois. « Je n’avais pas vraiment de toiles de fait. Je sortais d’une exposition que j’ai faite cet été qui s’appelait Éther. Mon imagerie reste la même chaque fois, mais qu’est-ce que j’avais envie de dire par cette exposition-là [n’existait] pas encore.» Malgré tout, « je pense que j’ai trouvé un filon qui est quand même dans la simplicité. » Reposant sur la création de l’identité, Roxanne illustre à travers ses œuvres « comment la famille, les gens autour de nous, […] nos rencontres, [nos expériences] au fil du temps nous construisent, nous modulent. » Au moment de réaliser l’entrevue, elle travaille sur la plus grande toile de son exposition. Son inspiration? « C’est un moment, une photo de ma jeunesse qui m’a vraiment marqué. On était au chalet chez ma grand-maman puis [mes cousins, mes cousines et moi] on est assis sur le divan. On fait semblant de dormir parce qu’on attend le père Noël. On a les joues rouges. Je me souviens de cette journée de plein air […] et de l’excitation qui est là. »

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Éthérée, œuvre présentée au Centre d’exposition Léo-Ayotte du 11 janvier au 18 février dans le cadre de l’exposition Faire dans la dentelle. © Roxanne Lacourcière

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Grâce, œuvre présentée au Centre d’exposition Léo-Ayotte du 11 janvier au 18 février dans le cadre de l’expositionFaire dans la dentelle. © Roxanne Lacourcière

Envie de satisfaire votre curiosité concernant cette création où s’entremêlent plusieurs tignasses pour nous rappeler les liens indissociables qui nous unissent? Nous vous invitons à visiter l’exposition et même à assister au vernissage qui aura lieu le 18 janvier. Assurez-vous toutefois de confirmer votre présence avant le 16. Autrement, vous pouvez toujours suivre Roxanne sur les réseaux sociaux.

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