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7 mars 2023
Quand la création artistique devient un levier de sensibilisation aux enjeux féministes
Officialisée en 1977 par les Nations Unies, La Journée internationale des droits des femmes est soulignée le 8 mars de chaque année. Évoquant l’importance de célébrer le chemin parcouru ainsi que le travail accompli pour tendre vers l’égalité hommes-femmes, elle nous rappelle également la nécessité de poursuivre nos efforts pour l’obtention de meilleures conditions quant au respect de nos droits.
Ce mois-ci, l’équipe de DICI est allée à la rencontre de deux artistes de la région afin non seulement d’en apprendre davantage sur leur parcours respectif, mais également de les interroger sur la manière dont l’art peut nous aider à nous questionner sur la place actuelle des femmes dans la société. Voici, sans plus attendre, un résumé de nos entretiens.
Valérie Guimond © Gracieuseté de l’artiste
Valérie Guimond
« J’ai toujours été attirée par les arts. Je pense même que j’ai appris à clouer avant de marcher. » Artiste visuelle, Valérie Guimond est avant tout devenue une femme à la fois forte et sensible, une femme qui milite pour son droit à la liberté d’expression ainsi qu’une femme déterminée et de conviction.
« Les arts, ce n’est pas un travail, c’est une façon de vivre. » À l’époque où la jeune Valérie se questionne sur ses choix et la nécessité du métier qu’elle souhaite exercer, elle reçoit cet enseignement d’Élyse Proulx, alors professeure au collégial. Ce moment sera déterminant pour la suite de son cheminement. Ayant brillamment su tracer sa route, malgré quelques arrêts ou détours inéluctables, elle peut et choisit aujourd’hui de se pencher sur des enjeux qui lui tiennent à cœur. À son tour, elle fait une différence dans la vie de ses étudiant·es universitaires, notamment en leur lisant Si j’étais ministre de la culture, écrit par Carole Fréchette et illustré par Thierry Dedieu aux éditions D’eux. Avec cet album, elle souhaite leur enseigner l’importance de conscientiser leurs proches à la portée de la culture dans nos sociétés.
« Le fait d’avoir des enfants a modifié ma démarche artistique. » Incluant sa progéniture dans ses différentes œuvres, c’est lorsque sa fille a commencé à se questionner sur la sexualité que Valérie s’est intéressée à l’hypersexualisation des jeunes filles. Après plusieurs lectures et réflexions sont nés de nouveaux projets créatifs qui l’ont amenée à explorer des avenues où l’introspection est privilégiée.
Questionnée à savoir comment l’art peut nous aider à nous interroger sur la place actuelle des femmes dans la société, Valérie nous a confié que c’est en proposant des projets qui apportent une réflexion et en éduquant la population que nous arriverons à créer une ouverture sur la condition des femmes et des enjeux féministes. Dans l’avenir, elle souhaite que davantage de femmes puissent être mises de l’avant tout en devenant actrices de leur propre vie plutôt que simples spectatrices.
Pas même un clignement © Valérie Guimond
Justine Bellefeuille © Frédéric Champoux
Justine Bellefeuille
« Dans ma pratique actuelle, je suis vraiment dans les sujets qui sont féministes. » Chorégraphe, interprète en danse contemporaine et artiste visuelle, Justine Bellefeuille est une jeune femme avisée, engagée et féministe qui s’intéresse notamment à « l’impact qu’ont les violences faites aux femmes » ainsi qu’à leur émancipation. À aucun moment, elle ne craint de mettre son art au service de la cause afin de dénoncer les nombreuses injustices vécues par ses semblables.
« J’ai besoin de cette colère, de cette rage pour créer. » Évoluant dans un environnement familial où la misogynie est bien encrée, mais taboue, Justine ressent l’éveil du féminisme qui sommeillait en elle jusqu’alors. C’est toutefois en conjuguant ses études collégiales à un travail à mi-temps qu’elle expérimente ses premières interactions misogynes avec les hommes. Perturbée, elle puisera dans le malaise qui l’habite pour influencer le cours de ses créations.
« Voici ce que je vis, voici comment mon corps réagit. » Vivre et être témoin de la violence faite aux femmes l’amène à s’introspecter afin de mieux comprendre ses émotions. Par le biais de la danse, elle joue avec les corps pour rendre le public inconfortable et susciter un impact différent.
« Je pense que parfois, on a besoin d’extrême pour comprendre [certaines choses]. » Ne sachant s’il s’agit de la solution optimale, Justine a tendance à croire que les œuvres doivent être un peu troublantes pour que certains hommes soient davantage sensibilisés au vécu des femmes. Selon elle, il faudrait tenter d’adopter leur langage et trouver une manière de véhiculer le traumatisme.
Interrogée à son tour, Justine affirme que « si tout le monde sème un peu de graines féministes dans leur projet […] ça peut avoir un impact éventuel. » Pour elle, il s’agit d’une « affaire de collectivité. » C’est donc par la force du nombre que nous arriverons à faire une réelle différence quant à la place octroyée aux femmes dans notre société.
Afin de poursuivre vos réflexions et de réduire à néant quelques idées préconçues quant au féminisme, nous vous invitons à assister à la pièce Féministe pour homme présentée le 22 mars prochain à la Salle J.-Antonio-Thompson. Une œuvre nécessaire traitée avec humour!
Pour le reste, nous tenons à remercier Valérie et Justine pour leur grande générosité. Puissent-elles continuer à élever leurs voix par le biais de leurs œuvres artistiques et ainsi faire une différence significative pour les droits des femmes.