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20 février 2024
Les Jeunes Artistes : Encourager la relève artistique, un·e jeune à la fois
Regard pétillant, verbe animé, visage rayonnant : pas de doute, Laurence Beaulieu-Roy incarne la véritable passionnée cherchant inlassablement à développer son extraordinaire initiative qui a vu le jour en 2019 : Les Jeunes Artistes.
Cette communauté a démarré sur Instagram alors que l’artiste peintre et professeure en arts plastiques au secondaire enseignait à Terrebonne et cherchait à mettre en lumière la fibre artistique des jeunes. « Ce qu’on voit souvent sur les murs d’école, c’est l’expression d’un thème imposé par le professeur dans lequel se diluent les talents individuels. D’où l’idée de cette vitrine numérique offrant à chacun un espace pour présenter son univers personnel et plus largement offrir une reconnaissance des arts visuels au même titre que le théâtre, l’impro ou le sport, explique Laurence. Et c’est bien plus efficace que d’exposer les œuvres uniquement dans les couloirs de l’établissement! On va chercher les jeunes là où leur regard se tourne quotidiennement : leur cell et les réseaux sociaux. »
Laurence Beaulieu-Roy (à gauche) en compagnie d’Alice Bernier lors du tournage pour Globo Chaussures en août 2023. © Gracieuseté
Une initiative qui fait tache d’huile
Partie de 11 abonné·es, la plateforme en compte aujourd’hui un peu plus de 4 300. Celle-ci a permis durant la pandémie de garder le contact avec les jeunes et de leur présenter des tutoriels, ce qui les incitait à créer, révélant ainsi toutes les vertus thérapeutiques de l’art en ces temps ô combien difficiles sur le mental. C’est aussi à ce moment-là que des professeur·es en arts plastiques de Chibougamau et d’ailleurs ont découvert l’initiative, se sont abonnés et ont commencé à envoyer des projets. « C’était comme enseigner à tous les jeunes de la province », s’émerveille l’artiste membre de l’Association québécoise des enseignants en arts plastiques (AQÉSAP) qui soutient l’initiative.
Depuis, ces jeunes artistes en herbe ont réalisé divers projets aux quatre coins de la province : exposition d’œuvres au Café Frida, collaboration avec Globo Chaussures, murales pour Adrénaline Urbaine et l’école secondaire Chavigny à Trois-Rivières, mais aussi au parc Bellevue à Drummondville ou dans la cafétéria du personnel de l’aéroport de Montréal. Et Laurence ne manque assurément pas de nouvelles idées et de projets pour les mois à venir : elle rêve de pouvoir emmener ces jeunes exprimer leur talent à l’étranger!
Compétences transversales et cercle vertueux
Outre le fait de stimuler la motivation du jeune et de valoriser son travail artistique, l’approche de Laurence s’inscrit pleinement dans une démarche de développement social durable et d’économie circulaire. Plus son projet grossit, plus l’éducation des arts visuels en milieu scolaire gagne en notoriété et respectabilité, et plus les subventions affluent jusqu’à permettre aux élèves d’exposer même en dehors de l’école, voire de vendre leurs créations. C’est aussi un moyen de mettre en relation la relève avec des entreprises et des artistes bien établi·es de la région. De cette façon, les jeunes peuvent s’inclure dans la réalisation des projets de ces dernier·ères et créer des synergies humaines au-delà des réseaux sociaux. Bref, une opération « gagnant-gagnant » où les jeunes développent de nombreuses compétences de manière transversale : approche client, mise en valeur et publicité des créations, présentation de la démarche artistique. Le but est double : démystifier la carrière d’artiste, entre projets personnels et travaux de commande, et prouver que la filière artistique ne se résume pas à prof d’art, architecte ou graphiste. Il y a aussi les jeux vidéo, le muralisme, le maquillage professionnel, le montage vidéo…
« J’aimerais que ce soit aussi gros que Secondaire en spectacle ou Alloprof. »
Laurence Beaulieu-Roy
Laurence Beaulieu-Roy (au centre) en compagnie des jeunes ayant participé à la réalisation d’une murale à l’École secondaire Armand-Corbeil en février 2023. © Gracieuseté
Croissance majeure en vue
Au fil de l’échange, on comprend tous les sacrifices et l’investissement en temps et en argent que Laurence a consacré pour amener ce projet à un tournant majeur de sa croissance et de son rayonnement. Elle est même allée jusqu’à mettre sa propre carrière entre parenthèses pour s’occuper pleinement des Jeunes Artistes. Elle a d’ailleurs choisi d’en faire un OBNL, s’entourant au passage d’expert·es issu·es du domaine artistique, bien sûr, mais aussi, du monde des affaires, pour offrir le meilleur aux jeunes tout en retrouvant du temps pour enseigner et créer avec une liberté retrouvée. « Ce n’est pas par estime personnelle que je le fais. Ça part des jeunes et ça s’adresse aux jeunes. » Et de conclure : « J’aimerais que ce soit aussi gros que Secondaire en spectacle ou Alloprof. » Nul doute que les artistes visuel·les de demain sauront éclore et s’épanouir au sein de cet organisme en pleine expansion.
Pour rester informé·e des dernières réalisations des Jeunes Artistes ou pour en apprendre davantage sur l’organisme, c’est par ici.