4 mai 2023

Les Impatients de Shawinigan : s’exprimer par l’art pour mieux prendre sa place

Par Sonia Thiffault

Contenu créé en partenariat avec Culture Shawinigan

Vous avez peut-être déjà entendu parler de l’art-thérapie? C’est la mission que s’est donné l’organisme Les Impatients, soit de venir en aide aux personnes ayant des problèmes de santé mentale par le biais de l’expression artistique.

En offrant des ateliers de création et en diffusant les réalisations qui y sont créées, l’organisme Les Impatients permet l’échange entre les personnes vivant avec un problème de santé mentale et la communauté!

Javier Escamilla, l’artiste et médiateur culturel derrière les ateliers donnés par Les Impatients à Shawinigan. © Joey Richard

De patient·e… à impatient·e

L’idée d’offrir des ateliers de création aux personnes vivant avec un problème de santé mentale a d’abord pris naissance dans certains hôpitaux de Montréal, au début des années 90, où l’on voulait alors marier culture et santé publique. D’ailleurs, le nom Les Impatients vient de cette idée que les gens qui fréquentent ces ateliers ne soient pas considérés comme des patient·es, mais plutôt comme des artistes impatient·es de s’épanouir par l’art et de prendre leur place dans la société.

En Mauricie, une telle approche est possible depuis 2018, grâce à une collaboration avec Culture Shawinigan, qui contribue à offrir un lieu pour les ateliers, et l’implication de l’artiste Javier Escamilla. Ces ateliers ont aussi lieu en association avec l’organisme de la région Le Phénix et sont soutenus par la Fondation de la SSS de l’Énergie et le CIUSSS de la Mauricie et du Centre du Québec. Comme l’explique l’artiste Javier Escamilla, « chaque atelier a une signature et cela permet à ces gens de développer leur confiance en eux. Pour ces personnes qui ont un parcours en santé mentale, la vie n’est pas une ligne droite, c’est une vague avec ses pics, ses hauts et ses bas. Les ateliers permettent aux gens de croire en eux, de favoriser un langage commun et une confiance mutuelle. En thérapie, l’échange peut devenir lourd car on se sent jugé tandis que l’art a le pouvoir inimaginable de briser l’intolérance, de briser les limites et le cadre! »

Quand l’art rime avec respect et inclusion

Pour Javier, ces ateliers sont bénéfiques à plusieurs niveaux puisqu’ils permettent « de donner confiance, de véhiculer un processus d’inclusion culturelle, de se créer des loisirs, de trouver un emploi, bref, de vivre avec la maladie mentale sans vivre dans l’exclusion! »

Composés de huit à dix participant·es, les trois ateliers de deux heures chacun fonctionnent selon un protocole de respect. « Les participants sont toujours accompagnés d’un intervenant et doivent s’engager à être présents. Ils sont dans l’obligation de me dire : Javier, je ne peux pas être là… S’ils ne peuvent se présenter. Ils doivent aussi respecter l’espace, qui appartient à tous, ainsi que les matériaux pour faire la peinture, la sculpture ou autres. Il y a toujours un moment rassembleur, où je les informe au niveau culturel par une lecture, puis où je fais une proposition de deux ou trois activités, qui peuvent se faire de façon individuelle ou en groupe. Puis je donne les lignes directrices. »

« Les ateliers permettent aux gens de croire en eux, de favoriser un langage commun et une confiance mutuelle. »

Javier Escamilla, artiste et médiateur culturel derrière les ateliers donnés par Les Impatients à Shawinigan

peins moi un poeme oct 2019 les impatients shawinigan

Quelques impatient·es en plein processus de création dans le cadre de l’événement Peins-moi un poème (2019) © Javier Escamilla

impatients au travail novembre 2022 les impatients shawinigan

Quelques participant·es laissant aller leur créativité à l’occasion d’un des ateliers des Impatients de Shawinigan (2022) © Javier Escamilla

Les arts au service du bien être

Monsieur Escamilla me confie qu’il se doit d’avoir une approche progressive s’il veut créer un lien de confiance et rendre l’expérience lucrative. « Je commence par faire une approche de base. Qu’est-ce que tu veux travailler? Si c’est l’aquarelle, on commence ensemble, puis une fois que la glace est brisée, je demande à la personne ce qu’elle veut dire, si elle veut parler d’elle, et on fait alors connaissance. Je lui donne des trucs. C’est rempli de défis. Si la personne veut parler de colère ou d’isolement, il faut créer une ambiance de confiance qui lui permettra de sortir de l’anonymat. Une fois que la personne est capable de parler par un geste culturel, ça crée l’ouverture. Parfois, après un certain temps, la personne devient satirique, elle est capable de se moquer d’elle-même. »

Depuis près de cinq ans que Javier s’implique dans différents projets de nature artistique et sociale, les statistiques démontrent bien qu’avant la pandémie, les impacts étaient déjà remarquables avec, notamment, une réduction marquée du taux de tentatives de suicide chez celles et ceux prenant part à des ateliers créatifs comme ceux offerts par Les Impatients. De plus, si bon nombre de participant·es ont pu réduire leur médication, d’autres ont même réussi à retourner sur le marché du travail. « Suite à la pandémie, on a dû s’ajuster puisque la pauvreté a augmenté et nous avons besoin d’encore plus d’heures d’ateliers si on veut suivre le processus d’intégration sociale. Je suis bien content, car bientôt, nous aurons une journée de plus à offrir, et ce, grâce aux bons partenariats que nous avons et à leur engagement économique. Les résultats sont là! »

Pour en savoir davantage sur le volet shawiniganais des Impatients, c’est par ici!

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