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- Interzone : les ruelles comme canevas
Près de 200 personnes étaient présentes sous le soleil clément face au 462 Tamarac, remis d’un malencontreux accident, lors du lancement de la 7e édition d’Interzone en juillet dernier. Entre les œuvres, cocktails, bouchées et sets de DJ, les artistes, les citoyen·nes et les badaud·es circulaient joyeusement dans ce qui représente la cohabitation urbaine et festive par excellence à Shawinigan.
« Interzone, pour beaucoup, ça représente le début des vacances », affirme Louise Paillé, cofondatrice d’Interzone.
Mise en valeur évidente de lieux qui ne le sont pas toujours
D’années en années, l’exposition à ciel ouvert prend de l’ampleur. Chaque année depuis sept ans, on y ajoute des œuvres, des collaborations inattendues. Mais il faut comprendre, autant pour les citoyen·nes que les artistes, que « ce sont des ruelles, et les poubelles, elles vont rester là. Les camions de livraison, la circulation, tout fait partie du lieu », explique Louise. Sur sept ans, il est déjà arrivé que du vandalisme advienne, mais en général, les organisatrices sont touchées qu’il demeure un respect, une sorte de protection des œuvres qui squattent quelques mois de beau temps par année avec l’autorisation des commerçants, les murs et espaces effacés du bas de la ville, qu’on connaît par moment plutôt mouvementé. C’est en intégrant consciemment cette réalité que l’ajout des œuvres d’artistes d’ici de tous horizons arrive à persévérer dans la préservation de cet écosystème, entre l’art et la société, dans ce quartier transformé en musée à ciel ouvert durant l’été.
« C’est sûr que les artistes qu’on invite, il y a là le talent et l’intérêt, mais c’est que ça tient pas nécessairement dans un CV, il y en a qui sont des outsiders. [Ce qui unit] c’est le plaisir qu’on sent de participer à Interzone, ils ont hâte! » Josette Villeneuve, cofondatrice d’Interzone
« Même les taggueurs et graffeurs, on a remarqué qu’ils évitaient de marquer directement sur les œuvres », ajoute Josette, « car on veut que tous trouvent ça le fun, on ne veut pas prendre leur place, et en même temps, ils respectent le travail des artistes ». En somme, Louise et Josette décrivent Interzone comme un événement de participation citoyenne.
Repères du Collectifs Instants formé par Hélène Vallée & Joseph Jean Rolland Dubé. © Collectif Instants
Carte blanche et champ libre
Quand je demande aux organisatrices s’il y avait un thème à respecter pour l’édition de cette année, elles me répondent « Y en n’a pas! ». Lien commun est toutefois cette vibrance dans cette volonté de participer à ce projet unique et déambulatoire, conçu pour les intempéries de l’extérieur avec tous les défis que cela implique. Près de 40 artistes de la région en tout participent à cette édition présentée gratuitement jusqu’au 30 septembre, dont Roger Gaudreau, Cyndie Lemay, Devon Griffiths, Alexis Cantin et Roxanne Lacourcière, toutes et tous présents lors du vernissage.
Muées de Cyndie Lemay et Grégoire Cusson. © Collectif Instants
« Au fond, ce qu’on aime, nous, c’est que les gens qu’on choisit, on sait qu’ils seront généreux dans ce qu’ils vont faire, des gens qui comprennent l’esprit d’Interzone, qui embarquent. Il faut que ce soit fait avec sérieux, mais il faut qu’on ait du fun! »
Louise Paillé, cofondatrice d’Interzone
Bancs publics de Josette Villeneuve. © Collectif Instants
L’imaginaire de toutes et tous sollicité
Encore cette année, des élèves du Cégep de Shawinigan et de l’École secondaire du Rocher ont été appelé·es à collaborer à l’exposition. S’ajoute à cela un texte de Claudiane Gélinas sur sa perspective d’infirmière de L’ancienne ruelle Vantablac et six fresques situées à la jonction entre la 5e rue de la Pointe et la rue Tamarac, une initiative du nouveau collectif mauricien Artiste Super Qualité formé d’Emilie Duchesne, Grégoire Cusson et Éloïse Chamberland.
I spy – Mon Œil Soleil d’Alexis Cantin. © Collectif Instants
Ramener un peu d'Interzone à la maison
L’an dernier, Grégoire Cusson publiait un ouvrage relatant les éditions précédentes d’Interzone. Composé des photos et des textes de plus d’une trentaine d’artistes, ce livre est une véritable œuvre d’art en soi! Disponible au coût de 40 $ chez Abaka, c’est une splendide façon de soutenir et de s’imprégner à distance des œuvres de ces électrons libres de la communauté artistique d’ici, qui redonnent chaque année généreusement au public par la production d’œuvres aussi ambitieuses que trippantes.
Envie de faire l’expérience d’un véritable musée à ciel ouvert? Rendez-vous entre les 4e et 5e rues de la Pointe à Shawinigan jusqu’au 30 septembre pour y découvrir l’édition de cette année d’Interzone!
*Photo d’en-tête : Hardiesse de Valérie Guimond © Collectif Instants