4 juillet 2024

Créations inattendues : les horizons passagés de Laurence B. Lemaire et Romane Dumas-Kemp

Par Chloé Rousseau

Contenu créé en partenariat avec Culture Trois-Rivières

Cet été, du 1er juin au 30 septembre, vous pourrez découvrir les Créations inattendues un peu partout à Trois-Rivières. Présentées par Culture Trois-Rivières, ces expositions éphémères et publiques permettent d’embellir le paysage, mais aussi, de le transformer et de le commémorer. Pour l’occasion, je me suis entretenue avec deux des artistes participantes, Laurence B. Lemaire et Romane Dumas-Kemp, afin d’en apprendre davantage sur leurs projets et leur vision de l’art public.

Les passages de Laurence B. Lemaire

Laurence B. Lemaire est l’artiste derrière Passages, une exposition photo et audio présentée dans le parc Pie-XII et réalisée dans le cadre des Créations inattendues. « Ça fait longtemps que je veux faire un projet photo avec des inconnus. Je voulais documenter les rencontres impromptues, les humains qu’on rencontre par hasard et qui laissent une marque sur nous. » Cette exposition dévoile donc six magnifiques photos – accompagnées d’extraits audio – où l’on peut entendre les participant·es s’ouvrir sur leur vie.

Pour Laurence, le terme « passages » avait une signification bien fondée : « [C’est] un endroit par lequel on passe autant littéralement que métaphoriquement. Tout comme une rencontre, c’est éphémère, mais l’empreinte peut être durable. » C’est haut la main que Laurence a réussi à créer une exposition émouvante et criante de vérité : « Une passante m’a dit que ça ajoutait une dose d’humanité dans le parc, ça m’a fait bien plaisir. C’est ce que je veux faire : piquer la curiosité, puis rassembler autour d’une œuvre. »

Découvrir Passages

« En tant qu’humain, on traverse tous et toutes une gamme d’expériences communes : des amours, des deuils. C’est ma tentative de nous unir autour de ces expériences humaines. »

Laurence B. Lemaire

Photo de Sylvain et Sylvie prise par Laurence B. Lemaire alors que le couple prenait une marche au parc Pie-XII. © Éric Massicotte

Faire partie d’une œuvre

Comme le hasard fait bien les choses, je me suis entretenue avec mon père, Sylvain, qui fut capté, avec sa conjointe, Sylvie, par la caméra de Laurence. Maintenant participant au cœur de cette exposition, il m’a confié son impression : « L’exposition nous a permis [à ma conjointe et moi] de créer un souvenir. En parlant de notre passé, on crée un souvenir présent. » Ayant apprécié son expérience avec Laurence, il affirme que l’exposition « donne un cachet au parc. C’est accessible, c’est gratuit. Le mélange de photo et d’audio ajoute une dimension encore plus humaine. » Laurence confie que c’est entre autres grâce à la générosité des participant·es – comme Sylvain et Sylvie – que l’exposition est un succès!

Les passantes et les passants sont les bienvenus à prendre part à l’œuvre de Romane Dumas-Kemp exposées au parc Antoine-Gauthier, comme en témoigne cette petite roche déposée par un enfant aux côtés de celle installée par l’artiste.  © Gracieuseté de l’artiste

Les différents horizons de Romane

Romane Dumas-Kemp, une artiste bien établie en Mauricie, a créé Horizons, une installation sculpturale au parc Antoine-Gauthier. On y retrouve donc des installations nous permettant d’observer différentes perspectives du paysage : « [Je me suis] attardée au fait que le paysage existe dans nos têtes depuis le jour où les humains ont commencé à regarder l’extérieur à partir de l’intérieur. Comme quoi, sans l’architecture, la nature ne serait jamais cadrée dans des rectangles ou des formes géométriques. […] C’est inspiré de l’idée du belvédère et aussi de la pratique paysagère : du fait de s’asseoir et d’observer ce qu’il y a devant soi. »

Découvrir Horizons

 

L’interaction en temps réel

Romane défini son exposition comme « un lieu dans lequel on peut s’asseoir et admirer l’état réel de l’image devant et autour de nous. » Appréciant tout particulièrement son contexte d’exposition, elle a choisi « un lieu qui est fréquenté par des gens qui aiment observer, admirer, se poser. La vue, en bordure du fleuve, est tellement belle et apaisante. »

L’exposition permet aussi un partage entre l’artiste et le public. Romane mentionne qu’elle a vécu un moment touchant avec un petit spectateur : « J’avais installé une roche sur le rebord de ma fenêtre et un petit garçon, déambulant dans mon installation, est rapidement venu déposer une petite roche à côté de la mienne, en cherchant mon regard. […] J’ai trouvé ça beau, comme quoi on n’a pas toujours besoin de parler avec les mots. » La preuve que les expositions d’art public permettent un partage réel et une communication par le biais de l’art.

« Selon moi, le concept d’exposition en extérieur est vraiment intéressant. Tant pour l’artiste que le public. Ça démocratise l’art, ça le rend encore plus accessible. »

Romane Dumas-Kemp

L’œuvre de Romane Dumas-Kemp fait office de véritable fenêtre sur le fleuve. © Gracieuseté de l’artiste

L'art hors des murs

J’ai questionné Laurence et Romane afin de savoir ce qu’elles pensent de l’art public : « J’adore le fait que l’expo soit en plein air, car ça la rend encore plus accessible, à plein de publics différents. Puis elle dialogue avec l’environnement : les araignées tissent leur toile dessus, les enfants s’arrêtent pour regarder les photos ou courir entre les structures » me confie Laurence.

Toujours dans le même ordre d’idées, Romane affirme que, pour le public, être entouré d’œuvres d’art dans son quotidien permet de « se sensibiliser graduellement et inconsciemment à l’art. » Tandis que pour les artistes, « une œuvre d’art publique permet de penser à des publics plus larges, qui n’ont pas d’attentes. En planifiant une œuvre comme celle-là, je savais que mon public serait composé de beaucoup d’enfants, de familles et aussi, bien sûr, de personnes de tout âge. »

Les artistes des Créations inattendues et Culture Trois-Rivières ont donc bien réussi leur mandat : apporter partage, étonnement et beauté dans la ville! Cette démocratisation de l’art offre l’opportunité à tout un chacun de consommer la culture d’ici, et ce, gratuitement.

Pour découvrir l’ensemble des œuvres réalisées cet été à Trois-Rivières dans le cadre des Créations inattendues, c’est par ici!

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