28 juin 2022

Annie Létourneau: Quand l’art de faire devient l’art d’exister

Par Angélique Ricard

Tout quitter pour vivre de son art, c’est précisément ce qu’a fait l’artiste ALETTO avec sa première expo.

Retour sur le saut dans le vide d’Annie Létourneau!

Il est de ces personnes qui, instantanément, procure une sorte d’énergie vivifiante aux lieux, aux choses et aux êtres qui les entourent, tout comme il existe de ces œuvres parvenant à pénétrer les âmes pour y insuffler cet état de bien-être à la fois simple et tellement particulier, doux et réconfortant, comme déjà connu.  C’est ce que retient l’artiste Annie Létourneau de sa première expérience d’exposition, laquelle se tenait à la coop Le 507 sur la rue St-Georges à Trois-Rivières en décembre 2021, soit en pleine pandémie; ses œuvres ont fait du bien, les gens ont eu la sensation de s’y reconnaitre, d’être touché·es. «C’est la simplicité qui est venue chercher les gens», dit-elle, visiblement émue.

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Résolution 360 #RES360 d’Annie Létourneau © Étienne Boisvert

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Résolution 360 #RES360 d’Annie Létourneau © Étienne Boisvert

Détails de l’exposition Résolution 360 #RES360 d’Annie Létourneau © Étienne Boisvert

Un projet ambitieux

En observant son travail, on comprend que l’artiste est animée d’une vibration hors du commun, qui résonne à travers ses couleurs et l’ampleur des formes qu’elle exprime à la manière d’une musique qui serait non pas sonore mais formelle, et qui s’élèverait comme s’élève un arbre, dans une poésie secrète mais palpable, un chaos délicat.  Pourtant, si à première vue Résolution 360 #RES360, ce projet ambitieux auquel l’architecte de métier a consacré une année entière alors que le virus atteignait des proportions horrifiques, peut sembler empreint d’une certaine candeur rappelant l’art naïf, il n’a rien de simple.  En effet, celle qui avoue avoir de la difficulté à lâcher prise, «qui pourrait même travailler 22 heures sur 24», nous offre à travers cette proposition, dont l’authenticité ne fait aucun doute, une véritable leçon de vie, sous la forme d’une fresque rappelant à l’artiste elle-même «l’intérieur de son cerveau».

Peindre comme on court

Il faut savoir que ce projet est le résultat de ce qui, au départ, se voulait une «simple» résolution : Résolution 360 #RES360 est né d’un désir pour Létourneau de «prendre du temps pour soi, de s’arrêter une demi-heure par jour».  Ainsi, pendant un an, la femme d’une nature indéniablement spontanée s’est employée à peindre jours après jours, avec en tête ces simples critères : «il faut que ça se fasse de partout et facilement».  L’aquarelle s’est donc imposée naturellement, ce médium fluide, qui permet une certaine rapidité d’exécution et qui n’est pas sans rappeler à la joggeuse invétérée sa propre personnalité.  Elle compare d’ailleurs son processus de création artistique à la manière dont elle appréhende la course ; si elle peint avec un seul pinceau, «son fidèle ami», n’importe où, n’importe quand, puisqu’elle emporte toujours sa palette et son cahier de croquis, il en va de même pour la course : «il y a juste des souliers à se mettre dans les pieds», observe-t-elle en riant.  L’expérience résultant de ce choix de peindre une fois par jour s’apparente même, selon elle, au rapport qu’elle a entretenu avec le projet de se mettre à la course, car si en débutant elle courrait une minute et était essoufflée, elle peut aujourd’hui être fière d’avoir compléter un marathon!

Détails de l’exposition Résolution 360 #RES360 d’Annie Létourneau © Étienne Boisvert

Une année dans la vie d'Annie

Annie Létourneau s’est tout de même étonnée du résultat de Résolution 360 #RES360, une fois que l’œuvre fut installée dans le lieu d’exposition.  Devant elle s’étalaient 360 images résumant chacune à leur manière propre une année entière, tels les témoins fixes d’une intériorité sans cesse en mouvement, changeant de formes et de couleurs comme les émotions changent, elles aussi.  L’œuvre, présentée en colonnes se rapportant chacune à une semaine, se proposait donc comme une véritable allégorie du phénomène qui colle à l’existence humaine telle une peau unique, partagée par tous et toutes, celui de l’évolution.  D’ailleurs, à travers cette expérience qui, somme toute, consistait à prendre le temps de faire quelque chose pour elle, l’artiste retient l’importance de l’émerveillement.  C’est, précise-t-elle, un des piliers principaux de sa démarche, qu’elle souhaite non seulement retrouver à travers son processus de création, mais également transmettre par ses œuvres.

Avec une décomplexion mêlée d’une passion certaine, Annie Létourneau conclut ainsi : «je suis seulement une personne qui a fait quelque chose qu’elle aime une fois par jour».  De quoi inspirer et, certainement, faire réfléchir les angoissés du temps qui passe que, tous et toutes, à certains égards, nous sommes.

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