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31 mai 2022
10e Biennale nationale de sculpture contemporaine des artistes qui façonnent le monde autrement
Et si les relations humaines étaient des matières malléables permettant aux artistes d’imaginer le monde autrement? Dans le cadre de la 10e Biennale nationale de sculpture contemporaine, des créateurs du Canada et de l’étranger ont imprégné leur démarche artistique de cette réflexion.
Portées par le thème de l’événement Marche, démarche, manœuvre, leurs œuvres repoussent les conventions de la sculpture, autant qu’elles questionnent les hiérarchies sociales et politiques, sondent notre rapport à l’autre et réexaminent nos conditions de vie. En attendant d’en faire la visite à partir du 23 juin, l’équipe de la Biennale ouvre une fenêtre sur le travail inspirant de cinq des 14 artistes invité·es, à l’esprit et au tour de main revendicateurs.
Sarah Rothberg (2022) © Emile Askey
Sarah Rothberg
Vue par Anne-Marie Lavigne, membre du comité d’orientation artistique de la BNSC.
L’apparente simplicité des œuvres de Sarah Rothberg masque la complexité de leurs questionnements sur l’impact des technologies sur nos corps, nos identités et nos perceptions. L’installation présentée immerge le public dans une réalité virtuelle où notre connectivité à l’eau et les gestes du quotidien qui y sont reliés deviennent des métaphores de la fluidité qui nous lie aux autres et à l’environnement. Cette plongée poétique ludique nous a interpellée par sa capacité à toucher des publics de tous les âges qui seront invités à considérer l’impact de chaque geste posé sur les systèmes globaux qui encadrent nos vies.
Sheena Hoszko (2022) © Sheena Hoszko
Sheena Hoszko
Vue par Daniel Fiset, commissaire invité au comité d’orientation artistique de la BNSC.
Les œuvres de Sheena Hoszko intriguent d’abord par le choix des matériaux: des objets communs, souvent liés au domaine de la construction, tels que des clôtures de sécurité, des murets de béton ou des bâches bleues. Utilisés le temps de la présentation de l’œuvre, puis retournant à leur usage premier une fois l’exposition terminée, ces objets sont employés comme des unités de mesure subjectives par lesquelles l’artiste tracera les périmètres de diverses prisons québécoises et canadiennes. Les œuvres qui résultent de ce processus, à la fois monumentales et éphémères, rendent ainsi visible les lieux d’incarcération provinciaux et fédéraux qui sont généralement placés en retrait des centres-villes, et donc, cachés de la plupart des citoyen·nes. Près de la thématique de la 10e BNSC par l’élaboration de cette démarche critique et ouverte, le projet nous invite à manœuvrer différemment les ressources publiques allouées à l’incarcération, imaginant d’autres façons d’assurer le respect, la santé et la sécurité de tou·tes.
Carlos Amorales (2022) © Estudio Amorales
Carlos Amorales
Vu par Guylaine Champoux, membre du comité d’orientation artistique et trésorière de la BNSC.
La démarche de Carlos Amorales nous a touché par son désir de questionner la communication et la définition de l’œuvre d’art de l’espace. L’approche du processus de création de cet artiste ne se cantonne pas dans une seule discipline, mais il joue de diverses stratégies formelles et sonores afin de questionner les perceptions et les frontières des codes de communications. Chez lui, les aspects du langage empruntent des nouvelles formes, des sons inédits, dans l’espace et le temps, et proposent ainsi une poésie parfois troublante. L’expérience l’emporte sur le narratif codifié. Nous avons apprécié retrouver un sens de l’identité spécifique qui s’adresse à l’universel. Il y a dans son œuvre une alternance et une osmose entre le poétique, le politique et le geste artistique qui s’adresse à tou·tes.
Patrick Beaulieu (2022) © Patrick Beaulieu
Patrick Beaulieu
Vu par Lynda Baril, membre du comité d’orientation artistique et directrice générale de la BNSC.
Le travail artistique de Patrick Beaulieu peut se qualifier de manœuvre furtive et de recherche expérimentale et contemplative des phénomènes naturels. En exposant ses véhicules de prédilection et les traces de ses processus de recherches, le dernier projet de l’artiste, intitulé Fondre, ne pouvait s’incarner davantage dans la thématique Marche, démarche, manœuvre. Les aspects écoresponsable et olfactif de cette œuvre ont également suscité l’intérêt du comité d’orientation artistique.
Guillaume Brisson-Darveau (2022) © Guillaume Brisson-Darveau
Guillaume Brisson-Darveau
Vu par Audrey Labrie, membre du comité d’orientation artistique et directrice artistique de la BNSC.
Ce qui a d’abord capté notre attention dans la démarche de Guillaume Brisson-Darveau, c’est l’utilisation de logiciels informatiques dans la création de formes aux angles nets qui sont reportées dans une matière faite de cartons recyclées. Faut-il rappeler que Trois-Rivières fut longtemps la capitale mondiale du papier? Par ailleurs, un partenariat s’est créé avec le Centre de recherche en produit cellulosique Innofibre et la mise en relation avec Guillaume fut évidente. Cette initiative permet ainsi de pousser la recherche et le développement de multiples possibilités, autant pour l’entreprise que pour la carrière et les études doctorales de l’artiste.