14 juin 2022

Tricyckle des Sages Fous: Quand l’insolite s’invite au cœur de la ville

Le 4 avril dernier, François Fournier assistait au spectacle Tricyckle des Sages Fous. Bien qu’ayant déjà vu plusieurs spectacles présentés par la compagnie, c’était la première fois qu’il avait la chance de voir une pièce créée par celle-ci.

L’église St-James qui leur sert de quartier général habituellement étant en rénovation, c’est à la salle Louis-Philippe Poisson de la Maison de la culture de Trois-Rivières que la metteuse en scène et conceptrice South Miller accueillait les spectateurs et les spectatrices. Comme à chaque représentation, l’artiste s’est fait un devoir d’introduire en quelques mots l’univers dans lequel nous allions être plongé·es dans les minutes suivantes.

Tricyckle des Sages Fous © Étienne Boisvert

Une plongée dans les abysses du subconscient

Interpellés par des flèches et une carte de jeu, un homme et son tricycle pénètrent dans un labyrinthe mental rempli de mystère. Son tricycle se transforme sous nos yeux en de multiples personnages qui accompagnent le protagoniste dans ce périple au bout de lui-même.

Tricyckle est donc un voyage dans la tête du personnage principal qui s’enfonce dans des souvenirs qu’il croyait disparus, à travers un théâtre d’objets et de marionnettes aux accents de réalisme magique.

Mais Tricyckle peut être mille autres choses si vous voulez. Comme le mentionne South Miller dans sa présentation, chacun·e crée son histoire et interprète la pièce à sa façon. L’important est de se laisser guider par sa propre imagination pendant l’heure que dure le spectacle. La pièce étant structurée sous forme de tableaux plus ou moins autonomes, on se réveille souvent dans un nouvel univers, sans même s’être vraiment rendu·e compte de la transition. Comme dans un rêve!

Tricyckle des Sages Fous © Étienne Boisvert

Du théâtre sans paroles

Seul sur scène, Jacob Brindamour porte la pièce sur ses épaules du début à la fin, avec un jeu emprunté au mime. Il manipule les marionnettes et les divers objets à qui il sait insuffler la vie avec brio. En l’absence de dialogue, son corps devient un véritable outil d’expression, sans jamais tomber dans le piège de l’excès. Son jeu demeure toujours sobre et senti.

La mise en scène fait beaucoup appel à l’éclairage, aux jeux d’ombres, aux sons et à la trame musicale de Christian Laflamme. Les objets confectionnés à la main par la production, à partir de rien ou de matériaux récupérés, ajoutent une touche à cet univers forain et post-industriel. Malgré le caractère niché de cette proposition dramatique, mentionnons que Tricyckle demeure une pièce très accessible. C’est la beauté du travail des Sages Fous : être à la fois accessible et avant-gardiste.

Entre originalité et universalité

Profiter de la présence de cette troupe à Trois-Rivières est un privilège. De par l’originalité de leur travail et celui des artistes qu’elle fait venir ici, elle peut faire de Trois-Rivières une plaque tournante en matière de théâtre d’objets. De plus, la beauté du théâtre sans paroles repose sur son universalité et permet d’attirer une audience moins à l’aise avec le théâtre trop verbeux.