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- Sur la route d’Ivan Boivin-Flamand
En direct de Kuujjuaq, le guitariste atikamekw originaire de Manawan, Ivan Boivin-Flamand, a pris une pause de sa tournée de spectacles pour nous parler de son parcours et de ses projets.
Ivan Boivin-Flamad arborant son emblématique béret complété par ses lunettes fumées et son médaillon. © Hugo B. Lefort
Le rythme dans le sang
Déjà, avant de toucher à son instrument fétiche pour la première fois, une guitare aussi grande que lui prêtée par sa grand-mère, le jeune Ivan adorait jouer de la batterie sur du Lenny Kravitz. Malgré cet attrait pour la musique, il a d’abord pensé devenir médecin afin d’aider son jeune frère handicapé. Une de ses premières compositions enregistrées par le Wapikoni mobile, Mon p’tit frère, aborde ce touchant sujet.
En 2014, à l’âge de 16 ans, Ivan participe à l’émission de télé Le Rythme animée par Samian. La carrière du musicien fraîchement sorti de l’école Mikisiw d’Opitciwan prendra alors son essor. Une collaboration avec l’auteur-compositeur-interprète Matthew Vachon lui vaudra un appel du percussionniste Louis-Philippe Boivin qui le mettra en lien avec la communauté innue de Maliotenam, dont Scott-Pien Picard, le groupe Maten, Claude McKenzie et Florent Vollant.
Véritable étoile montante, Ivan Boivin-Flamand sait comment enflammer les foules! © Jean-Charles Labarre
Bon Jovi, Richie Sambora et Réjean Bouchard
Pour canaliser ses émotions, comme Bon Jovi, « sans beurrer épais », comme Richie Sambora, Ivan pratique jusqu’à cinq heures par jour. Patience et persévérance. Son mentor, Réjean Bouchard, lui avait conseillé d’élargir son vocabulaire en apprenant plusieurs styles : folk, rock, country, heavy ou même un peu de jazz pour quand il « échappe une fausse note ».
Au-delà de son héritage ancestral de nomadisme, sa famille a toujours aimé voyager, dormir dans des hôtels. Ivan semblait prédestiné pour faire de la tournée. Cet été, sa copine l’accompagne. Rencontrée dans un Pow Wow, c’est elle qui a tressé les perles sur son emblématique béret complété par ses lunettes fumées et son médaillon. Elle pourra ainsi partager avec lui son expérience, vivre les hauts et les bas d’une tournée : la route, l’attente, les tests de son, la gestion de la météo, courir à sa voiture entre deux chansons pour changer une corde…
Sans oublier les duels de guitare parfois périlleux. Le dernier a eu lieu avec le guitariste Simon Godin, mais le plus marquant restera celui où, en jouant derrière sa tête à la Jimi Hendrix, Ivan a accroché celle de Réjean Bouchard. « J’ai cogné la tête d’une légende du Québec. »
Ivan Boivin Flamand, à sa sortie de scène tout juste après son dixième spectacle au festival Innu Nikamu en 2022.© Catherine Paquette pour Radio-Canada
De retour à la maison
Chez lui, Ivan aime prendre un café au réveil en ouvrant son MacBook pour enregistrer ses idées accumulées sur la route. Un premier album se prépare justement pour 2024. Après ses nombreuses collaborations à des projets collectifs ainsi qu’avec des artistes renommés, ce projet-ci sera le sien, paroles et musique.
Grâce à ses bons contacts avec Richard Séguin et ses musiciens, c’est Hugo Perreault qui réalise son album. Le bluesman se fera soul, funk et pop, laissant une bonne place pour les synthés, notamment, ceux de François Lafontaine « qui est un magicien ». La voix de Marie-Christine Depestre résonnera également avec la sienne.
Ivan rêvait de faire des chansons depuis longtemps, mais disait manquer d’expérience vocale. Alors, il a travaillé. Montrant ses avancées à Réjean « peu de temps avant qu’il parte », ce dernier s’est exclamé : « Qu’est-ce que t’as mangé ? » On a hâte de le savoir.
Vous aimeriez entendre plus de musique autochtone à la radio ? Ivan vous invite à signer la pétition pour l’instauration d’un quota de 5% de contenu musical autochtone sur les ondes des radios publiques et privées au pays. Mikwetc!