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27 septembre 2022
Renée Cloutier, agente d’artistes : quand la profession s’impose
Avec vingt-cinq ans de métier dans le milieu artistique, Renée Cloutier nous parle de son parcours, entre Louiseville et Montréal, sur les chemins qui l’ont menée à fonder sa propre agence d’artistes.
Renée Cloutier, agente d’artistes © Ray de Création Style Montréal
De la ferme à la scène
Renée Cloutier n’a jamais prévu ou même souhaité devenir agente d’artistes. Elle l’est devenue un peu à son insu, poussée par ses aptitudes naturelles et son goût pour l’organisation d’événements. Elle a grandi sur une ferme, à Louiseville au sein d’une famille de neuf enfants. «Aller au musée ou au théâtre ce n’était pas dans nos choix d’activités… Mais, je ne sais pas pourquoi, la première chose que j’ai faite quand j’ai eu une paye, après mon bac, c’est m’abonner au Théâtre de Quat’Sous.» C’est là qu’elle découvrira, entre autres, l’extraordinaire adaptation de Tchékhov par Serge Denoncourt Je suis une mouette (non, ce n’est pas ça). Renée aime la scène, le jeu, les beaux textes… et elle a le sens des affaires! Au moment de vider la maison de son enfance, elle a d’ailleurs retrouvé des carnets remplis d’idée de projets révélant les premières manifestations de son âme d’entrepreneure.
Je suis une agente (non, ce n'est pas ça)
Sa fréquentation des mythiques Lundis des Ha! Ha! à Montréal lui a donné le goût de prendre un premier risque financier en créant des soirées semblables à Louiseville : les Vendredis dingues. L’événement fonctionne et crée de l’intérêt. À sa grande surprise, une journaliste du Nouvelliste qui couvrait l’événement clôt son article en mentionnant que Renée Cloutier souhaite devenir agente d’artistes. Mais l’avait-elle vraiment déclaré?
Encore incertaine de sa route, elle décide de faire un baccalauréat en entrepreneurship aux HEC de Montréal où elle se spécialise en intraprenariat, à l’instigation d’un de ses professeurs. Cela la mènera à la direction administrative de L’École nationale de l’humour, sous l’égide de Louise Richer. À ce moment, des humoristes viennent déjà la consulter pour avoir des conseils. Elle se retrouve ensuite «dans une grosse boîte de production», chez Octant, pendant quatre ans. En plus de son travail auprès des humoristes, elle y accompagne une chanteuse lors d’une tournée européenne.
Rencontre d’agence (2018) © Renée Cloutier
Toujours prête!
Renée quitte ensuite pour «se partir à son compte» en tant que gérante d’humoristes. Mais le théâtre lui manque et, en 2007, elle s’associe avec une ancienne collègue pour fonder une agence faisant également place aux acteurs et aux actrices. Cette agence sera divisée en 2011 pour faire naître Renée Cloutier agence d’artistes, une entreprise basée sur trois principes: «Il faut que ce soit le fun et que ce soit payant (mais pas toujours de manière monétaire). Fluide, aussi. Parce que si c’est compliqué, on fait autre chose…»
Au-delà de la gestion des courriels, le quotidien d’une agente est à géométrie variable. Il doit toutefois reposer sur une structure administrative solide. Lors d’un appel d’audition, les fichiers Excel de Renée doivent être omniscients. Quelle grandeur? Fumeuse ou pas? Droitier ou gaucher? Une prise ou une perte de poids non référencée pourrait mettre en retard une costumière et toute une équipe de production…
Aujourd’hui, après avoir traversé les tourments de la pandémie, Renée partage maintenant ses tâches avec une assistante et deux coordonnateurs. Cela lui donne le temps de vivre d’autres expériences, comme celle de diriger la Chambre de commerce et de l’industrie de la MRC de Maskinongé. Mais son agence avec ses 35 artistes restera toujours son bébé.