Maude Alain-Gendreau : une artiste multidisciplinaire et solaire

Quand la réalité ne reflète pas nos idéaux

Dès sa plus tendre enfance, Maude affirme son individualité par la créativité que lui confère le mouvement. Interpellée par le monde du divertissement, la fillette crée un univers où elle se permet de rêver. Lorsque questionnée quant au métier qu’elle souhaiterait exercer une fois devenue adulte, la petite Maude n’hésite pas : elle veut concevoir des spectacles, mais surtout de la musique. Exprimant son essence par divers canaux, très tôt, les harmonies occuperont une place prépondérante. Des cours de piano l’inciteront à se consacrer entièrement à une formation musicale. Les années défileront, si bien que Maude se métamorphosera en une musicienne intuitive et de talent. Fière titulaire d’un baccalauréat en Interprétation Jazz à l’Université McGill, la jeune femme y laissera quelques plumes. Les exigences institutionnelles auront raison de sa nature même. La spontanéité qui la définissait s’envolera au profit de la théorie et de la technique.

Nonobstant cette brisure psychologique, Maude jouira d’un début de carrière florissant. Elle se frottera néanmoins à un milieu en constante évolution, où la pression deviendra considérable. « J’ai eu une belle ascension, une belle carrière. J’étais sur les plateaux de télé. J’étais une musicienne pigiste. Je faisais partie de groupes de musique. Je faisais de la scène culturelle, du corporatif, des mariages, etc. […] Un jour, il y a eu une ascension vers une rupture. »

Se poser pour mieux avancer

Sans crier gare, la dépression fera son apparition, perturbant ainsi son mode de fonctionnement habituel. La cause : « un milieu qui ne correspondait pas à mes valeurs, imprégné de réalités confrontantes par rapport à ce que j’imaginais jeune. » Cherchant à donner un sens à sa vie, Maude complétera un certificat en science de l’environnement à l’Université du Québec à Montréal pour comprendre le monde dans lequel elle évolue. En parallèle, l’artiste continuera d’honorer ses derniers contrats. « Ça m’est arrivé d’être sur scène, de me cacher derrière mon piano puis de pleurer. » Ayant perdu tout sens créatif et repère identitaire, elle avoue que « c’était un reset nécessaire ». Délaissant la vie telle qu’elle l’avait toujours connue, Maude et son conjoint de l’époque iront s’établir à St-Élie-de-Caxton où le couple se construira une mini maison dépourvue d’eau courante et d’électricité. Adoptant ce mode de vie pendant un an, Maude se détachera de la musique, s’imprègnera de tous les bienfaits de la terre et amorcera un processus de guérison. Après de nouvelles expériences et de nombreux moments éprouvants, l’artiste renouera peu à peu avec sa créativité. « Elle est revenue dans une forme exponentielle. Ç’a été progressif, mais extraordinaire. C’était pour moi une joie, je l’accueillais sans savoir à quoi m’attendre. »

Se réapproprier son identité à travers la création

Avec ce renouveau, Maude prendra conscience de son aversion pour les étiquettes. Conséquemment, elle ne se définira plus en tant que pianiste, mais plutôt comme une artiste multidisciplinaire. « Ça ne me limite pas dans ce que je suis. C’est une libération, un épanouissement. » Dès lors, elle s’amusera avec divers médiums pour exprimer sa créativité, que ce soit par l’écriture, le court-métrage, la narration ou la photographie. Maude deviendra également médiatrice culturelle. Dans le cadre de ses fonctions, elle créera, entre autres, des ateliers pour adultes ainsi que pour enfants où elle partagera ses connaissances et éprouvera le pouvoir du groupe par l’expression de soi. Par cette expérience, où l’exploration est à l’honneur, elle prônera « l’épanouissement à travers la rencontre d’un médium artistique ». Elle encouragera les participant·es à aller à la rencontre de soi, mais également à la rencontre de l’autre. Incarner son essence par le biais de multiples projets lui permettra de reprendre contact avec la musique de manière tout à fait décomplexée.