- Accueil
- Magazine
- Arts de la scène
- L’impro, c’est du sérieux!
On retient souvent du match ou du spectacle d’improvisation qu’il fait rire. Il faut toutefois savoir que, derrière la bonne blague de la soirée, il y a tout un univers.
Jolaine Baril, présidente de la Ligue d’improvisation mauricienne, plus communément appelée la LIM. © Frédéric Bernard
Plus complexe qu’il n’y paraît
On connait toutes et tous des personnes que l’on a de la facilité à imaginer sur un improvisoire, souvent car elles sont naturellement drôles et extraverties, mais il s’avère en réalité qu’un talent pour la drôlerie est loin d’être suffisant pour garantir du succès dans ce domaine.
Pour qu’une blague produise l’effet escompté, il faut que le public soit attentif et ouvert. Il faut bien préparer le terrain. En improvisation, ça veut dire créer un univers, écrire une histoire, incarner un personnage et arrimer le tout avec ce que proposent les autres. Ainsi, si l’énergie et le sens de la répartie sont nécessaires, improviser est aussi et surtout un travail d’équipe, donc l’écoute et la flexibilité sont des qualités très prisées.
Jolaine Baril, présidente de la Ligue d’improvisation mauricienne, confirme d’ailleurs que, lors de leur camp de recrutement, les membres des noyaux chargés de sélectionner les joueurs et joueuses pour la saison ne s’en tiennent pas qu’à la performance : « On ne connait pas nécessairement les gens qui se présentent au camp de recrutement, mais on souhaite toujours leur parler. Au-delà de la performance, on veut voir à quelle personnalité on a affaire. »
« Tout le monde peut improviser et tout le monde peut apprendre à être drôle. Mais ce qui est d’autant plus fascinant, c’est qu’en apprenant l’impro, on apprend d’abord et surtout une multitude d’autres choses. »
© Sophie Toutant-Paradis
Apprendre
Si l’on a de la facilité à imaginer certaines personnes improviser, d’autres, au contraire, se sentent attirées par la discipline, mais n’osent pas tenter leur chance, croyant qu’elles n’auraient peut-être pas toutes les compétences nécessaires.
Il suffit toutefois d’entendre quelques joueurs ou joueuses nous raconter leur parcours pour comprendre que personne ne débute en étant au sommet de son art. Si le fait de se lancer peut faire peur au début, on comprend rapidement que l’improvisation, comme n’importe quelle discipline, peut s’apprendre.
La plupart des improvisateurs et improvisatrices font leurs premiers pas dans le milieu scolaire mais, de plus en plus, on voit se développer des chemins alternatifs. Montréal et Québec ont déjà leurs écoles d’impro, proposant une variété de cours aux apprenants de tous les âges. Une telle initiative reste à naître en Mauricie, mais les ligues de la région organisent parfois des formations dans la formule « classe de maître » ouvertes au public.
Ainsi, il devient clair que tout le monde peut improviser et que tout le monde peut apprendre à être drôle. Mais ce qui est d’autant plus fascinant, c’est qu’en apprenant l’impro, on apprend d’abord et surtout une multitude d’autres choses.
Au-delà des compétences permettant de mieux performer sur scène, la pratique de l’improvisation permet aussi, entre autres, d’augmenter la confiance en soi, d’apprendre à mieux composer avec l’imprévu et de développer des compétences permettant de communiquer de manière efficace.
Jocelyn Garneau, improvisateur et chercheur à l’Observatoire québécois du loisir. © Gracieuseté
Jocelyn Garneau, professionnel de recherche à l’Observatoire québécois du loisir et improvisateur, a pu voir à l’occasion d’une étude en 2018 auprès de plus de 600 improvisateurs et improvisatrices adultes de partout au Québec que les avantages perçus par celles et ceux qui pratiquent la discipline sont multiples.
En effet, lorsqu’on leur demande quels sont les bénéfices de pratiquer l’improvisation de façon amateure, les participant.es parlent du plaisir pur et simple, de l’exutoire que cela représente, de l’opportunité d’exploiter un potentiel créatif, du développement de compétences qui leur sont utiles dans d’autres sphères de la vie, notamment au travail, et de l’accès à un réseau social, entre autres choses.
L’improvisation peut même avoir une visée de guérison, lorsqu’elle est, par exemple, pratiquée en contexte de thérapie, où l’aspect « performance publique » est inexistant.
Ainsi, lorsque le public repart détendu et diverti après une soirée d’improvisation où il a bien ri, il est souvent loin de se douter que ce n’est peut-être pas lui qui a retiré le plus de cette soirée.
Envie de savoir où est-ce que vous pouvez aller voir de l’impro en Mauricie, c’est par ici!