Le pouvoir de la gratuité en culture

« Offrir de la culture à tous, c’est vital en fait. Ce n’est pas tout le monde qui a accès à des spectacles ou qui est prêt à payer pour ça », mentionne d’emblée Philippe Gauthier, directeur général et artistique chez Culture Shawinigan. Selon lui, la culture disponible gratuitement au grand public demeure essentiellement la télévision, la radio et le contenu disponible en bibliothèque. Ainsi, qu’une instance comme Culture Shawinigan propose bon nombre d’activités sans frais, principalement au niveau des arts de la scène et des arts visuels, permet à différents publics de s’initier à de nouvelles pratiques culturelles.

Philippe Gauthier ressent véritablement la volonté de la ville de Shawinigan d’offrir une telle programmation riche en propositions. « On voit qu’il y a vraiment un engouement pour les spectacles. Les gens en parlent beaucoup », relève-t-il. À ce propos, Virginie Fréchette, agente aux communications à la Corporation de développement communautaire de Shawinigan (CDC) souligne l’apport central des grands programmateurs dans le déploiement d’offres culturelles gratuites. « Leur rôle est primordial puisque sans cet investissement-là il n’y aurait pas ça [des activités culturelles gratuites]. Ça ternirait toute cette belle couleur qui est possible dans la vie de chacun ».

Pour un accès plus équitable

Travaillant à la CDC de Shawinigan qui a pour mission de soutenir les groupes communautaires dans leur développement social, Virginie Fréchette voit les impacts positifs d’un accès à la culture. « On remarque que beaucoup d’organismes utilisent l’art pour différentes raisons. Ça peut être pour renforcer le tissu social, pour l’inclusion, pour essayer d’avoir une meilleure égalité des chances, puis pour valoriser les artistes locaux à travers tout ça ». Elle soulève également que l’art permet de renforcer les liens sociaux, de diminuer le stress, d’éduquer et de sensibiliser à divers enjeux sociétaux.

C’est pourquoi la culture a un pouvoir social indéniable selon elle. « Ça soude la communauté et ça démarginalise aussi les clientèles vulnérables. Ça crée une cohésion sociale avec ceux qui connaissent moins le milieu communautaire ». Virginie Fréchette donne l’exemple de l’exposition de photos de l’hiver dernier, Regarde-moi, de l’ADI-TSA. Ce projet présentait des portraits de personnes avec une déficience intellectuelle et du trouble du spectre de l’autisme. Voulant que le grand public croise le regard avec les personnes photographiées, cette exposition permettait selon elle de déconstruire et transcender les idées préconçues à leur endroit.

Éveiller la curiosité

Pour le directeur général et artistique de Culture Shawinigan, Philippe Gauthier, l’un des objectifs d’une offre culturelle gratuite est d’éveiller la curiosité du public. Une programmation gratuite rime avec de nouvelles découvertes artistiques selon lui. « Les grands bénéfices de tout ça, c’est la découverte des artistes. Ça nourrit les gens et ça éveille leur curiosité, puis ça va peut-être les amener à sortir de chez eux pendant l’année pour aller découvrir d’autres propositions artistiques ».

Il mentionne ainsi la difficulté pour les grands programmateurs comme Culture Shawinigan d’attirer de nouveaux auditoires dans le cadre de certaines performances en salle dues à leur apparence plus hermétique. « Programmer un spectacle de danse contemporaine en salle, ce n’est pas évident d’aller chercher un nouveau public. Ce sera un public qui a une affection pour la danse et le mouvement. Même chose pour le théâtre ». Philippe Gauthier donne ainsi pour exemple le médium de l’humour qui fonctionne particulièrement bien considérant son accessibilité plus évidente.

Il soutient également que le festival de théâtre de rue Les Escales Fantastiques était une proposition unique et efficace dans cette visée. Puisque l’évènement permettait d’allier à la fois des propositions populaires et plus nichées, il avait la capacité de mettre de l’avant une offre culturelle diversifiée, en matière d’art vivant, à laquelle le grand public aurait plus difficilement accès en d’autres circonstances. Le directeur note également des initiatives d’art public, comme Interzone, qui permettent de manière inusitée et accessible de faire rayonner la culture.

Rappelons que Culture Shawinigan propose cet été une grande variété de spectacles, à commencer par les Grandes soirées Desjardins présentées tous les vendredis soir à la place du Marché. De multiples performances à saveur musicale s’ajoutent aux quatre coins de la ville tout au long de l’été. Que ce soit au parc du Centenaire-de-Grand-Mère, au parc Saint-Maurice au centre-ville, ou encore, au parc de l’Horloge dans le secteur Shawinigan-Sud, tous les styles s’invitent.

« À Shawinigan, les gens sont chanceux parce qu’ils ont une belle programmation. Des moments pour se rencontrer et vivre quelque chose d’intéressant. Puis après ça, pourquoi ne pas poursuivre plus tard en salle? », conclut Philippe Gauthier.