3 septembre 2024

La musique country en cinq styles

Par Élise Rivard

Une vieille maison de bois avec un banjo posé sur la rambarde. Un cowboy solitaire menant un troupeau. Des travailleurs sur un chemin de fer ou des agriculteurs épongeant leur sueur dans la chaleur du sud. Vous entendez ces scènes? La musique country peut avoir ses clichés, mais il est temps de dépoussiérer ses origines et de découvrir cinq de ses nombreux styles. Enfilez votre chapeau et au galop!

Il était une fois dans l'Est

Ce n’est pas dans les grands ranchs ou dans les champs de blé qu’est né la musique country, mais c’est bien au cœur des montagnes des Appalaches que vous entendrez l’écho de ses origines. Là où la musique des immigrants européens va rencontrer le gospel, les work songs et les instruments américains. Ensemble, ils donnent naissance à l’old time music, un son folklorique qui évoque la vie quotidienne des ruraux : le travail, la pauvreté, la misère, mais aussi, Dieu et l’amour!

Ce folklore de plus en plus populaire s’appellera ensuite « hillbilly » (qui signifie péquenaud ou montagnard), un terme péjoratif qu’on laissera tomber pour préférer « la country ». Parfois rythmée, parfois plus sentimentale, ses thèmes de base demeurent, mais de la voix nasillarde qui chante la ruralité, la country va se cultiver en de nombreux genres et sonorités pour atteindre l’urbanité. Sa popularité grandira entre autres grâce au cinéma parlant américain.

Bluegrass

Le terme bluegrass s’inspire de l’herbe bleue des plaines du Kentucky (appelé the Bluegrass State). Nommé ainsi par Bill Monroe, le créateur de ce style plus acoustique, le bluegrass est directement dérivé de la musique old time.

Le bluegrass atteint son apogée dans les années 1940-1950, avant d’être supplanté par le rock’n roll. Il fera un retour dans les années 1960 alors que la musique folk retrouve ses lettres de noblesse avec des artistes comme Bob Dylan, et au début des années 2000 grâce à des chanteuses comme Alison Krauss ou Rhonda Vincent.

When The Grass Grows Over Me © Rhonda Vincent

Honky Tonk

La musique dite « honky tonk » est née dans les années 1930 après la Grande Dépression et tout le pessimisme qu’elle a engendré dans les régions du sud des États-Unis. On la considère la country des blancs pauvres d’Amérique. On dit d’elle qu’elle « désigne en 1891 un petit bar mal famé du sud du Texas, où le public essentiellement masculin y boit et joue en galante compagnie! »

De la musique country plutôt rurale et centrée sur des valeurs religieuses et familiales, on passe donc à un genre qui raconte un contexte urbain en abordant des thème propre aux plaisirs qu’offre la vie en ville, mais aussi, des problèmes qu’elle engendre comme le divorce, l’adultère, la solitude et l’alcoolisme. Cette musique s’est frappée au puritanisme américain qui l’a classée comme immorale. Inspirée du ragtime et de la polyrythmie des musiques africaines, le honky tonk s’est d’abord fait connaître par Ernest Tubb, le précurseur de ce genre en 1942, mais c’est Hank Williams qui le rendra populaire.

Your Cheatin’ Heart © Hank Williams

Nashville Sound

Pour s’éloigner de la rugosité du honky tonk, un nouveau genre de country plus propre et polie se fait entendre, le « Nashville Sound ». Née dans les années 1950, cette musique tire sur la couverture du rock n’roll, qui prend alors beaucoup de place, pour reconquérir sa part du marché avec une approche plus pop et commerciale.

Chet Atkins fut à l’origine de ce mouvement qu’on appelle souvent « countrypolitan » par son mélange de sensibilité rurale et de sophistication urbaine. Sa recette : des voix lisses, des orchestrations, des mélodies et paroles simples. On dit que les textes étaient confiés à des spécialistes qui puisaient dans les thèmes définis par les études de marché. Mais comme n’importe quelle recette, lorsque ça sent le réchauffé, le public s’en lasse.

Crazy © Patsy Cline

Country pop

La Country pop puise ses racines dans le « Nashville Sound », mais aussi dans le soft rock. « Rhinestone Cowboy » de Glen Campbell est l’un des plus grands hits de l’histoire de la musique country qui illustre ce métissage. C’est au tournant des années 1970 que ce genre attire beaucoup de chanteurs et de chanteuses pop dans son giron comme la célèbre actrice Olivia Newton-John qui remporte un concours de musique country en 1974.

Ce sont surtout les noms de John Denver, Anne Murray, Kenny Rogers et Dolly Parton qui nous viennent en tête comme dignes représentant·es de ce style. Cette country a connu un succès sans précédent dans les années 1990, principalement grâce à Garth Brooks et Shania Twain. Les deux apportaient alors un sang neuf et le reflet d’une Amérique plus dynamique. Suivi·es ensuite par des Taylor Swift, Carrie Underwood ou Lady Antebellum qui ont permis à la country pop de conquérir des territoires bien au-delà de l’Amérique.

Islands In The Stream © Dolly Parton & Kenny Rogers

New Country

On dit que cette « new country » ne serait pas tant un nouveau genre, mais plus l’apparition d’une nouvelle génération de chanteurs et chanteuses qui se réapproprient ce style. De façon générale, la nouvelle country est tout de même caractérisée par un son plus contemporain avec des paroles plus terre-à-terre que sentimentales.

« Chacun a sa propre définition, mais pour nous, c’est une version plus pop, plus rock, plus grand public de la musique country » explique Joëlle Proulx, cofondatrice de l’Agence Ranch. C’est une véritable vague qui déferle partout dans le monde, comme sur notre belle province. On a qu’à regarder le parcours du Québécois Matt Lang pour comprendre que la new country franchit de nouvelles frontières.

Getcha © Matt Lang

On dit que les adeptes de la country s’y identifient rapidement à cause des thèmes, toujours rassembleurs. Quoi de mieux que le Festival western de St-Tite pour « affirmer le cowboy en toi » du 6 au 15 septembre 2024.

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