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- Guillaume Vermette et l’art de faire du bien
Se faire accueillir par un câlin qui vous soulève littéralement de terre, c’est une belle entrée en matière quand on rencontre Guillaume Vermette, ce coloré clown thérapeutique. Il vous sert sa médecine d’entrée de jeu, celle constituée d’une bonne dose d’amour et de chaleur humaine qui soigne comme par magie les petits comme les gros bobos.
L’intention de Guillaume Vermette est simple et claire : apporter de la joie dans la vie des gens. Et tout son être y participe! Que ce soit par sa tenue vestimentaire originale, sa petite casquette à la palette retroussée, son sourire communicatif, tout de Guillaume vous donne une bouffée de bonheur et de légèreté.
La naissance d’un clown
Guillaume a sauté à pieds joints dans ses souliers de clown lorsqu’il n’avait que 17 ans, alors qu’il travaillait dans un camp d’été pour adolescent·es inuit, à Salluit, un des villages les plus au nord du Québec. Plusieurs jeunes lui avaient fait des confidences troublantes. Puis arriva le jour où la détresse d’un jeune le secoua au point de réveiller le clown en lui. C’est alors que sans trop réfléchir, Guillaume attrapa une perruque jaune qui traînait près de lui et se lança dans une improvisation maladroite qui fit naître un sourire salvateur sur le visage de l’ado. Les premiers balbutiements du clown thérapeutique qu’il allait devenir venaient de se faire entendre et de trouver écho.
Guillaume Vermette est clown humanitaire et thérapeutique depuis plusieurs années. Il est également directeur général de la Caravane Philanthrope, conférencier et auteur du livre Un Sourire à la fois, récits d’un clown humanitaire.© Étienne Boisvert
L'art clownesque thérapeutique
Guillaume m’explique qu’on ne choisit pas son personnage de clown, mais qu’on le découvre en apprenant d’abord à rire de soi avant de faire rire les autres. Être authentique, vulnérable et attachant est ce qui lui permettra de désamorcer la méfiance des gens qu’il aborde et d’entrer en relation avec eux, peu importe le milieu. « Le super-pouvoir du clown est qu’il n’a pas de crédibilité. Les barrières tombent et les gens s’ouvrent plus facilement » nous précise Guillaume Vermette. Par son caractère inoffensif, le clown attire généralement la sympathie. Il réussit à franchir certaines frontières qui resteraient fermées pour d’autres professionnels en relation d’aide. Pour les personnes souffrant de détresse émotionnelle ou de problèmes de santé mentale, les protocoles de soins sont parfois inadéquats et mal adaptés dû au manque d’humanité de notre système de santé. Dans sa pratique, Guillaume brise les conventions en privilégiant la qualité à la quantité et en faisant passer le savoir-être avant le savoir-faire. Son approche théâtrale est bienveillante et respectueuse des besoins de l’autre. À l’écoute, il accueille affectueusement les émotions d’autrui, et ses poches sont remplies de sourires. L’art de prendre soin pour le clown thérapeutique, c’est d’arriver à créer un instant de bonheur.
« C’est le clown qui m’a choisi »
Guillaume Vermette, clown thérapeutique et DG de la Caravane Philanthrope
La Caravane Philanthrope est un collectif d’artistes habité·es par le désir de changer le monde « un sourire à la fois ». Ils et elles interviennent auprès d’enfants vulnérables et de populations marginalisées au Québec comme à l’étranger. © Dan Green
Du monocycle à la Caravane
Après avoir roulé sa bosse comme clown humanitaire bénévole dans une multitude de projets à l’étranger, Guillaume pose son sac-à-dos au Québec et fait naître le projet de la Caravane Philanthrope. S’investir là où les besoins sont les plus criants a toujours été son leitmotiv et c’est ce qui l’a amené à parcourir d’abord les orphelinats et les camps de réfugié·es de ce monde. En 2019, alors que la pandémie commence déjà à sévir un peu partout sur la planète, il décide de poursuivre cette mission, mais cette fois, auprès des populations les plus vulnérables et marginalisées d’ici. Il s’entoure d’une équipe de clowns thérapeutiques exceptionnels pour développer des projets humanitaires et sociaux variés qui contribuent au bien-être des individus et des communautés. Depuis déjà quatre ans, ce collectif d’artistes humanitaires rayonne ici comme ailleurs. Il s’est d’ailleurs vu remettre plusieurs prix et distinctions pour l’ensemble de son œuvre.
Guillaume Vermette lors d’un de ses passages en CHSLD en plein cœur de la pandémie de COVID 19 en mai 2021 © Page Facebook de l’artiste
Le monde parallèle des CHSLD
« On a choisi les CHSLD parce qu’on considère que c’est une des populations les plus marginalisées du Québec », indique Guillaume. Il affirme que le Québec ne fait pas bonne figure par rapport à la majorité des autres pays qu’il a visités quant à l’importance accordée aux aîné·es dans la société. Pour nombre de cultures, les « vieux » sont les sages, les encyclopédies vivantes, les gardiens du savoir. Ce qu’il constate dans les CHSLD québécois est troublant : l’isolement, la solitude et le manque de dignité constituent la triste réalité de bien des résident·es. Derrière chaque porte, Guillaume découvre un monde parallèle où se trouve une personne qui n’a besoin que d’un peu de chaleur et de contact humain pour retrouver le sourire. Par la qualité de sa présence, il met en lumière toute la richesse des conseils, des histoires et du vécu que ces gens ont à partager. Quand je lui demande comment il veut vivre quand il sera vieux, la réponse est fuyante… La vieillesse serait sans doute moins inquiétante si nous avions tous et toutes un clown pour nous la rendre plus douce.
Pour en apprendre davantage sur Guillaume, c’est par ici.