- Accueil
- Magazine
- Patrimoine
- La petite histoire du Manoir Boucher de Niverville
Si vous passez sur la rue Bonaventure à Trois-Rivières, entre Notre-Dame Centre et Hart, vous pourrez admirer la doyenne des maisons de la ville. Grâce à sa solide charpente, l’une des plus anciennes en Amérique du Nord, le Manoir Boucher de Niverville a pu traverser les âges jusqu’à nous, trois siècles et demi plus tard. Voici son histoire.
Construit sur les fondations d’une maison bâtie par Jacques LeNeuf de la Potherie en 1668, le Manoir Boucher de Niverville est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands joyaux patrimoniaux du Québec. © Julie Gosselin
Un joyau d’architecture au 168, rue Bonaventure
Avant d’être classé immeuble patrimonial en 1960, le Manoir Boucher de Niverville échappa de justesse à la menace d’une démolition imminente en 1940. Heureusement, un rachat par le Comité du troisième centenaire de Trois-Rivières assurera la sauvegarde de ce modèle d’architecture coloniale française.
Construit sur les fondations d’une maison bâtie par Jacques LeNeuf de la Potherie en 1668, le Manoir était alors pourvu d’une cave, d’un grenier, d’une cour, d’un jardin et d’une boulangerie. Aujourd’hui, à part les assises originelles, seuls les pierres des foyers et certains éléments de la quincaillerie témoignent toujours de cette période.
Marie-Josephte et Joseph-Claude
En 1729, François Chastelain, officier des Compagnies franches de la Marine et seigneur de Sainte-Marguerite, prend possession de la résidence. Il y apportera de nombreuses modifications. Notamment, le Manoir perdra son troisième étage et se verra doté de murs de pierres.
À la mort de Chastelain, en 1767, en lieu et place de sa fille Marie-Josephte, c’est son gendre Joseph-Claude Boucher de Niverville qui héritera du Manoir et de son fief. Rappelons qu’à cette époque, les femmes mariées ne pouvaient librement disposer de leurs propres biens. Cela prendra encore deux siècles.
Né à Chambly en 1715, Joseph-Claude Boucher de Niverville a connu une brillante carrière militaire qui culminera avec une croix de Saint-Louis remise en main propre par le roi de France. Il sera également nommé juge de paix, colonel du bataillon de milices de la ville et surintendant des Affaires indiennes du district de Trois-Rivières. Avec Marie-Josephte, les deux auront onze enfants. En tout, la famille Boucher de Niverville et ses descendant·es demeureront propriétaires du Manoir pendant plus de quatre-vingts ans.
Devanture du Manoir Boucher de Niverville en 1934. © Culture Trois-Rivières
« Aujourd’hui, sur la rue Bonaventure, si l’orientation du Manoir diffère de celles des bâtiments voisins, c’est qu’à l’époque du Bourg des Trois Rivières, il faisait face au fleuve. »
Deux femmes en pleine partie de badminton dans la cour adjacente au Manoir, à peine deux ans avant l’achat de celui-ci par le Comité du troisième centenaire de Trois-Rivières en 1940. © Culture Trois-Rivières
L’emblématique crépi blanc qui recouvre les murs de pierres du Manoir Boucher de Niverville date d’une importante restauration réalisée en 1972 par la Commission des monuments historiques du Québec. © Éric Massicotte
Capsule temporelle
Ce bâtiment cossu, caractérisé par un toit en bardeaux de cèdre avec deux versants droits, possède des fenêtres à double battant à petits carreaux, des volets fonctionnels, quelques lucarnes ainsi que d’imposantes cheminées de pierre. L’emplacement des fenêtres et les pièces peu profondes permettent à la lumière d’entrer de manière optimale, réduisant ainsi les achats d’un accessoire très coûteux de l’époque : les chandelles.
Aujourd’hui, sur la rue Bonaventure, si l’orientation du Manoir diffère de celles des bâtiments voisins, c’est qu’à l’époque du Bourg des Trois Rivières, il faisait face au fleuve. L’emblématique crépi blanc qui recouvre les murs de pierres date, quant à lui, d’une importante restauration réalisée en 1972 le par le ministère des Affaires culturelles du Québec.
« Au fil des années, les employé·es travaillant au Manoir ont recueilli toutes sortes de réactions de visiteurs et visiteuses principalement venu·es d’Europe. Il est souvent question de « présences » ressenties sur place. »
Esprit, es-tu là?
Au vingtième siècle, le Manoir connaîtra de nombreuses vocations : lieu animé par les nombreux enfants de la famille Martel, petite école tenue par Annette Gauthier-Dupuis, le comptoir d’artisanat L’Araignée d’Or d’Albert Olivier, la Chambre de commerce de Trois-Rivières, le bureau de tourisme… Puis, en 2009, le Manoir Boucher de Niverville prendra sa vocation actuelle, lorsque la Ville y aménagera un lieu d’interprétation historique animé par Culture Trois-Rivières.
Au fil des années, les employé·es travaillant au Manoir ont recueilli toutes sortes de réactions de visiteurs et visiteuses principalement venu·es d’Europe. Il est souvent question de « présences » ressenties sur place. Bien que personne n’ait été témoin de réels « événements », certaines descriptions font parfois écho à d’ancien·nes résident·es marquant·es lié·es à ce lieu chargé d’histoires. Parmi les récits du Manoir, on en retrouve d’ailleurs un funeste à propos d’une d’attaque au couteau par une esclave autochtone qui mènera à une des dernières pendaisons à Montréal.
Les dessous de la mondanité en Nouvelle-France
Pour visiter le Manoir et son exposition, prendre un cliché en costume d’époque dans son photomaton ou assister aux activités tenues entre ses illustres murs, n’hésitez pas à consulter sa programmation. Coup de cœur pour le dynamique organisme Les Faiseurs d’histoire et les classiques Contes sous la charpente.
En complément, découvrez les trois tomes de la bande-dessinée numérique Territoires indomptés où l’on aborde les débuts de la deuxième ville française d’Amérique. Y reconnaîtrez-vous le Manoir?