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3 juillet 2025
Dans les coulisses du court-métrage en réalité virtuelle Ma Belle Saint-Maurice
L’artiste multidisciplinaire, scénariste et réalisateur (entre autres chapeaux) Sylvain Robert m’a reçu aux Studios-R de Saint-Étienne-des-Grès où il travaille avec son fils Mikaël Robert-Ferron. Il m’y a accueilli pour me faire découvrir les tenants et aboutissants de son court-métrage Ma Belle Saint-Maurice présenté au musée Boréalis. Dans cette expérience 3D en réalité virtuelle 360°, il y célèbre de manière immersive la beauté et l’histoire de notre emblématique rivière.

La bête à huit yeux
En plus de l’artiste (la superbe chanson qui nous accompagne durant le film est de lui), je découvre un technicien inventif doublé d’un vulgarisateur enthousiaste. Sylvain me fait visiter son studio, ses espaces de tournage, d’enregistrement et de montage. Puis il sort la caméra sphérique à six lentilles nécessaire à la captation en 360°. Que se cache-t-il dans la grosse boîte juste à côté? Sa remplaçante, avec deux yeux de plus.
Où est Sylvain?
Lors d’un tournage classique, l’équipe se place hors du cadre. Par exemple, la personne à la prise de son utilise une perche pour jucher son micro au-dessus du champ de vision de la caméra. Mais où diable peut-on se cacher lorsque l’on filme à 360°? Bien que Sylvain arrive à se dissimuler sous son trépied avec son moniteur, de retour en studio, il doit ensuite faire disparaître plusieurs éléments à l’aide d’objets modélisés.
« La seule triche qu’on peut faire, c’est avec le 3D. Il y en a partout, même si on ne le voit pas. Au montage, quand je me rends compte qu’un élément dérange, j’ajoute un buisson ou je place un arbre pour cacher un poteau électrique. »
En plus, le court-métrage amalgame de manière bluffante des prises de vue réelles avec des images tirées de documentaires historiques. Ce bateau d’époque qui s’évanouit dans l’espace provient-il d’une archive restaurée? À vous de deviner.
Un défricheur du virtuel
Même si des géants de l’industrie comme Meta, Apple, Sony ou Microsoft proposent aux consommateurs des casques de réalité virtuelle depuis plusieurs années, surprenamment, les outils permettant de créer du contenu de fiction pour ceux-ci s’avèrent souvent incomplets, voire inexistants. Le parcours du combattant pour arriver aux impressionnants résultats finaux de cette technologie nécessite autant de débrouillardise que de détermination. Beaucoup abandonnent en cours de route. Il m’explique qu’il en est parfois réduit à concevoir et programmer ses propres outils. Malgré lui, Sylvain est devenu un véritable défricheur dans sa discipline. Pas étonnant qu’on l’ait invité en 2023 en tant que conférencier à Stereopsia, la messe du virtuel et de la stéréoscopie à Bruxelles
Pour en savoir plus sur ces enjeux technologiques, découvrez l’envers du décor sur le canal YouTube des Studios-R.
Découvrir« La seule triche qu’on peut faire, c’est avec le 3D. Il y en a partout, même si on NE le sait pas. Au montage, quand je me rends compte qu’un élément dérange, j’ajoute un buisson ou je place un arbre pour cacher un poteau électrique. »
Une année et demie pour sept minutes
Nécessitant six mois de postproduction, le projet a d’abord été tourné sur quatre saisons afin de saisir les différents visages de la Saint-Maurice. Sylvain a sillonné la rivière à la recherche d’endroits encore sauvages pour filmer les trois personnages principaux de son histoire : le bûcheron (Baptiste Prud’homme), la femme du bûcheron (Valérie Deschamps) et un homme des Premières Nations (Jacques Newashish). Une tâche plus ardue qu’on le croirait.
« Un des lieux de tournage se situe en bas du club de golf Ki-8-Eb près de deux trous. […] On a dû recommencer des scènes plusieurs fois. On devait attendre que les karts de golf s’en aillent. […] Au montage, ça m’est quand même arrivé d’en voir passer dans certaines prises. »
La poésie qui traverse notre territoire
Au-delà du fascinant aspect technique de ce projet, Sylvain me parle surtout de son caractère poétique. Ici, la technologie se veut au service de l’art, de la beauté et de l’histoire avec un grand H. La chanson de Sylvain et celle de Jacques Newashish, le passage des époques et des saisons, la vision du draveur et des premiers habitants résonnent longtemps en nous après le visionnement du film.
Ne manquez pas cette expérience unique chez Boréalis du 2 juillet au 31 août 2025. Pour plus d’info, c’est par ici.
