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- La petite histoire de la salle J.-Antonio-Thompson
La Salle J.-Antonio-Thompson est possiblement l’un des derniers témoins encore bien vivants de la somptuosité patrimoniale des grandes salles de cinéma qui furent édifiées au début du 20e siècle au Québec. Découvrez ici un peu de son histoire.
Construite à l’origine comme un palace cinématographique de quartier en 1927, la vénérable salle de la rue des Forges fut inaugurée en 1928 sous le nom du Théâtre Capitol. Outre des films, elle présentait aussi du vaudeville et des variétés. Il y avait même à l’époque une fosse d’orchestre en contrebas de la scène pour accompagner les films muets et les spectacles.
On peut voir aujourd’hui des artéfacts de cette période cinématographique, présentés au-dessus de l’espace de service des boissons.
Un bijou d'inspiration art déco
La salle est l’œuvre de l’architecte Daniel-John Crighton (1868-1946), qui a aussi participé à la réalisation du Château Frontenac à Québec, du Théâtre Granada à Sherbrooke et de la gare Viger à Montréal.
Sa valeur patrimoniale se distingue surtout par sa riche décoration intérieure d’inspiration art déco, conçue par Emmanuel Briffa (1875-1955) qui a travaillé à l’ornementation de plus de 200 cinémas en Amérique du Nord, dont le cinéma Outremont, le Théâtre Rialto et le Théâtre Corona à Montréal.
On peut en particulier apprécier les fresques peintes à la main par Briffa lui-même, les dorures qui sont encore aujourd’hui retouchées avec de véritables feuilles d’or et le magnifique lustre de cristal trônant au plafond de la salle, importé directement de Belgique en 1927 au coût de 5 000$ (soit plus de 120 000$ en valeur d’aujourd’hui).
D'une salle de cinéma à une salle de spectacle
En 1966, la salle est rachetée par la United Amusement Corporation, une filiale de Famous Players, qui l’exploite exclusivement comme cinéma. En 1979, alors que la United Amusement Corporation souhaite diviser le bâtiment en deux salles de projection, la Ville de Trois-Rivières rachète le théâtre afin de conserver la vocation et le patrimoine de l’endroit.
C’est à ce moment que la salle est renommée en l’honneur de Joseph-Antonio Thompson (1896-1974), musicien, compositeur et professeur de musique né à Montréal, mais qui a grandement contribué au dynamisme de la scène musicale de Trois-Rivières. Nommé organiste-titulaire de l’église Notre-Dame-des-Sept-Allégresses de Trois-Rivières en 1916, il s’implique dans divers ensembles musicaux trifluviens. Il a aussi composé plus de 60 œuvres musicales.
En 1986-1987, la Ville de Trois-Rivières entreprend des rénovations majeures, donnant à la salle son apparence actuelle, tout en cristallisant sa vocation dédiée aux arts de la scène. L’équipement scénique est modernisé, la scène est agrandie, de nouveaux sièges sont posés et un débarcadère est installé à l’arrière. On construit aussi le foyer dont la partie latérale empiète sur une ancienne rue qui est aujourd’hui devenue le passage piétonnier menant vers la bibliothèque municipale Gatien-Lapointe et la mairie.
Et surtout, on prend soin de conserver la décoration intérieure d’Emmanuel Briffa, faisant en sorte que la salle J.-Antonio-Thompson est aujourd’hui considérée comme l’un des plus beaux théâtres de la province.
La salle J.-Antonio-Thompson vue de l’arrière-scène. © Olivier Croteau
Un avenir riche de son passé
Capable d’accueillir jusqu’à 1037 personnes, plus six places réservées exclusivement aux personnes en situation de handicap, la qualité de cette salle fraîchement rénovée est récompensée par deux prix Félix à titre de « Salle de spectacle de l’année ».
Alors que plusieurs grands palaces cinématographiques de Montréal ont été détruits ou sont en voie de l’être, il n’y a aucune inquiétude à entretenir pour la Salle J.-Antonio-Thompson qui bénéficiera de nouvelles rénovations majeures dans les deux prochaines années, tout en conservant son cachet patrimonial unique.
Il s’agira d’un chantier de 36 M$ – dont 16 M$ provenant de la Ville de Trois-Rivières – qui prévoit notamment des sièges plus confortables, la modification de l’angle des sièges, l’ajout de toilettes, l’optimisation des installations scénographiques, la mise aux normes des systèmes électriques et mécaniques et le réaménagement de l’espace de service des boissons.
Ces travaux devraient s’amorcer en 2024 et s’échelonner sur deux ans, impliquant la fermeture temporaire de la salle. Mais c’est un petit sacrifice à payer lorsque l’on sait que la salle J.-Antonio-Thompson nous promet encore de nombreuses décennies de spectacles et d’émotions!
Envie de vivre l’expérience de la salle J.-Antonio-Thompson? On vous invite à découvrir les spectacles qui y seront prochainement présentés juste ici.