18 octobre 2022

Faire cohabiter l’arbre et l’écorce : Plongeon dans l’exposition Racines et Identité à Boréalis

Par David Ferron

Pour comprendre l’impact de l’exposition permanente Racines et Identité présentée au musée Boréalis, DICI est allé à la rencontre de deux de ses piliers : Catherine Lampron-Desaulniers, responsable recherche et collection pour le musée, et Valérie Bourgeois, première directrice du musée (2009-2019) et directrice générale adjointe de Culture Trois-Rivières (depuis 2019), organisme chapeautant le musée.

La Canadian International Paper (CIP) © Archives de la Ville de Trois-Rivières

Un succès compromis par le tabou?

Plus de 385 000 visiteur·ses depuis 2010 et environ 50% de touristes internationaux (avant COVID), L’exposition Racines et Identité, dédiée à l’histoire de l’industrie des pâtes et papiers, dépasse donc dès 2013 les attentes initiales, selon Valérie. Toutefois, les deux décennies précédant son inauguration n’annoncent aucunement ce succès.

En 1992, la Canadian International Paper (CIP), où se situe actuellement Boréalis, ferme et dissout 1000 emplois bien rémunérés. Valérie évoque le tabou d’alors entourant les pâtes et papiers; son déclin provoquant drames familiaux et personnels. Toutefois, une reconnaissance croissante de la Ville de Trois-Rivières pour le patrimoine papetier permettra dès 2006 l’émergence d’un projet muséal entièrement dédié à cette part importante de l’histoire de la région.

Prendre l'être humain par la racine

Pour sa directrice historique, trois ingrédients devaient et doivent être respectés pour assurer le succès de Racines et Identité: mettre l’humain en priorité, faire autrement, générer et maintenir le WOW! Pour que le premier des trois éléments soit honoré, environ 200 témoignages d’acteur·trices de l’industrie des pâtes et papiers ont accepté de témoigner. Le but : rendre l’histoire «humaine et chaleureuse» selon Catherine: «On arrive à entendre le bruit des billots de bois quand ils nous [racontent leurs histoires]». Valérie et elle précisent même que plusieurs des témoignant·es ont retrouvé, grâce à ce projet, une fierté longtemps oubliée.

Faire autrement, c’est transposer un projet muséal comme Racines et Identité au cœur de l’industrie culturelle et touristique des environs. Ainsi, depuis son ouverture, Boréalis accueille familles, entreprises, écoles, artistes et touristes dans le cadre de divers projets!

Machine des années 1950 de l’École de papeterie de Trois-Rivières © Boréalis

Voûtes souterraines du musée Boréalis © Olivier Croteau

Quant à générer et maintenir le WOW!, il s’agit de surprendre la clientèle en évitant qu’elle ne se blase. Ce qu’à toujours bien réussi le musée! «Tu peux visiter quatre fois Boréalis pis tu n’auras pas la même visite à chaque fois», mentionne Catherine.

D’autres éléments expliquent comment Racines et Identité a pu éviter de perdre ses feuilles pendant 12 ans : former une équipe soudée et solide, mais laissant la place aux forces et identités individuelles, continuer de prioriser le patrimoine mémoriel des gens, s’adapter aux technologies, vouloir réellement et intrinsèquement offrir une expérience mémorable et ouvrir son esprit à de nouvelles idées « non naturellement muséales ». La mise sur pied d’audioguides, la possibilité de visiter en 3D la CIP et la rédaction de plusieurs publications en sont quelques exemples.

Salle des pompes © Olivier Croteau

Se tirer une buche, de Trois-Rivières jusqu'en Auvergne

Racines et Identité se vit davantage qu’elle ne s’explique. Ainsi, Catherine m’a offert une visite guidée. J’ai pu y être témoin de l’émerveillement, de la fierté et du sentiment d’appartenance qu’incarnent ses yeux pétillants. Et aucune bonne photo n’aurait pu y rendre justice. «Quand je suis à Boréalis […] Je me sens à la maison.»

Loin d’être un sentiment isolé, l’émerveillement de Catherine semble partagé par celles et ceux qui visitent le musée. En témoigne la famille Panon, venue tout droit d’Auvergne en France, sur place lors de ma visite de l’exposition. En effet, non seulement celle-ci s’enchante-t-elle d’avoir appris à fabriquer son propre papier, mais elle se réjouit également de repartir à la maison avec une connaissance accrue de l’industrie des pâtes et papiers… et de tout un pan de l’histoire de la région!

Envie d’en apprendre davantage sur le développement de l’industrie des pâtes et papiers à Trois-Rivières? On vous invite à lire Les héros de papier, le troisième tome de bande-dessinée numérique La saga des Trois-Rivières.

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