16 avril 2024

Fabiola Toupin : quand le sirop d’érable coule dans nos veines

Par Caroline Ruest

Reconnue par le gouvernement du Québec comme étant un élément du patrimoine immatériel depuis 2020, la tradition du temps des sucres s’inscrit dans nos pratiques culturelles depuis belle lurette. Lors de ce moment fort de l’année, nombre de cabanes à sucre sont au rendez-vous pour vous accueillir en toute convivialité et vous faire vivre un instant des plus festifs.

Renommée pour son talent vocal et son jambon à l’ancienne, Fabiola Toupin est avant tout une créatrice de souvenirs. Regard sur la femme, l’entrepreneure et l’artiste.

Nombreux sont les souvenirs que conserve Fabiola Toupin de la cabane à sucre qui appartenait jadis à son père. © Gracieuseté

Une tradition familiale

De génération en génération, la famille Toupin vie au rythme des saisons. Si le temps des sucres est synonyme de dur labeur, il signe également l’arrivée de l’euphorie printanière. Cette aventure aux effluves boisés et aux saveurs bien de chez nous commence avec le grand-père de Fabiola. Agriculteur, Ernest loue une parcelle de terre dans la municipalité de Saint-Maurice où, avec ses quatorze enfants, il s’affaire à la production de sirop d’érable. Quelques années plus tard vient le tour de son père. Acériculteur et homme politique, Normand récupère une terre familiale dans la municipalité de Notre-Dame-du-Mont-Carmel où il construit une cabane en bois rond et entaille environ 250 à 275 érables par année. Enfant, « j’ai souvenir de mon père qui fait son sirop, qui filtre ça dans un bonnet de feutre, puis qui regarde le sirop à travers la lumière. Je me souviens que je regardais ça, puis dans les yeux de mon père, je sentais que c’était le fruit d’un effort précieux ». Nombre de souvenirs agréables s’y créent, ne serait-ce que les festivités entourant la fête de Pâques et les crêpes frisées dans l’huile des sœurs Trudel, qui sont nul autre que sa mère et sa tante. Adolescente, elle voit son paternel vendre la terre, ce dernier étant fin prêt à relever de nouveaux défis. Le temps des sucres laissera dorénavant à la jeune femme un goût de douce amertume.

« J’ai souvenir de mon père qui fait son sirop, qui filtre ça dans un bonnet de feutre, puis qui regarde le sirop à travers la lumière. Je me souviens que je regardais ça, puis dans les yeux de mon père, je sentais que c’était le fruit d’un effort précieux. »

Fabiola Toupin

Pour Fabiola Toupin et son conjoint, Frédéric Tremblay, le temps des sucres est une histoire de famille. Ici, on peut les voir accompagné·es de leurs enfants. © Site Internet des Boisées d’Amélie

Une tradition qui se perpétue

Lorsqu’elle rencontre son futur mari, vers l’âge de trente-cinq ans, la vie lui redonne au centuple. Frédéric est propriétaire d’une terre située dans la municipalité de Saint-Paulin. Ensemble, ils entaillent environ 750 érables, marquant ainsi le début d’une nouvelle aventure. Afin de rentabiliser leur patrimoine, Fabiola propose d’offrir des repas à l’érablière. « Pourquoi j’ai dit ça? Ça demeure, encore aujourd’hui, un mystère. C’est visiblement relié à quelque chose d’émotif, à des souvenirs d’enfance. Avec une grande candeur, une naïveté et beaucoup de rêves, ça a commencé comme ça ». Les Boisés d’Amélie soulignera ses 15 ans d’activité l’année prochaine.

« J’aime être un vecteur, un trait d’union entre ce qu’il y a à livrer et faire en sorte que ça atteigne sa cible. C’est le rôle que j’aime avoir dans la vie. C’est ce qui fait que je peux me retrouver à la fois à recevoir des gens dans une salle à manger et à être sur scène. Le fil conducteur, c’est l’amour des gens. »

Fabiola Toupin

Sur scène comme à la cabane à sucre, Fabiola chante pour communiquer, pour transmettre un message. © Cécile Batéjat

Une tradition portée par une artiste aux multiples talents

Pendant le temps des sucres, la chanteuse s’exprime différemment. Accompagnée d’un chansonnier, elle entonne avec lui quelques morceaux issus d’un répertoire varié. Fabiola chante pour communiquer, pour transmettre un message. « J’aime être un vecteur, un trait d’union entre ce qu’il y a à livrer et faire en sorte que ça atteigne sa cible. C’est le rôle que j’aime avoir dans la vie. C’est ce qui fait que je peux me retrouver à la fois à recevoir des gens dans une salle à manger et à être sur scène. Le fil conducteur, c’est l’amour des gens. » Lorsque Fabiola évoque monsieur Carpentier, un homme qu’elle considère, un peu, comme un grand-père, un voile humide se dessine dans son regard. « Je pense à monsieur Maurice Carpentier. Je connais ses enfants, je connais ses petits-enfants. […] Je trouve qu’on est au cœur de la vie dans ce temps-là. C’est quoi qui reste en bout de piste? C’est ça. Y’a que ça qui compte. C’est quoi les bulles de bonheur qu’on aura créé? Ça rend heureux de sentir qu’on a fait une petite différence ».

Son chemin de vie aura eu ce pouvoir de lier ses passions. Pour Fabiola, l’érablière représente un retour vers son patrimoine familial. Transmettre cette tradition la comble de bonheur et ça se ressent.

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