Quand on croque la pomme au verger à l’automne, on ne pense pas qu’il y a aussi d’autres fruits à déguster. Ceux-ci, tout aussi bons pour l’âme que pour le corps. Parce que, oui, nourrir son esprit par l’art est un aliment puissant contre les malaises de cette pandémie qui s’allonge.
Mordre dans LE LEGS à l’espace culturel Onikam de Shawinigan.
Faire la rencontre d’un artiste ou d’une œuvre, c’est ouvrir une porte vers un autre univers. Il s’agit d’un plongeon dans la complexité sociale et affective de l’être humain, voire une immersion dans une autre façon de voir le monde et de comprendre les relations émotives qu’un artiste vit avec ses contemporains, son environnement ou encore son univers intérieur. Et que savons-nous des autochtones et des mondes qui habitent les artistes en art contemporain des Premières Nations? Presque rien, sinon quelques clichés. Jusqu’au 19 octobre, c’est le bon moment pour forcer la rencontre et se rendre à l’Espace culturel Onikam. («Onikam» veut dire «portage» en langue atikamekw). L’espace culturel se veut un lieu qui porte non seulement la culture atikamekw en milieu urbain, mais aussi le développement de Coop Nitaskinan. Ce que j’y ai vu m’a enchanté. En plus d’avoir le loisir d’échanger avec les médiateurs, j’en ressors avec l’impression de comprendre, un peu mieux, le regard que portent ces artistes sur notre modernité.
Croquer dans les chiffres qui dansent devant nos yeux.
La série Duale nous permet de créer une activité portant sur des enjeux très contemporains de biodiversités et de porter ces sujets vers le public. Cette série est bercée par le polymorphisme de la dualité. D’abord, elle est née de la collaboration entre un artiste plasticien et un artiste mathématicien; les deux sont aussi des scientifiques universitaires. Ils explorent tous deux l’infiniment grand et l’infiniment petit. L’un travaille autant avec l’algèbre que la géométrie. L’autre découvre que ses gestes et mouvements intuitifs sont intrinsèquement fractals. Ils associent tous deux émotion et esthétisme ainsi que le mouvement et le statisme. Ils unissent géologie et vie. Trop compliqué pour vous? Non. Vous entrez dans les salles d’exposition, on vous donne des lunettes et vous découvrez que les toiles sont en 3D! Devant nos yeux, une nouvelle dimension apparaît! La profondeur nous fait sursauter, puis nous émerveille ensuite. L’impression d’apercevoir une autre dimension est stupéfiante! Il faut aussi demander à voir le cahier de création où l’on voit que toute la toile n’est, en fait, qu’une combinaison mathématique. Des chiffres qui se transforment en art visuel! La démarche de l’artiste Étienne Saint-Amant est unique et fascinante. Il explore les formes et les couleurs de la nature à partir de formules mathématiques, qui sont matières et pigments à ses créations. C’est vraiment un voyage à ne pas manquer.
Alors cet automne, faisons des tartes aux pommes, des croustades aux pommes, de la purée de pommes, mais aussi une visite dans ces deux vergers de l’âme pour y cueillir le fruit de la beauté et de l’inspiration.