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- La poésie… dans les mots de Christiane Simoneau
Octobre est en cours et, comme autant de feuilles d’arbre qui se colorent, les mots des poètes d’ici et d’ailleurs teintent les rues, cafés, restaurants, bars et salles de spectacle de Trois-Rivières, ville du Festival international de la poésie depuis 1985, de l’Off-Festival de poésie depuis 2007 et fièrement nommée capitale de la poésie par Félix Leclerc.
Pour s’imprégner de cette effervescence littéraire, parlons poésie avec l’écrivaine trifluvienne Christiane Simoneau.
On naît poète ou on le devient?
Je crois fondamentalement que la Poésie nous habite et qu’elle est intimement liée à la sublimation de la vie et tout ce qu’elle comporte! Maintenant, à savoir si on naît poète ou on le devient, je dirais que l’on est poète et que l’expression dépend de nous. La poésie est une voie de connaissance, un véhicule d’exploration sensitif entre tout ce qui existe et même au-delà, qui ne demande qu’à être manifesté. Baignant dans une mer d’émotions, de sensations, dans un univers de diversité, nous sommes en quelque sorte l’instrument de musique de la poésie avec des rythmes, des sons, que l’on peut révéler sensitivement en formant des images avec les mots. La forme dépend de nous, de notre rapport à soi, aux autres et à notre environnement.
Victor Hugo disait : «La poésie c’est tout ce qu’il a d’intime dans tout».
L’élément déclencheur qui vous a donné l’envie d’écrire…
La vie, les voyages, les personnes autour de moi, les rencontres, mère Nature, la photographie…
Les voyages vers des destinations inconnues me fascinent depuis ma tendre enfance! Ce que j’ai eu le bonheur de réaliser dès mon adolescence et tout au long de ma vie, pour la liberté que cela m’offrait de partir à l’aventure à la rencontre de personnes provenant de différents univers, dans divers contextes sociaux économiques.
Au fil des années, le goût d’écrire s’est affirmé dans mes carnets de voyage, mes implications quotidiennes depuis de nombreuses années, dans le développement de la vie artistique et culturelle au Québec. Les mots sont devenus des compagnons pour partir dans des chemins fascinants vers des contrées connues, méconnues de ma nature et de celle des autres. Et puis, les mots ont pris forme dans l’univers de la poésie.
Pour écrire de la poésie, je me dépose, me dispose à accueillir! La prise de photo joue un rôle important en m’aidant à être à l’écoute de ce que je vois, je sens, j’entends. Je deviens un regard, des sensations en exploration. Je vibre à ce qui est donné à voir, autant dans la nature qu’auprès des humains. Je me laisse passionner par des situations, des environnements où les mots s’alignent, des dialogues s’établissent et où la poésie s’enracine.
Mes écrits comme toiles de fond s’entremêlent, se croisent, titillent ma créativité, mes impulsions, où les mots s’activent dans un premier jet spontané. Par la suite, le ciselage commence! La sculpture des mots, le peaufinement du détail, de la forme, prend le pas sur ce qui est déjà couché sur papier. C’est alors que des fresques de MOTS occupent l’espace!
Christiane Simoneau © Pablo Poblète
« Ils caressent mes pensées
à la frontière du prodige
un lieu où tout danse avec RIEN
un lieu où les sens s’envolent
avec le souffle du vertige »
(Extrait du recueil Quelque part ici de Christiane Simoneau)
On écrit pour soi ou pour ceux qui nous liront?
J’écris pour le goût d’écrire et de partager ce qui se passe à l’intérieur de moi en interaction avec la vie à l’extérieur de moi! La poésie comme les différentes formes d’expressions artistiques sont des moyens de communication qui prennent tous leurs sens en présence de l’autre.
Dans quel état d’esprit êtes-vous le plus prolifique?
Lorsque je suis disponible mentalement et que mon regard s’élance vers l’HORIZON, la nature sous ses différentes formes, dans tous ses états au fil des saisons! Cela devient une occasion de voguer sans restriction, en toute liberté. Cet horizon peut être la nature, des animaux, des odeurs, des personnes, une situation, un événement, un environnement, etc.
À quelqu’un qui éprouve l’envie d’écrire de la poésie, mais qui hésite à le faire, vous lui dites quoi?
Soyez curieux, lisez des recueils, développez votre sens de l’émerveillement et de la sublimation, OSEZ l’aventure d’écrire, de faire de la poésie, sans trop savoir ce qui vous attend au bout du chemin! Faites-vous confiance et prenez votre crayon ou votre ordinateur pour vous mettre à l’œuvre!
L’environnement idéal pour écouter une lecture de poésie?
Je préfère des endroits intimistes déjà inspirants où les personnes sont à l’écoute, curieuses de voir, d’entendre avec leur sens, pour saisir, accueillir ce qui est dit!
Votre plaque de la poésie préférée et pourquoi?
(Nous faisons référence à la «Promenade de la poési », soit les quelques 400 plaques fixées à la façade de certains bâtiments au centre-ville de Trois-Rivières et sur lesquelles on peut lire des extraits de poème.)
J’adore lire ou relire ces plaques d’extraits de poème installées un peu partout au centre-ville. Pour me rendre à mon travail, je suis en contact avec une soixantaine d’extraits provenant de plus de 30 pays. Moi qui adore voyager, c’est une occasion en or de partir à l’aventure, ici, en me laissant porter par la poésie. Je n’ai pas vraiment de plaques préférées. J’essaie juste d’accueillir l’extrait capté par mon regard! Certains jours, un extrait qui ne me parlait pas, s’anime en me permettant de m’envoler très loin à l’intérieur de moi.
Christiane Simoneau © Pablo Poblète
Quel est le pouvoir de la poésie?
De nous enivrer, de nous laisser porter par le vent, le souffle, l’essence, à la rencontre de soi, de l’autre, d’un paysage, d’une personne, un événement ou autres, dans l’odyssée d’une rencontre mystérieuse…
« Sa musique me transporte dans les envergures
capte au passage l’Harmonie, la disharmonie
peuplée d’abondance
où sur la pointe des pieds
le cœur s’élève
dans le murmure des voluptés »
(Extrait du recueil Vague entre vagues de Christiane Simoneau)