6 octobre 2021

La poésie… dans les mots d’Alexandre Dostie

Par Cindy Rousseau

Octobre est en cours et, comme autant de feuilles d’arbre qui se colorent, les mots des poètes d’ici et d’ailleurs teintent les rues, parcs, cafés, restaurants, bars et salles de spectacle de Trois-Rivières, ville du Festival international de la poésie depuis 1985, de l’Off-Festival de poésie depuis 2007 et nommée capitale de la poésie par Félix Leclerc.

Pour s’imprégner de cette effervescence littéraire, parlons poésie avec le poète et cinéaste trifluvien Alexandre Dostie.

On naît poète ou on le devient?

On naît tous poètes. Suffit de savoir ça pour le devenir. Après, si tu veux faire des livres pis toute, c’t’une autre affaire. T’es pas obligé anyway. La poésie/le poète c’est comme plein de belles affaires «inutiles», la couleur des yeux pis le mois de novembre. C’est pas obligé de «servir» à de quoi pour exister.

L’élément déclencheur qui vous a donné l’envie d’écrire…

Exister pour quelqu’un. À chaque fois cette personne change de nom, de sexe, de rôle et parfois, je ne la connais même pas. Et parfois, cette personne c’est moi. Tsé, c’est pas tant l’envie que le besoin. C’est la pyramide de Maslow à n’envers. Une fois j’ai voulu survivre à l’adolescence CUT TO me voilà toujours en vie.

Décrivez le sentiment de l’inspiration qui se manifeste…

Une envie de chier qui part du cœur. Quoi qu’il arrive, retiens-toi pas.

homme dans une ruelle regardant l'objectif

© Alexandre Dostie

On écrit pour soi ou pour ceux qui nous liront? 

Les deux… J’aime ce que dit Boisvert quand il parle à tous ceux qui ne le liront pas. Je pense qu’on écrit pour eux, parce qu’ils seront toujours plus nombreux que ceux qui nous liront. Pour la même raison, je crois qu’on écrit pour ceux qui n’écriront pas. D’ailleurs, il se passe quelque chose d’étrange quand on prend cet exercice au sérieux : on finit par se retrouver soi-même dans la peau des autres. On construit des tunnels, on construit des ponts en écrivant.

Pour convaincre un non initié de lire de la poésie, vous lui dites quoi?

Force pas. Un jour ça va arriver tout seul. Tu vas te sentir incompris, incapable d’exprimer ce que t’as dans le ventre, que ce soit de la joie ou du désespoir ou whatever ce qu’il y a entre les deux. Tu vas te sentir extra-terrestre à toi-même, seul. Ce jour-là, va pas à pharmacie. Tu iras après ou tu iras au bar après, si t’en a encore besoin. Mais en premier, essaye quelque chose d’autre. Va à librairie. Va dans section poésie, pis check la magie opérer. Y’a moyen de se retrouver dans les mots des autres, quelque chose de fantastique/épeurant. Y’a moyen de se faire des frères, des sœurs pis des amis.

Votre préférence, devant public : lire vous-même votre poésie ou l’entendre lire par quelqu’un d’autre?

Si j’pouvais pas lire mes poèmes, j’en écrirais pas de poésie.

Votre plaque de la poésie préférée et pourquoi?

(Nous faisons référence à la «Promenade de la poésie», soit les quelques 400 plaques fixées à la façade de certains bâtiments au centre-ville de Trois-Rivières et sur lesquelles on peut lire des extraits de poème.)

« on va faire bander le trottoir
jusqu’à ce qu’il s’émiette
en jardin »

José Yvon


Un poème réussi, c’est…

pas compliqué
3 vers pis
la vérité

Vous avez aimé?

Partager :

Vous aimeriez aussi