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- Traversée de Carolane Lambert : l’art de se reconstruire

Le Centre Léo-Ayotte de Shawinigan accueille du 20 février au 30 mars prochain l’exposition Traversée de Carolane Lambert. Amorcé il y a quelques années, ce projet évolutif posant un regard unique sur la notion de deuil est à l’image du travail de l’artiste : intime et poétique.
La démarche artistique de Carolane Lambert repose principalement sur les aléas du quotidien et les épreuves que la vie a mises sur son passage. Elle s’intéresse particulièrement aux rapports existants entre les notions d’absence et de présence. D’ailleurs, c’est au cours de ses études en arts visuels à l’Université du Québec à Trois-Rivières que l’artiste originaire de Lanaudière débuta un cycle de créations en lien avec le combat mené par sa sœur contre la Fibrose kystique, maladie pulmonaire qui emporta malheureusement cette dernière en 2022. Dès lors, elle fut animée par le profond désir d’utiliser sa pratique artistique comme moyen ultime de traverser ce deuil, d’où le titre de l’exposition.
Utiliser l’art pour se reconstruire
Durant les trois années séparant la fin de son parcours universitaire et la présentation de son travail à Shawinigan, Carolane Lambert s’est remise en question à plusieurs reprises aussi bien d’un point de vue personnel que professionnel. Elle profita néanmoins de ce moment particulièrement éprouvant pour terminer ce projet qui lui tenait à cœur. Ainsi, l’exposition, conçue à partir du cycle de création amorcé lors de sa maîtrise à l’UQTR, est pour elle une manière de se reconstruire.
Pendant cette période, elle trouva notamment refuge dans le champ derrière sa maison ; un lieu fait de nombreux souvenirs de moments partagés avec sa sœur. Un paysage qui traduit en quelque sorte l’absence de celle-ci et qui devint « un terrain de jeu pour les états d’âmes » de l’artiste. Les œuvres que l’on retrouve dans Traversée s’inspirent de ce croisement entre le paysage et le deuil où la nostalgie prend inévitablement une place importante.
« J’ai utilisé le deuil pour créer quelque chose de significatif, aussi bien pour moi que pour les autres. »
Carolane Lambert

Dans son exposition, l’artiste propose deux installations où se côtoient photographies, vidéos, objets détournés et éléments naturels. Dans la première salle, on retrouve une série de photographies semi-transparentes où le paysage qui y est représenté disparaît petit à petit. Une installation qui rappelle l’effacement graduel de la vie de sa sœur et illustre son avancement dans le processus de deuil. La seconde salle est quant à elle composée de bonbonnes d’oxygènes, objet faisant directement référence à la maladie de sa benjamine et qui devient ici un symbole avec une forte charge émotive. L’artiste a disposé au cœur de ces appareils médicaux des plantes de toutes sortes cueillies dans le champ mentionné précédemment. Ces éléments naturels témoignent de l’attachement de l’artiste envers ce lieu et du temps passé à y réfléchir.
La vie et la mort, autrement
À travers ces œuvres, Carolane Lambert explore non seulement le caractère très intime du deuil mais également toute la poésie pouvant s’en dégager. En somme, Traversée offre une expérience émotionnelle riche de sens où la réalité prend une forme nouvelle. Si son exposition a pris plusieurs années à voir le jour dans sa forme actuelle, c’est que l’artiste ne cache pas qu’elle prend aujourd’hui son temps pour mener à bien ses projets artistiques. Ses créations évoluent au rythme de ce que la vie lui réserve et c’est justement là où la beauté de son travail réside.
Pour plonger dans l’univers de Traversée de Carolane Lambert, rendez-vous au Centre d’exposition Léo-Ayotte du 20 février au 30 mars 2025.
