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- Nicolas Smith : de l’or au bout de la mine
Dans la sereine campagne mékinaçoise réside un artiste de 19 ans seulement dont le talent déjà incroyable donne naissance à des œuvres hyperréalistes encore plus bluffantes en vrai que sur les photos visibles sur son site et son compte Instagram : Nicolas Smith.
Je suis d’abord accueilli par ses parents, Patrick et Mélanie, qui réalisent puis peignent des impressionnantes impressions en 3D comme une Bugatti à l’échelle 1:1 ou encore un squelette de T-Rex de 16 pieds de long comme dans Le parc jurassique ! On saisit tout de suite d’où viennent les racines résolument pop de Nicolas et sa faculté à voir grand.
Warhol à la sauce YouTube
« J’ai commencé en regardant vers 6 ou 7 ans des vidéos sur YouTube d’artistes hyperréalistes, notamment celles de Marcello Barenghi, qui reproduisaient des objets, des fruits, etc. Depuis ce temps-là, j’ai continué à regarder du monde faire et je dessine chaque jour pour être le meilleur », confie l’artiste autodidacte né en 2004, dont le mélange de douceur, d’humilité et d’ambition subjugue.
Admiratif du travail d’Andy Warhol, pape du Pop Art dont la Marilyn l’a beaucoup fasciné à ses débuts, Nicolas apprécie particulièrement reproduire le visage de célébrités du monde du cinéma et de la musique d’hier et d’aujourd’hui, de Ozzy Ozbourne à Post Malone, ou encore, de personnalités de la télé à l’aide de « simples » crayons de couleur rehaussés de marqueur de peinture blanc – pour faire « popper » le tout, comme il dit – avec une précision photographique. Un peu comme l’ont fait divers peintres de ce mouvement nés au milieu des années 70, principalement aux États-Unis, tels que Ralph Goings et Don Eddy. D’autres nourrissent également son inspiration comme Dali, Riopelle, mais aussi Haring ou Basquiat. Mais il ne dédaigne pas aussi imiter les matières comme les carrosseries de voitures de course ou les emballages plastiques.
Nicolas consacre chaque jour en moyenne 6 heures à dessiner. Après avoir choisi l’image en haute définition, il zoome le portrait sur son téléphone cellulaire pour saisir toutes les aspérités de la peau, grains de beauté, rides et ridules du sujet pour le reproduire avec une fidélité sidérante. Selon le format, finir une œuvre peut lui prendre entre deux et dix heures. Pour avoir eu la chance de visiter son atelier, actuellement au sous-sol de la maison familiale, je vous confirme avoir été estourbi par la quantité, mais aussi la qualité étalée aux quatre coins de l’espace.
« Je dessinais sur plein de supports, des portes d’armoire, des billets, du métal, mais mon support de prédilection désormais, c’est le masonite. J’achète aussi à l’occasion des vieilles publicités rouillées dans les brocantes sur lesquelles je dessine des icones pop. »
Nicolas Smith
Lâcher l’école pour vivre (de) sa passion
On comprend vite qu’atteindre un tel niveau d’excellence à un si jeune âge exige des heures de pratique. Et quand on acquiert la certitude que cette passion constitue LE choix de vie et de carrière, il faut inévitablement faire des choix.
« J’ai décidé de lâcher l’école et de continuer avec mes dessins au milieu de mon secondaire 4. J’ai appris ce dont j’avais besoin… Mes parents étaient un peu inquiets au début, mais ça a vite changé. Ça fait maintenant 5 ans que je vis de mes dessins. »
Lui dont les premières commandes remontent à ses 12 ans de la part de camarades d’école pour une dizaine de pièces vend désormais ses œuvres plusieurs milliers de dollars. En 2019, il met en vente l’un de ses dessins sur Marketplace et une demi-heure plus tard, elle est vendue pour une centaine de dollars. Depuis, Nicolas a réalisé plus de 600 œuvres. A ceux qui craignent que la quantité fasse baisser la cote des œuvres, Nicolas rétorque que Picasso avait une production bien plus conséquente. « Je vais pas m’en priver, j’aime ça », avoue-t-il.
S’il passe bien entendu beaucoup par les réseaux sociaux pour diffuser son art et ses réalisations, rien ne remplace un véritable contact avec les œuvres pour en apprécier le rendu et décupler l’émotion ressentie. Nicolas a déjà présenté ses œuvres dans quelques musées à Montréal ou Berthierville, participé à divers symposiums, et une première grande exposition devrait s’ouvrir à Québec dans les prochains mois.
« J’ai décidé de lâcher l’école et de continuer avec mes dessins au milieu de mon secondaire 4. J’ai appris ce dont j’avais besoin… Mes parents étaient un peu inquiets au début, mais ça a vite changé. Ça fait maintenant 5 ans que je vis de mes dessins. »
Nicolas Smith
L’effet Gino
Ce qu’il apprécie énormément, c’est de présenter le fruit de son travail à la personne immortalisée. Cela a été le cas pour Robert Englund, qui a incarné l’effrayant Freddy Krueger, lors du dernier Comiccon à Montréal, mais aussi pour Ricardo, ou encore Gino Chouinard lors d’une émission de Salut Bonjour en octobre dernier qui a eu autant d’effet pour lui que le passage d’un jeune entrepreneur aux Dragons. Outre le fait de se faire reconnaître plus souvent dans la rue, les ventes ont bondi.
À quoi rêve alors un artiste de 19 ans qui a de l’or au bout de ses crayons?
Lui qui réalise 95 % de ses ventes actuellement au Québec aimerait un jour exposer à New York.
Tête sur les épaules, il investit aussi dans l’or depuis ses 15 ans, afin de concrétiser ses rêves.
La construction de sa maison est en cours… juste à côté de ses parents avec un garage à trois portes au rez-de-chaussée pour sa future Lamborghini. Un vrai rêve d’enfant, pour le coup, dont il immortalisera à coup sûr la rutilante carrosserie le jour venu!