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- Les organismes de diffusion : Donner les couleurs primaires
Si les projets de murale ne sont pas nouveaux – comme en témoigne l’immense fresque de la Côte Plouffe à Trois-Rivières – la murale a longtemps semblé l’apanage des grandes villes d’Europe et d’Amérique. Et pourtant! Depuis quelques années, plusieurs municipalités de la région ont décidé de se lancer. Voyons ce qui a bien pu motiver deux d’entre elles à faire le grand saut!
Douceur nuancée, murale réalisée par Laurence Beaulieu-Roy et Camilia Leclerc-Richard au Cornet du coin à Trois-Rivières © Olivier Croteau
En entrevue avec Marie-Andrée Levasseur, directrice des arts visuels chez Culture Trois-Rivières, on réapprivoise la murale en grand cette fois-ci, si je puis dire ainsi.
Plusieurs choses expliquent son engouement actuel. Oui, la pandémie a obligé de façon mondiale, le décloisonnement de l’art. On fait maintenant prendre l’air à l’art visuel qui sort des galeries pour le déposer là où les gens passent. Mais ça donne également un milieu de vie plus intéressant, soutenu par des politiques municipales d’embellissement et de développement de l’art public.
Le but, m’explique madame Levasseur, c’est «d’améliorer le cadre de vie. Si ça fait se poser des questions, si ça fait réagir, l’art a fait son travail. On vient créer, remettre de la couleur dans du béton. On vient de réaliser que c’est possible. Et ça représente un beau défi pour les artistes.»
Faire circuler le talent
Un circuit de murales a donc été lancé en 2020 par Culture Trois-Rivières pour réaliser une murale par année jusqu’en 2023. Des formations de Culture Mauricie et du mentorat avec MU et MURAL de Montréal ont permis de développer une expertise chez nous. Le circuit présente autant un intérêt pour les touristes, que les travailleur·euses qui côtoient les murales, jusqu’aux citoyen·nes qui posent soudain un regard neuf sur un bâtiment qu’ils ou elles croisent tous les jours.
Accueillir des tournesols, murale réalisée par Patricia Kramer sur la rue Notre-Dame-Est à Trois-Rivières © Olivier Croteau
De l’autre côté, pour l’artiste, ça lui permet de partager sa démarche artistique et de s’offrir une formidable carte de visite. Du même souffle, comme le travail évolue au fil des jours, sous le regard de tous et toutes, les passant·es peuvent admirer et comprendre le travail réel de l’artiste. Ça permet de démystifier et de mieux considérer le travail des artistes.
Au-delà du circuit, d’autres opportunités de murales verront le jour, car, comme le mentionne Marie-Andrée Levasseur, «l’art public amène de l’art dans des endroits où il n’y a pas de centre culturel. Nous [Culture Trois-Rivières] avons une volonté de sortir du centre-ville pour s’étaler sur tout le territoire.»
Élève de l’école primaire alternative de l’Énergie en plein processus de création de la murale 1901 Avenue Shawinigan © Instants
Quand la murale prend la couleur de la médiation
Chez Culture Shawinigan, le même désir de décloisonner l’art et de créer du beau y est, mais avec une tout autre teinte. Stéphanie Gamache, coordonnatrice à la médiation, me dit d’emblée à quel point l’art de la murale est accessible, d’où son soutien par des fonds municipaux de vitalisation. Mais c’est avant tout en réaction à l’absence d’importance accordée aux arts pendant la pandémie que la nécessité de créer des murales s’est imposée : «Ce n’est pas vrai que l’art ne sera pas une priorité, qu’on va arrêter d’avoir de la culture vivante.»
À Shawinigan, les astres étaient alignés. Financement, organismes, artistes, communauté, tous ont répondu présents pour mettre en place la création de murales. Et au-delà des considérations artistiques et esthétiques, il y a le désir de médiation qui vient colorer le projet. «Oui, ça aide à revitaliser des murs abîmés et des quartiers qui en ont bien besoin, mais ça redonne aussi un sentiment de fierté aux gens.» C’est en quelque sorte une façon de crier haut et fort qui nous sommes.
« Chacun se nourrit du processus et du résultat, autant l’artiste que la communauté. On affiche le style de l’artiste et le style des citoyens. »
Les artistes Roxanne Lacourcière et Myriam Fauteux devant la murale Sœurs réalisée dans le quartier St-Marc à Shawinigan © Emilie Duchesne
Comme chez Culture Trois-Rivières, on exprime un désir de récurrence ainsi que celui de sortir du centre-ville pour s’approprier un plus grand territoire. Colorer autant Shawinigan-Sud et Grand-Mère que St-Gérard-des-Laurentides. À Shawinigan, ce ne sont pas les murs qui manquent! Stéphanie termine avec conviction : «On est fier de nos artistes. On veut que les citoyens comprennent c’est quoi la culture et avoir un milieu riche, avec nos artistes locaux.»
L’art de la murale et son récent développement dans la région vous fascinent autant que nous? On vous invite à consulter notre dossier complet sur le sujet juste ici.