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- Félix Michaud : interpréter les lieux
Il aurait voulu être architecte. Il a étudié la photo. Et au fil de son parcours, tout a finalement convergé. Le photographe d’architecture Félix Michaud glisse dans le bain révélateur de DICI.
Photographe d’architecture et d’intérieur, Félix Michaud partage son temps entre Montréal et Trois-Rivières. © Martin Côté
Faire converger les passions
« Nos passions et nos intérêts peuvent converger en un certain point. C’est ce qui s’est produit pour moi », raconte le photographe qui pratique depuis 2005. Il est entré dans la photographie de bâtiment par le truchement de la photographie immobilière, avec l’objectif de se diriger vers l’architecture assez rapidement. Il a débuté en tendant quelques perches à des designers de la région, puis, de fil en aiguille, il en est venu à travailler exclusivement pour des firmes d’architecture. « De l’extérieur, ça me semblait un monde un peu inaccessible. Mais le portfolio s’est construit… et la confiance aussi », souligne Félix Michaud.
Récipiendaire de plusieurs prix, il a vu ses clichés être publiés entre les pages de magazines prestigieux tels que Dwell, Wallpaper*, Dezeen, ArchDaily, M-mode, Design Milk et Minimalissimo.
Celui qui magnifie les lieux n’en habite pas qu’un seul : il partage son temps entre Trois-Rivières et Montréal. Si la photographie d’architecture n’est pas ce qui l’ancre dans la région, il ne remise pas son appareil pour autant lorsqu’il y est. Il appuie alors sur le déclencheur pour des artistes ou des organisations culturelles, comme la Biennale nationale de sculpture contemporaine. « C’est important pour moi de rester présent et impliqué ici. Je cohabite avec ces gens, et on a des intérêts communs pour les arts. »
Pavillon Pierre-Lassonde du Musée national des beaux-arts du Québec à Québec. © Félix Michaud
« Lorsqu’on parcourt un espace comme utilisateur, il y a plusieurs sens impliqués. C’est cette expérience que j’essaie de transmettre sur une photo, en trouvant le bon angle, le bon objectif. »
Musée national suisse à Zurich. © Félix Michaud
Lumière sur les lieux
Félix Michaud propose des clichés souvent minimalistes, préférant dévoiler ses sujets par fragments, sans chercher à tout révéler. Il offre une interprétation intime des lieux photographiés.
Ce qui l’intéresse, c’est de transposer l’expérience vécue et le ressenti sur place. « Il faut regarder l’espace et ses particularités. Lorsqu’on parcourt un espace comme utilisateur, il y a plusieurs sens impliqués. C’est cette expérience que j’essaie de transmettre sur une photo, en trouvant le bon angle, le bon objectif. Par exemple, si je veux rendre une impression de hauteur, je ne peux pas utiliser un très grand angle, car ça va distortionner l’espace, le rendre irréel. »
Si les cadrages ne sont pas prédéterminés, il y a tout de même un travail de recherche réalisé en amont. « J’aime voir des images et parler aux architectes le plus possible pour me faire un portrait des lieux. Ça me donne l’impression d’être en territoire familier. J’aime connaître les intentions de l’architecte et de son client, sans que ça m’empêche d’explorer le lieu à ma façon. »
Une démarche qui demande de la patience et du temps. « J’essaie toujours de passer 24 heures sur le lieu. J’ai envie d’être témoin d’un cycle complet de lumière, voir comment elle agit sur l’espace, comment elle voyage dans la maison. Il y a de merveilleuses ambiances à capter très tôt le matin, ou juste après le coucher du soleil. Tout est plus calme. Il y a des choses superbes qui émanent de ça. Et moi je suis là, à l’affût avec ma caméra. »
© Félix Michaud
Félix Michaud propose des clichés souvent minimalistes, préférant dévoiler ses sujets par fragments, sans chercher à tout révéler. Il offre une interprétation intime des lieux photographiés. © Félix Michaud
Regarder ailleurs : 3 lieux qui interpellent Félix Michaud dans la région
Quels lieux aimerait-il particulièrement voir à travers sa lentille? C’est une question qui lui a été posée lors de la conférence Creative Morning Trois-Rivières en mars dernier. Il aurait aisément pu répondre le dôme des Ursulines ou l’Église St. James. Mais il préfère surtout regarder ailleurs. « J’aime trouver le beau dans l’ordinaire, et même dans le rejeté. » L’équipe de DICI a souhaité savoir ce qui l’interpelle en ce moment.
1. Le bâtiment de Bell
Adresse : 925 rue Saint-Prosper, Trois-Rivières
« Ce building est en grand manque d’amour. Je crois qu’il serait difficile pour quiconque de le trouver beau ou intéressant. C’est un immeuble qui me fascine (surtout par son incongruité) et dans lequel je vois un potentiel photographique intéressant. Et à travers la photographie, je peux trouver une façon de le rendre intéressant, je peux révéler sa beauté. »
Voir2. Le centre administratif Bonaventure du CIUSSS-MCQ
Adresse : 550 rue Bonaventure, Trois-Rivières
« C’est le bâtiment en face de l’ancien bistro. Il est en béton, ligné verticalement. Je le trouve très beau. »
Voir3. Le Mausolée des Évêques-de-Trois-Rivières situé au cimetière Saint-Michel
Adresse : 3400 Bd des Forges, Trois-Rivières
« C’est un bâtiment des années 1960 au centre du cimetière. À mon avis, il y a là des angles à exploiter, surtout si on s’en approche et qu’on l’explore plus en détail. Qu’on regarde comment la lumière fait vivre le bâtiment et ses formes. C’est magnifique. »
VoirPour en savoir davantage sur le travail de Félix Michaud, consultez son site web. Si jamais vous êtes de passage en Ontario cet automne, sachez qu’il participe à l’exposition Memories of the Mountain au Visual Arts Centre de Clarington du 28 septembre au 15 décembre.