13 mars 2025

Conduite de Sébastien Goyette Cournoyer : déconstruire les codes de la masculinité, une voiture à la fois

Par Caroline Ruest

Contenu créé en partenariat avec Culture Trois-Rivières

Lundi matin, 9 h. En me connectant, un sourire avenant apparaît sur mon écran. Je rencontre Sébastien Goyette Cournoyer pour la première fois. Artiste et travailleur culturel, une chaleur humaine réconfortante émane de sa personne. Ensemble, nous échangeons sur son exposition Conduite, présentée en collaboration avec Culture Trois-Rivières à l’Espace Pauline-Julien. Retour sur notre entretien fort sympathique où nous avons jasé de char, de société et de masculinité.

Bien que Sébastien Goyette Cournoyer réside maintenant à Montréal, son projet artistique s’est matérialisé pendant qu’il habitait à Trois-Rivières. Les collaborations qu’il a su développer au fil des ans témoignent de son fort attachement pour la région et les gens créatifs qui s’y trouvent. C’est ainsi que David Leblanc (caméra et montage vidéo), Olivier Ricard (caméra et montage vidéo), Louis-Philippe Cantin (captation et montage sonore) et André Anne Cartier (conception technique) l’ont aidé à concrétiser son installation vidéo qui se veut à la fois critique et humoristique. « Tout ce projet a été fait par passion. C’est assez précieux pour moi. Ça me fait plaisir de faire ça à l’Espace Pauline-Julien, car j’ai un rapport intime avec les lieux culturels de Trois-Rivières. »

La psychologie humaine au cœur de son œuvre

Habité par la psychologie et le comportement humain, Sébastien Goyette Cournoyer puise une certaine inspiration dans la manière dont sa cellule familiale l’a façonné en influençant ses comportements, ses choix ainsi que sa socialisation en tant qu’homme. Issu d’un milieu rural et populaire, l’artiste a grandi dans un environnement où l’on valorisait l’obtention du permis de conduire et la possession d’une voiture ou d’un pick up. Conséquemment, l’automobile est devenue un symbole de virilité et de réussite sociale. Malgré cela, il avoue n’avoir jamais été « un gars de char ». Preuve à l’appui : il devient titulaire d’un permis à vingt-huit ans et n’a actuellement aucune voiture.

S’appuyant sur son parcours personnel pour analyser et déconstruire certains codes de la masculinité, Sébastien Goyette Cournoyer avoue s’être largement interrogé sur le phénomène entourant l’automobile. « J’ai toujours l’impression d’être à côté de la track par rapport à cet objet-là. C’est quoi ce phénomène-là de l’auto? Comment la société s’y prend pour créer ce désir qui nous amène à vouloir acheter cet objet-là? Comment l’auto devient un symbole de virilité [et teinte] nos valeurs? Ce n’est pas seulement en te vendant l’objet, mais le rêve qui vient avec. » Loin de lui l’idée de démoniser cet objet de convoitise par l’entremise de son projet artistique, il aspire plutôt à favoriser l’émergence de réflexions diverses afin d’influencer positivement notre société.

© Éric Massicotte

Un humour rassembleur

« Avec seulement une porte, on est amené à regarder le conducteur. Avoir un focus sur l’attitude du conducteur, sur sa conduite, mais aussi sur sa conduite en société. » Pour Sébastien Goyette Cournoyer, il est primordial que son art soit accessible à un large public pour faire en sorte que tout le monde se sente concerné, d’une manière ou d’une autre, par son message. « L’humour est un bon vecteur pour ça, car on ne va peut-être pas rire pour les mêmes raisons, mais ça va rassembler les gens. » L’artiste affirme sa bienveillance tout en avouant aimer créer une certaine ambiguïté et avoir recours à l’humour pour conscientiser la population. « Je m’attaque à des systèmes et non à des individus et encore moins à des personnes vulnérables. En parlant de ce que moi je vis, j’essaie d’avoir un humour relativement bienveillant. En montrant ses propres failles, on s’ouvre à l’autre. Moi je suis vulnérable, je suis plein de contradictions. J’essaie d’inviter les gens à avoir la même réflexion envers eux-mêmes. »

© Éric Massicotte

Capitalisme et masculinité

Avec son exposition, Sébastien Goyette Cournoyer souhaite que nous ayons davantage conscience des messages véhiculés par la société de consommation dans laquelle nous évoluons pour faire des choix plus volontaires. Également, il « aimerait que les hommes réfléchissent à leurs comportements, pas juste sur la route, mais en général, puis qu’ils se disent dans le fond, ça me correspond-tu vraiment cette attitude-là de domination, de m’imposer sur tout le monde. »

Pour rester à l’affût de ses multiples projets, vous pouvez le suivre sur ses réseaux sociaux ou encore sur son site Internet. Autrement, nous vous invitons à aller voir gratuitement l’exposition Conduite, présentée jusqu’au 25 mai prochain à l’Espace Pauline-Julien.

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