- Accueil
- Magazine
- Arts visuels
- Brûlures abstraites : ce feu qui brûle en chacun·e de nous
Pour Gabriel Mondor, « l’art est fait pour être vécu ». Conséquemment, dès l’hiver 2022, l’artiste en arts visuels met sur pied un plan audacieux où primera l’expérience humaine. C’est avec un sourire chaleureux et une aisance naturelle qu’il m’accueillera pour m’entretenir sur son projet d’envergure. Regard sur l’exposition Brûlures abstraites, présentée jusqu’au 26 janvier à l’Espace Pauline-Julien.
Cinquante toiles. Cinquante acquéreur·ses à travers le Québec. Cinquante enregistrements audios ; témoignages de dialogues collectifs qui auront lieu entre le peintre et les acheteur·ses. Voilà de quoi éveiller la curiosité de celles et ceux à la recherche d’une expérience inusitée. Là où leur expérimentation s’avère encore plus insolite, c’est lorsque l’œuvre est dévoilée à la seule condition qu’elle soit par la suite brûlée. « Pour vivre sa présence, il faut vivre sa transformation. » Autour d’un feu de foyer extérieur se rencontreront des humains de tous horizons où l’art, réduit en un amas de cendres, encouragera la révélation de diverses émotions, de nombreuses confidences et quelques silences, suscitant moult réflexions. À travers son installation, l’artiste nous invite à devenir les témoins silencieux de fragments d’une oralité figée dans le temps et l’espace.
Brûlures abstraites de Gabriel Mondor © Éric Massicotte
Ce qui émerge du deuil
Les grandes idées sont le plus souvent puisées à même notre intimité. Brûlures abstraites n’en fait pas exception. Expérimentant la perte de son aïeul, Gabriel Mondor amorcera une réflexion qui l’incitera à aller à la rencontre de l’autre. Considérer les cendres de son grand-père viendra certes soulever des émotions, mais également nourrir une impulsion créatrice. « Un tas de cendres, intrinsèquement, ça ne vaut rien. C’est une image forte et fascinante. Quand je voyais ces cendres-là, je revivais vingt-sept ans de vie avec cette personne-là. Tellement de choses émergent. L’expérience qu’on a des choses, la valeur qu’on leur accorde, n’est pas nécessairement liée à la valeur monétaire. » De là s’est amorcé un travail de longue haleine, mais ô combien riche sur le plan humain et personnel!
« Un tas de cendres, intrinsèquement, ça ne vaut rien. C’est une image forte et fascinante. Quand je voyais ces cendres-là, je revivais vingt-sept ans de vie avec cette personne-là. Tellement de choses émergent. L’expérience qu’on a des choses, la valeur qu’on leur accorde, n’est pas nécessairement liée à la valeur monétaire. »
Gabriel Mondor
Brûlures abstraites de Gabriel Mondor © Éric Massicotte
Ce qui émerge de l’expérience humaine
« C’est un privilège pour moi de vivre ça. C’est un partage fascinant, une grosse aventure! Au final, l’expérience qui en ressort, c’est de s’ouvrir à l’autre. » Brûlures abstraites est un projet où les conversations qui ont fait l’objet d’enregistrements sont au cœur de l’exposition. Guidé par son intérêt quant à l’interprétation subjective que les individus se font d’une œuvre artistique, Gabriel Mondor a pris soin d’interroger les participant·es non seulement sur leur perception personnelle de la peinture, sur les émotions ressenties lorsque la toile s’embrase, mais également sur la valeur qu’ils et elles attribuent à l’art. De simples questions qui ont fait jaillir des réflexions dont les visiteurs et visiteuses se délecteront. Chose certaine, à travers les divers témoignages, il est possible de constater toute l’importance que les gens accordent à l’art. L’art se veut rassembleur et universel. L’art se veut un lieu de rencontre et de partage alors même qu’il atteste bien souvent d’une sensibilité individuelle. L’art se veut le reflet de l’humanité telle que nous la connaissons.
Jusqu’au 26 janvier 2025, Gabriel Mondor présentera son exposition Brûlures abstraites à l’Espace Pauline-Julien. Si vous désirez prendre part à la dernière phase de cette expérimentation artistique en faisant l’achat d’une toile, nous vous invitons à visiter son site Internet pour tous les détails.