15 novembre 2022

Objectif Terre : De l’Agence spatiale canadienne à la quincaillerie du coin

Par François Désaulniers

La pièce Objectif Terre présentée l’été dernier par Culture Shawinigan sera de retour l’an prochain. Il s’agit d’une production 100 % locale avec des textes et une mise en scène de Bryan Perro, des interprétations de Rémi-Pierre Paquin et Anne Trudel, ainsi que des costumes de Geneviève Desaulniers, des projections et vidéos de Sylvain Robert, une scénographie de Robert Patrick Perreault, des éclairages de Martin Boisclair et de la musique de Jeannot Bournival.

Discussion avec ces trois derniers sur leur fascinante aventure théâtrale.

Après Antarctique solo sur le périple de l’aventurier Frédéric Dion, puis La promesse de la mer racontant la traversée de l’Atlantique par la navigatrice Mylène Paquette, l’équipe de Bryan Perro a levé les yeux vers le ciel pour y suivre l’astronaute canadien David Saint-Jacques. À entendre l’enthousiasme de Robert Patrick, Martin et Jeannot, on a envie d’en savoir plus sur la genèse de ce spectacle.

Rémi-Pierre Paquin et Anne Trudel © Instants

La joie des réunions de production

Il aura fallu une année et demie pour concevoir cette troisième pièce de théâtre documentaire. «Mon plaisir, c’est les réunions de production», annonce Jeannot. «Voir Bryan aller chercher la création de chacun. […] On fait un tour de table. On showcase notre affaire… Chacun arrive avec sa nouvelle trouvaille. Je trouve ça vraiment beau de voir l’intelligence créative de chacun. Tout le monde a son propre show là-dedans», explique-t-il devant ses collègues qui acquiescent. «Une fois la première terminée, les autres représentations ne sont plus à nous. Elles sont aux comédiens et au public», ajoute Robert Patrick.

Anne Trudel et Rémi-Pierre Paquin © Instants

Shawinigan, we’ve got a problem…

Même pour cette équipe aguerrie qui a mené plusieurs autres projets, les défis artistiques et techniques sont nombreux. D’autant plus que l’Agence spatiale canadienne elle-même doit valider le réalisme de leur proposition. Que ce soit «Geneviève qui bricole un accessoire de la station spatiale avec un cossin trouvé chez Canadian Tire pis une cannette de peinture» ou Robert Patrick qui fait léviter Rémi-Pierre, le résultat doit être crédible.

Il aura d’ailleurs fallu une tonne de recherche et de prototypage pour inventer un mécanisme simulant, de manière sécuritaire, la danse antigravitationnelle. Quelle est la meilleure méthode pour «créer une force»? Quel alliage métallique utiliser pour résister au poids de l’acteur? Au-delà d’un véritable travail d’ingénierie, pour réussir ses «tours de magie» et façonner «un bonbon visuel», Robert Patrick doit faire appel à ses comparses. Les éclairages de Martin font ainsi disparaître certains câbles pendant que la musique de Jeannot camoufle «un bruit de winch de quatre-roues».

Rémi-Pierre Paquin © Instants

Un Casio intersidéral

Pour chacun de ses nouveaux projets, Jeannot aime se choisir un «jouet» différent dont les contraintes l’inspirent et stimulent son imagination. Quoique le musicien ait accès à une panoplie d’outils de grande qualité, cette fois-ci, il a décidé d’embrasser les limites d’un synthétiseur d’époque, un «Casio à 20 $» repêché sur internet. Un instrument parfait pour illustrer le côté «ludique, cartoon, Star Trek, Bob Morane» de la première partie.

Si les propositions de Jeannot et Robert Patrick arrivent en début de processus, le travail d’éclairage de Martin, lui, se cristallise en fin de parcours. Pour réussir à définir l’espace sur scène et en peaufiner les ambiances, Martin doit connaître le texte, la scénographie, la musique, mais aussi le jeu des comédiens. «Comment Rémi-Pierre va-t-il livrer la réplique? D’une manière énergique, fâchée ou introspective? […] Assis sur le bord de la scène ou debout sur un bloc? Je vais devoir changer mon éclairage pour appuyer ce qu’il dit.»

Objectif tournée

D’abord créés pour la Maison de la culture Francis-Brisson, tous les éléments de cette production sont conçus pour être facilement accueillis dans différentes salles de la province par des équipes techniques qui prendront jusqu’à deux jours pour les mettre en place. Les créateurs d’Objectif Terre n’ont toutefois pas terminé leur travail puisqu’ils seront consultés tout au long de la tournée. Ils devront ainsi trouver des solutions pour adapter le spectacle à une salle plus modeste ou à une autre excessivement grande, tout en permettant de faire vivre la même émotion à chaque personne du public.

Si vous n’avez pas encore eu la chance de vivre l’expérience Objectif Terre, le décompte est commencé. Vous avez jusqu’au 12 août 2023 pour y assister.

Pour vous procurer un billet, c’est par ici.

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