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- Les P’tites Germaines : Chanter pour « détaboutiser » la sexualité
Lorsque nous les écoutons débattre d’une question, nous pourrions aisément présumer que Julie Cossette et Caroline Clément sont diamétralement opposées dans leur manière d’être, de vivre et de concevoir l’art.
En réalité, ce duo de choc s’avère foncièrement complémentaire. Se démarquant dans le paysage musical mauricien par leur féminité assumée, leur force tranquille et leur humour salace, Les P’tites Germaines ont pour mission d’éduquer leur public dans le plaisir, une chanson à la fois. Retour sur notre entretien haut en couleur!
Fier de leurs compositions aux accents folk, ce groupe a connu quelques transformations depuis sa première prestation en 2019, mais a toujours eu pour ambition de sensibiliser son auditoire à une sexualité plus égalitaire et sans tabous. Traitant librement du plaisir féminin, chacune de leurs chansons aborde une thématique particulière dans le but de susciter moult réflexions. Parfois crues, voire vulgaires, Julie et Caroline éprouvent un réel enthousiasme à être sur scène, et cela se ressent.
Autrice, compositrice, interprète et multi-instrumentiste, Julie (à gauche) est également mère et enseignante, notamment en éducation à la sexualité. © Christine Berthiaume
Julie, l’extravertie, celle qui n’a pas froid aux yeux
Autrice, compositrice, interprète et multi-instrumentiste, Julie est également mère et enseignante, notamment en éducation à la sexualité. « Ces chansons-là sont nées de mon amour pour des bands comme Québec Redneck, Orloge Simard et Mononc’Serge. » Puisant son inspiration au sein de ces groupes musicaux, Julie en est venue à la conclusion que ces artistes n’abordaient que des réalités masculines. Motivée à faire évoluer la scène musicale au Québec, elle s’armera donc de sa plume pour composer. « Quand j’ai commencé à écrire, je n’étais pas capable de ne pas dénoncer des choses […] j’avais un message différent à livrer. » De là est née sa première chanson Oh, maman!, composition la plus puissante encore à ce jour selon elle.
Par l’entremise d’amis communs, Julie a fait la connaissance de Caroline, celle qui deviendra sa complice de tous les instants. « J’ai aimé le professionnalisme de Caroline […] et le fait de travailler avec une femme m’attirait beaucoup. » Pour recruter son acolyte, Julie a dû faire preuve de patience et de persévérance.
« On est dans une approche humoristique, mais pédagogique. La musique est un vecteur de communication excellent. »
Les P’tites Germaines
Interprète, pianiste et percussionniste, Caroline (à droite) est aussi mère et mairesse de Grandes-Piles. © Christine Berthiaume
Caroline, l’éclectique, celle aux multiples facettes
Interprète, pianiste et percussionniste, Caroline est aussi mère et mairesse de Grandes-Piles. Il y a encore quelques années, Caroline était plutôt timide. Elle lisait les textes de Julie et avoue humblement qu’elle « ne se voyait pas chanter ça sur scène. » Parlant naturellement peu de sexualité, elle « ne sentait pas l’importance d’aborder le sujet. » Regarder ses enfants grandir et évoluer l’a toutefois amenée à tranquillement reconsidérer la question. C’est sans contredit lorsqu’elle a entendu Julie interpréter Oh, maman! accompagnée seulement de sa guitare qu’elle a fait le grand saut. « Si je dis non à ça, c’est terminé, je vais le regretter toute ma vie! » Cette quatrième approche fut alors concluante pour Julie et Caroline. À partir de ce moment, Caroline a su imposer sa vision théâtrale d’un spectacle. Pour elle, « il est important de forger un show comme si c’était une pièce de théâtre. » Elles ont donc peaufiné la mise en scène afin qu’elle « soit aussi forte que les tounes. »
Ainsi s’est formé le groupe, maintenant accompagné de musiciens talentueux (Mathieu Gélinas, Daniel Lemay et Grégoire Brière) et de Véronique Boucher à la mise en scène.
Aspirations et projets futurs pour Les P’tites Germaines
Concernant la poursuite de leur démarche artistique, elles caressent entre autres le désir de chanter dans les écoles secondaires afin de sensibiliser les adolescent·es sur des sujets de première importance tels que l’estime et la confiance en soi, le consentement et les limites personnelles. « On est dans une approche humoristique, mais pédagogique. La musique est un vecteur de communication excellent. » Leur idéal dans un avenir rapproché : produire un album tout en « continuant d’évoluer et de dénoncer les tabous. » Dans cette optique, nous ne pouvons que leur souhaiter le meilleur.
Cet article a suscité votre curiosité? Sachez qu’il est actuellement possible de se procurer leur EP En famille paru le 15 février 2022 juste ici. Autrement, nous vous invitons à assister à leur prestation tout à fait gratuitement lors du FestiVoix de Trois-Rivières le 6 juillet prochain.
Pour rester à l’affut de leurs spectacles à venir, nous vous invitons à les suivre sur leur page Facebook. Sur ce, bonne écoute!