11 février 2025

Dans les coulisses du prochain album de Perséide

Par François Désaulniers

Louis-Philippe Cantin arrive d’une journée au complexe de création musicale Le Pantoum à Québec. Il me rejoint au café Lewis de Trois-Rivières. Dos au fleuve, je l’écoute me parler du prochain album de son groupe. Depuis le premier spectacle de Perséide aux Mardis de la Relève, ça fait maintenant huit ans que le projet de musique psychédélique fait son chemin. Aujourd’hui, le quintette réunit Louis-Philippe (textes, guitare et voix), Olivier Durand (guitare), Samuel Milette (basse), Adrien Lauture (batterie), Nicolas Poirier (claviers) ainsi que plusieurs invité·es.

La vie est un jeu vidéo

Après avoir fait un peu de rattrapage, Louis-Philippe me confie que le début de la trentaine l’a frappé (et inspiré) :

« Je me suis beaucoup cherché professionnellement. Présentement, je suis dans une deuxième maîtrise. J’ai étudié et travaillé en sonorisation, en traduction, comme rédacteur, professeur… J’ai exploré plein, plein d’affaires. T’sais, c’est difficile de souvent changer de chapeau, d’accepter les répercussions de mes choix marginaux de la vingtaine, pis de voir les gens autour de toi s’épanouir, s’acheter une maison, fonder une famille. […] Les gars m’ont dit : “C’est parce que tu cherches tout le temps un passage secret, un code de triche comme dans un jeu vidéo.” C’est vrai. Chercher la flûte dans Mario Bros. pour changer de monde, c’est mon genre. »

Ainsi, sur le nouvel album, le thème de l’errance sera accompagné d’un questionnement philosophique sur la liberté. Comment parvenir à être réellement libre? La quête se déroule dans cet univers psychédélique unique exploré par le groupe depuis le début de son aventure. À partir de racines ancrées dans la forêt et le territoire mauriciens, Perséide construit un pont vers le spirituel et le magique. Il faut dire que Cantin est un amateur de Tolkien, de fantasy et de mythologie.

« Les gars m’ont dit : « C’est parce que tu cherches tout le temps un passage secret, un code de triche comme dans un jeu vidéo. » C’est vrai. Chercher la flûte dans Mario Bros. pour changer de monde, c’est mon genre. »

Louis-Philippe Cantin, leader du groupe

De gauche à droite : Olivier Durand (guitare), Samuel Milette (basse), Louis-Philippe (textes, guitare et voix), Adrien Lauture (batterie), Nicolas Poirier (claviers) © Camille Gladu-Drouin

Psychédélifolklorique

Au début de Perséide, Louis-Philippe jouait beaucoup de sitar, à la manière des groupes anglais des années 60 eux-mêmes influencés par la musique indienne. Le raga rock, issu du rock psychédélique, a été fondateur pour le projet. « Pour moi, le folklore et le psychédélisme sont liés. Cette musique orientale là que nous autres on trouve buzzée comme occidentaux, c’est de la musique folklorique. » Il trouve que dans la musique traditionnelle québécoise, on utilise également des notes maintenues ou répétées (drones ou bourdons, en français) suscitant un état méditatif. Par exemple, avec la vielle à roue. Son expérience en tant que technicien au Studio Pantouf de Jeannot Bournival à Saint-Élie-de-Caxton semble avoir nourri sa connaissance et son amour du trad.

Si l’énergie ensoleillée de l’album précédent, Les couleurs d’été faisait plisser des yeux et taper du pied, celui-ci prendra un tournant folk plus doux. On peut y entendre de la guitare acoustique sur la majorité des chansons, dont une qui se révèle même « country pur et dur ». Le parolier s’est exercé à l’art des « textes simples » avec des chansons de durée moins longue. Il y a une cassure. Pour la première fois, Louis-Philippe parle d’un album de chanson, mentionnant également le mythique album Rêver mieux de Daniel Bélanger, lui-même influencé par le groupe français Air.

Au fil de notre conversation qui se terminera dans les rues enneigées du centre-ville, on continue de parler de ses influences passées, récentes, obscures ou connues, de l’importance de la communauté d’ici, de ses comparses du groupe, de ses amitiés avec d’autres musiciens menant à de belles collaborations, des joies du mixage, d’équipement et d’instruments, des projections présentées lors de leurs spectacles, de la pochette de l’album en travail, puis de notre travail commun d’artiste-rédacteur pour DICI. Justement…

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Le groupe Perséide était récemment de passage dans les studios du Pantoum, à Québec, afin d’enregistrer leur plus récent album à venir. © Chloé Rousseau

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Pour en arriver à créer leur prochain album, il aura fallu au groupe plusieurs jours d’enregistrement. © Chloé Rousseau

Liliane et le huard enchanté

Louis-Philippe me parle de son article sur Liliane Pellerin où elle décrit sa rencontre avec un huard protégeant ses œufs d’un aigle au Lac Clair. Il me raconte qu’en faisant du kayak au même endroit, il est tombé sur l’oiseau dans son nid. Encore sous le choc de son intense face-à-face avec l’oiseau, il voit soudainement « des bras sortir de l’eau, puis une silhouette se dessiner comme un genre de sirène ou de dryade ». Liliane, qui traversait alors le lac à la nage, venait d’apparaître pour boucler la boucle. « Je sais pas c’est quoi le prochain épisode dans cette histoire-là, mais je pense que ça serait important que tu le mettes dans ton article pour qu’on sache c’est quoi la suite. Je pense que ça créerait un petit narratif. »

Tout à fait. Merci Louis-Philippe.

Pour être informé·es des prochaines dates de spectacles et de la date de sortie du prochain album de Perséide, c’est par ici!

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