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- Dans les coulisses de la création avec Alexandre Dostie
Une onde de choc s’apprête à tomber sur le Québec alors que le poète et cinéaste trifluvien Alexandre Dostie travaille à la création de sa première pièce de théâtre, Kiki et la colère. Curieuse d’en apprendre davantage sur son processus créatif, j’ai été à sa rencontre.
Avec de nombreux projets variés et aucun défi trop grand pour lui, Dostie a porté, pour cet article, le chapeau de dramaturge. Kiki et la colère, c’est sa première pièce de théâtre : un défi relevé avec brio entouré des comédien·es Francis La Haye, Noémie O’Farrell et Tommy Joubert, ainsi que de Sébastien David – assisté d’Erika Maheu-Chapman – à la mise en scène.
Qui est Kiki?
Kiki, c’est un oiseau. La colère, c’est tout le reste. L’histoire, c’est celle d’un homme qui perd son cockatiel, son oiseau domestique, future mascotte de son animalerie devant ouvrir le lendemain. Il part à sa recherche et le trouve dans un arbre : « Plus il monte, plus il sombre dans sa colère, plus il perd contact avec la réalité. »
La pièce traite de pauvreté, d’amour, mais surtout, de colère : « C’était un désir d’explorer ce sentiment-là, la colère. J’ai essayé de faire une plongée plus en profondeur autour de cette émotion-là, dans le but de comprendre à quoi elle sert, c’est quoi ses origines. »
On retrouve ainsi l’histoire d’un homme aux prises avec sa colère, le dialogue qu’il entretient avec cette émotion, sa portée, ses débordements, mais aussi — parfois — la douceur inattendue, presque contradictoire, qui peut l’accompagner.
« Une pièce de théâtre, c’est extrême! Il faut que tout le monde retienne son texte, c’est une chorégraphie, c’est du timing… C’est une expérience de haute voltige. »
Répétition de Kiki et la colère. © Gracieuseté d’Alexandre Dostie
Une première!
Aussi surprenant cela puisse-t-il être, c’est la première fois qu’Alexandre Dostie écrit du théâtre : « C’est ma première pièce de théâtre et ça m’a vraiment fait du bien de découvrir ce médium-là! Le cinéma c’est tellement une écriture chirurgicale, il y a tellement d’étapes : ça demande de l’énergie, de l’argent, du temps… Au théâtre, j’écris et j’imagine la scène : je peux jouer le spectacle tout de suite, on peut le faire vivre. Au cinéma, ça passe par la caméra, le son, le montage… »
Dostie me confie que l’écriture d’une pièce se rapproche, selon lui, bien davantage de la réalité qui se jouera sur scène que de celle transposée à l’écran au cinéma : « Au théâtre, le texte est là, on a deux bons acteurs et on peut déjà vivre quelque chose. » Lors de l’écriture, il se projetait avant tout dans le jeu des comédiens et l’émotion à transmettre, plutôt que dans les multiples étapes techniques qu’impose le cinéma. Pour lui, c’est une expérience brute, immédiate.
Alexandre est tombé amoureux du médium théâtral et nourrit le désir d’y replonger un jour. Il me parle avec enthousiasme de ce qu’il perçoit comme la dimension organique, vivante, presque brute du théâtre — une expérience qu’il distingue clairement de celle du cinéma : « J’ai tellement aimé ça, écrire du théâtre! Avec le théâtre, il y a une libération de la parole par le dialogue, ça m’a vraiment fait du bien. »
« Je me reconnais là-dedans, je suis un peu le personnage de Franky, quelque part. Et j’ai cherché à comprendre : est-ce qu’on peut l’épuiser, cette colère-là? Est-ce possible de briser le cycle de cette violence-là? »
Répétition de Kiki et la colère. © Gracieuseté d’Alexandre Dostie
Trois-Rivières sur les planches
Au-delà de la colère — émotion récurrente dans l’œuvre d’Alexandre Dostie et écho direct à son vécu personnel — la pièce puise également son inspiration dans le quartier Sainte-Cécile, où il a résidé pendant plusieurs années. Ce territoire, qu’il a souvent exploré, notamment dans sa websérie Sainte-Cécile (2010), imprègne l’univers de la pièce. Quant à l’histoire de l’homme et de l’oiseau, elle s’inspire en partie d’une scène quotidienne à laquelle Dostie a assisté en direct de l’ancien quartier ouvrier.
Cette faune trifluvienne, on la retrouve également sur scène avec la présence de Tommy Joubert, lui aussi originaire de Trois-Rivières, qui retrouve ici Dostie pour une nouvelle collaboration : « Tommy et moi on a déjà joué ensemble, on a fait de l’impro à la LIM et on a même gagné une coupe! C’est un artiste que je trouve particulièrement talentueux et acharné! »
Envie de voir Kiki et la colère d’Alexandre Dostie? Sachez que les billets sont présentement en vente sur le site du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui. Faites vite avant qu’ils ne s’envolent!