Marie-Ève Lafontaine : tisseuse de liens contemporains

D’année en année, Marie-Ève Lafontaine passe ses vacances estivales dans un chalet familial, à Saint-Mathieu-du-Parc, où se fabriquent des souvenirs en tous genres. Jeune, elle danse pour le plaisir. Ce qui n’était alors qu’un loisir gagnera en importance, si bien qu’elle s’en fixera un objectif de carrière. Pour y parvenir, elle sera dans l’obligation de quitter la région afin d’intégrer l’École de danse contemporaine de Montréal. Interprète en danse pendant ses études, Marie-Ève Lafontaine décrochera des contrats dès sa graduation, en 2009, développant son expertise en tant qu’interprète, enseignante et chorégraphe. C’est ainsi qu’elle sera amenée à travailler auprès de compagnies prestigieuses. « J’ai eu la chance de rencontrer tellement de gens dans ma carrière d’interprète et de chorégraphe. J’ai voyagé énormément et fait beaucoup de tournées. J’ai aussi formé plusieurs danseurs. Quand j’ai eu ma fille, je me suis calmée. Ce n’est pas évident la vie de tournée. J’ai eu la chance d’avoir une magnifique carrière, j’ai travaillé énormément pour toutes sortes de compagnies avec des répertoires hyper différents, mais malgré ça, j’avais toujours l’impression d’être sur un siège éjectable. »

Retourner chez soi

« J’avais envie de revenir dans ma région, mais c’était un gros saut dans le vide. » Pendant que Marie-Ève Lafontaine développait sa carrière à Montréal, elle réapparaissait tous les étés pour travailler à la Cité de l’énergie ou au Festival International DANSEncore, entretenant ses liens avec le milieu culturel d’ici. En 2023, elle est revenue chez elle, riche d’un bagage qu’elle avait le désir de partager avec les gens de la région. « Parce qu’il y a très peu de danse contemporaine de création dans les régions, j’ai décidé de revenir m’installer avec ma famille ici, en Mauricie, à Saint-Mathieu-du-Parc. Quand je suis arrivée en Mauricie, pour la première fois de ma vie, j’avais l’impression d’avoir ma place. Ça, ça n’a pas de prix. »

Un peu moins d’un an après son retour, la création de [SlowReWind] lui a occasionné quelques défis, si bien qu’elle s’est découvert un nouvel élan. « Je me suis donné le défi de voir si je pouvais générer de l’emploi et faire mes projets ici. » De là est née l’Arantèle , la seule compagnie de danse professionnelle sur tout le territoire de la Mauricie.

Les liens qui nous unissent

Avec l’Arantèle, Marie-Ève Lafontaine a eu envie d’instiguer une rencontre entre la danse contemporaine et la communauté. « Fondée en 2024, la compagnie crée, produit et tisse des liens afin de faire rayonner la danse contemporaine en Mauricie. Dans ma manière de travailler comme chorégraphe, enseignante ou interprète, je tisse des liens, que ce soit entre les collaborateurs, entre un mouvement et l’autre, entre les personnes, entre les concepts même. Comme une toile d’araignée, je tisse ma toile et m’adapte aux lieux. Ça rejoint mon lien avec la Mauricie, la création et la médiation. »

L’importance de la rencontre

Marie-Ève Lafontaine perçoit la médiation culturelle comme un élément primordial pour créer la rencontre entre la danse contemporaine et la communauté. Elle considère qu’elle s’avère également un moyen essentiel pour rendre ses créations plus riches. « Ça m’enrichit énormément, autant dans mes performances que dans ma manière d’enseigner ou dans mes inspirations chorégraphiques. Tout le monde peut danser et tout le monde peut apprécier la danse. Notre appréciation a une valeur, qu’on aime ou non ce que l’on voit. J’essaie d’introduire ça dans mes rencontres de médiation culturelle. »

Aujourd’hui, Marie-Ève Lafontaine se réalise moins à travers l’interprétation, mais davantage par la création et l’enseignement. Il sera toutefois possible de la voir performer lors de son prochain spectacle SoLOW qui sera présenté au courant de l’été.